Les particules fines, en plus d'être cancérigènes, sont-elles responsables de dérèglements du raisonnement ? A écouter les responsables politiques de tous bords, en ce week-end de pollution à Paris, on pouvait se poser la question. Petite revue des intox et approximations des uns et des autres, et de nos vérifications.
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1. Oui, les particules fines sont cancérigènes
Commençons par le plus énorme : le candidat du Front National (FN), Wallerand de Saint-Just, n'hésitait pas, lundi 17 mars, à estimer que « les écolos-gauchistes d'#AirParif » allaient « nous emmerder », alors que, toujours selon M. de Saint-Just, « les experts ne sont pas d'accord entre eux quant à la réalité de l'impact sanitaire des particules fines ».
COMPLÈTEMENT FAUX
Autant d'intox : AirParif existe depuis 1979, compte dans son conseil d'administration des industriels et se contente de mesurer la pollution, avec des critères scientifiques, qui ne bougent pas en fonction de l'actualité politique. Autantaccuser Météo France de faire des prévisions biaisées politiquement. Quant aux particules fines, elles sont bien cancérigènes, selon plus d'un millier d'études, françaises, américaines ou européennes.
Lire notre vérification : Pollution, les inventions du candidat FN à Paris
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2. Il est faux de dire que l'air de Paris n'a « jamais été si pur »
FAUX
Autre énormité, venant cette fois du patron de l'association « 40 millions d'automobilistes », Pierre Chasseray : « la qualité de l'air n'a jamais été aussi bonne qu'aujourd'hui », affirmait-il sur Twitter ce week-end.
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Un argument aussi facile et provocateur qu'erroné : ce qui a diminué en dix ans, ce sont les émissions de particules, du fait de nouvelles normes sur les véhicules et l'industrie. Précisément, elles ont baissé de 51 %. Mais la concentration de particules, elle, ne baisse pas vraiment, voire augmente. Donc non, l'air n'est absolument pas « plus pur » qu'il y a dix ans.
Lire nos explications : Tout comprendre de la pollution aux particules fines
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3. Non, la mairie de Paris n'a pas toujours été hostile aux bus diesel
AMNÉSIE
Le nuage de pollution a aussi servi d'argument de campagne. C'est ainsi qu'Anne Hidalgo a déclenché une tempête dans son camp en fustigeant ses alliés écologistes, accusés d'avoir fait voter une résolution au Syndicat des transportsd'Ile-de-France (STIF) validant l'achat de bus diesel fin 2013.
La réalité est un peu plus complexe : si les élus socialistes n'ont pas voté cette résolution en décembre 2013, ils l'avaient en revanche clairement soutenue quelques mois plus tôt, lorsque les contrats ont été validés, expliquant qu'il n'y avait pas vraiment le choix, et que mieux valait du diesel récent que du diesel ancien.
Lire notre vérification : La mémoire sélective d'Hidalgo sur les bus diesel
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4. Non, Sarkozy n'est pas responsable de l'achat devoitures diesel
FAUX
Mais même les écologistes n'ont pas toujours les idées claires. Ainsi, François de Rugy, coprésident du groupe écologiste à l'Assemblée, a-t-il accusé... Nicolas Sarkozy. Ou plus précisément, la prime à la casse de « Sarkozy, Borloo, NKM »d'avoir « orienté les acheteurs vers de petites voitures diesel sans obligation de filtre à particules ».
Et une fois encore... C'est faux. Déjà car les filtres à particules ne sont obligatoires que depuis 2011, soit après la fin de la « prime à la casse », décidée en 2009, au plus fort de la crise. Ensuite, car les statistiques montrent justement que ce sont les voitures à essence qui ont le plus bénéficié de la prime
Lire notre vérification : La prime à la casse n'a pas favorisé le diesel