• <article class="article-box top-line " data-url="/france/2015/11/22/non-michel-onfray-le-monde-musulman-n-est-pas-daech_1415293" itemscope="" itemtype="http://schema.org/NewsArticle">
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    Par Laurent Joffrin

    Non, Michel Onfray, le monde musulman n’est pas Daech

    Par <time datetime="2015-11-22T17:00:57" itemprop="datePublished">22 novembre 2015 à 17:00   lien </time>
     
    Michel Onfray en 2010.
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    <figure class="article-image article-header-image" itemprop="image" itemscope="" itemtype="http://schema.org/ImageObject"> <figcaption class="read-left-padding caption" itemprop="description"> Michel Onfray en 2010. Photo Charly Triballeau. AFP

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    Dans une interview au «Point», le philosophe explique que les attentats de Paris sont une réponse de la communauté musulmane planétaire à l’Occident qui lui a déclaré la guerre.

    Ceux qui accordaient encore un peu de crédit aux thèses politiques de Michel Onfray liront avec profit l’entretien qu’il a donné au Point à propos des attentats du 13 novembre. Pour avoir réfuté ses vues sur l’immigration, on avait été accusé d’empêcher le débat par des anathèmes (ce qui était notoirement faux, puisque le numéro de Libé consacré aux déclarations d’Onfray était justement précis et argumenté et que personne n’y a répondu sérieusement depuis). Cette fois, la déclaration du philosophe parle d’elle-même : on a rarement vu dans le même texte autant d’erreurs factuelles, d’embardées géopolitiques et, finalement, autant de légèreté intellectuelle. Onfray accuse les démocraties d’être les vraies responsables des attentats. Voilà où nous mènent les faux penseurs qui croient qu’en accusant rituellement le «politiquement correct», on gagne aussitôt un brevet de lucidité…

    A lire aussi : En réponse à Michel Onfray

    L’entretien commence par distinguer entre le journaliste qui vit «dans le temps court et l’émotion» et le philosophe «qui vit de réflexion». Pur argument d’autorité, qui ne démontre évidemment rien. Banalité affligeante, aussi, qu’aucun journaliste ne contestera quand il s’agit de vrais philosophes.

    L’ennui, c’est que la suite du texte est proprement consternante par son mépris des faits (que le journaliste s’efforce de respecter, lui) et par les sophismes qui se succèdent en rangs serrés (que le philosophe devrait pourtant éviter). Onfray se place dans les hauteurs de la pensée et relègue ses contradicteurs dans la trivialité de l’instant . Occupé de fulgurantes proclamations, il tombe dans tous les pièges qui s’ouvrent sous les pas de ceux qui marchent la tête dans les nuages de leur propre certitude.

    Un tableau brossé en quelques phrases

    L’agression du 13 novembre, dit-il, «répond à d’autres actes de guerre dont le moment initial est la décision de détruire l’Irak de Saddam Hussein par le clan Bush et ses alliés […]. La France fait partie, depuis le début, hormis l’heureux épisode chiraquien, de la coalition occidentale qui a déclaré la guerre à ces pays musulmans. Irak, Afghanistan, Mali, Libye…» Le Point demande si cette analyse n’est pas une manière de dédouaner les terroristes – chose évidente pour tout lecteur. Non, répond Onfray, qui reproche à la France de «faire la guerre à un peuple qui est celui de la communauté musulmane planétaire, l’oumma […]. Le premier agresseur est occidental […], ajoute-t-il, il s’agit de George Bush.» En quelques phrases mirobolantes et péremptoires, voilà le tableau brossé : l’Occident a attaqué l’islam, l’islam se défend en venant tuer au cœur de Paris. Au fond, c’est tout simple. Les tenants du «politiquement correct» refusent de voir cette réalité que le philosophe, lui, a détectée.

    Quelques rappels factuels, toutefois. La montée géopolitique de l’islamisme n’a pas commencé en Irak mais en Iran, contre le chah, et en Afghanistan contre l’occupation russe avant de se propager dans l’Algérie de la guerre civile. Les Etats-Unis soutenaient le chah (musulman) avant de l’abandonner au profit de ses opposants (musulmans). Ils luttaient aussi, pour contrer l’URSS, aux côtés des insurgés afghans (musulmans, parmi lesquels un certain Ben Laden). La France, enfin, soutenait le gouvernement algérien (musulman) contre le Groupe islamique armé, le GIA (musulman).

    La première guerre d’Irak a été menée par George Bush père pour venir au secours du Koweït (musulman). Il s’agissait de contrer l’agression de Saddam Hussein (musulman), qu’on pouvait difficilement laisser sans réponse, sauf à déstabiliser l’ensemble des pays du Golfe (musulmans) que les Occidentaux estimaient nécessaire de soutenir. La deuxième guerre d’Irak n’a pas été décidée sur un caprice, mais après l’attentat du 11 Septembre, fait essentiel à la compréhension des enchaînements, qu’Onfray s’abstient de rappeler pour qu’on ne voit en rien dans l’action américaine une quelconque réponse à l’agression. La guerre d’Irak, d’ailleurs, ne fut pas la première réplique au 11 Septembre. Elle a été précédée d’une intervention en Afghanistan, dont le régime intégriste abritait les terroristes d’Al-Qaeda (intervention menée avec une coalition de musulmans anti-talibans).

    Au mépris des musulmans humanistes

    La deuxième guerre d’Irak fut, à coup sûr, une tragique erreur fondée sur un mensonge d’Etat. Mais faire remonter l’affrontement avec l’islamisme à ce seul événement (dont la France s’est désolidarisée alors qu’elle est frappée aujourd’hui) est une simplification infantile. On peut contester toutes ces décisions, toutes ces guerres, bien sûr. Mais les présenter comme une simple agression de l’Occident contre l’islam est sommaire et faux. La plupart du temps, il y a des musulmans des deux côtés de la ligne d’affrontement. Manifestement, le philosophe qui «vit de réflexion» est incapable de penser cette complexité.

    Du coup, il reprend de manière naïve et, au fond, dangereusement masochiste, le discours des intégristes, qui ne cessent de présenter leurs crimes comme une réponse à l’agression occidentale. Il fait de Daech – quel honneur ! – le cœur même de l’Oumma, conférant à cette phalange obscurantiste et terroriste le statut de représentant légitime de l’islam dans le monde ! Il avalise aussi bien la dénomination de «croisés» donnée aux Occidentaux par les intégristes. Il le fait au mépris des musulmans humanistes de tous les pays qui se battent courageusement contre l’intégrisme et le terrorisme, et qui sont dissous d’un mot par Onfray dans le concept religieux d’Oumma, base d’une «guerre des civilisations» entre un islam représenté par sa fraction obscurantiste et intégriste et une démocratie soudain réduite à sa composante occidentale (alors que le monde musulman est en partie démocratique : voir l’Indonésie, premier pays musulman du monde, ou bien la Tunisie).

    Ridicule euphémisme

    Avec cette phrase merveilleuse au passage, concession du philosophe à l’air du temps : «La civilisation islamique à laquelle renvoie l’Etat islamique est en effet puritaine.» Puritaine, c’est le mot ! Les intégristes assassins qui interdisent la musique, le sport, qui détruisent Palmyre, décapitent les récalcitrants et ramènent la femme au Moyen-Age sont effectivement un peu «puritains». C’est leur moindre défaut ; des Quakers un peu excessifs en quelque sorte ! Comme le dit Onfray un peu plus haut dans l’entretien : «Commençons par nommer les protagonistes correctement.»

    Ce ridicule euphémisme a d’ailleurs une fonction dans le raisonnement. Diplomate imaginatif, Onfray propose d’ouvrir une négociation directe avec l’Etat islamique. Nous promettrions de ne plus intervenir contre lui en échange d’une mise en sommeil des réseaux terroristes en France. Reconnaître d’un coup Daech comme Etat légitime et proposer aux assassins de s’asseoir autour d’une table (avec ou sans kalachnikov ?), voilà en effet une proposition qui nous sortira de l’odieux «politiquement correct».

    On a du mal à situer ces raisonnements abracadabrantesques, entre obsession de l’identité, qui assigne tout individu à son origine (musulmane en l’occurrence, donc «puritaine» à la Daech…) et affirmation de la culpabilité intrinsèque des démocraties occidentales. Une pensée (?) qui proclame à la fois la guerre des civilisations mais refuse toute action contre les intégristes, qui méprise la démocratie (matérialiste, médiatique, cynique, etc.) mais s’en réclame néanmoins, qui reprend dans un salmigondis obscur les thèses de l’extrême droite et de l’extrême gauche. Après cette mise au point, faudra-t-il perdre encore du temps à contredire un analyste aussi confus et inconséquent ?

    Laurent Joffrin Directeur de la publication de Libération

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    La police diffuse la photo du troisième terroriste

    du Stade de France

    L' Obs <time>Publié le 22-11-2015 à 19h36   lien </time>

    Le kamikaze que la police cherche à identifier est passé par la Grèce en octobre.

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    La police a lancé un appel à témoin pour tenter d'identifier le 3e kamikaze du stade de France. Capture d'écran Police nationale
    La police a lancé un appel à témoin pour tenter d'identifier le 3e kamikaze du stade de France.
    Capture d'écran Police nationale
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    À lire aussi

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    La police française a diffusé ce dimanche soir un appel à témoins pour identifier un autre des trois terroristes qui se sont fait exploser vendredi  13 novembre près du Stade de France :

    Cet individu est le troisième auteur décédé d'un des attentats(...). Si vous avez des informations le concernant : 197 Alerte Attentat."

    Un seul terroriste du Stade identifié

    Un seul membre de l'équipe du Stade de France a été formellement identifié. Il s'agit de Bilal Hadfi, un Français de 20 ans résidant en Belgique. Le 13 novembre, il s'est fait exploser sur l'esplanade du stade, tuant une personne.

    Un deuxième kamikaze, celui de la porte D (il n'a pas fait de victime autre que lui-même), était porteur d'un passeport syrien au nom d'Ahmad Al Mohammad. Si la photo du passeport correspond à au visage du terroriste qui le détenait, le nom est celui d'un soldat de l'armée syrienne tué il y a plusieurs mois. L'identité exacte du terroriste n'est donc pas connue. On sait en revanche qu'il a été contrôlé sur l'île de Leros, en Grèce, le 3 octobre : arrivé de Syrie, il aurait ensuite pris le chemin de la Serbie, empruntant la route des migrants.

    Le troisième kamikaze, celui de la porte H, pour lequel la police vient de diffuser l'appel à témoin, a fait le même voyage. En Grèce, il a présenté un passeport au nom de Mohammad al-Mahmod, indique à l'AFP une source proche de l'enquête.

    Un appel à témoin avait aussi été diffusé à propos du kamikaze de la porte D. Les photos des deux appels à témoin semblent avoir été prises au même endroit, peut-être lors de l'enregistrement des deux hommes à leur arrivée en Grèce :

     

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    Stade de France : 5 questions sur un scénario nébuleux


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  • Le niveau d'alerte maximum est maintenu à Bruxelles

    <figure class="fig-photo"> Bruxelles, ce dimanche. <figcaption class="fig-media-legende" itemprop="description">

     

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    VIDÉOS - La région de la capitale belge vit depuis samedi au ralenti, métro à l'arrêt et centres commerciaux fermés, en raison d'un «risque d'attentat» avec «armes et explosifs». La situation sera réévaluée dimanche après-midi. Au moins deux suspects seraient recherchés.

     

    On en sait, dimanche, un peu plus sur les raisons qui ont poussé la Belgique à relever dans la nuit de vendredi à samedi son niveau d'alerte terroriste pour la ville de Bruxelles. La décision résulte «d'informations nouvelles analysées par le centre national de crise Ocam» révèle Le Soir. D'après le quotidien belge, les autorités rechercheraient au moins deux hommes dont l'un transporterait une bombe, du type de celles actionnées par les kamikazes lors des attaques menées à Paris le 13 novembre.

    À la télévision, le vice-premier ministre Didier Reynders n'a ni confirmé, ni infirmé ces allégations parlant, comme le premier ministre Charles Michel avant lui, d'un «menace imminente et précise par des plusieurs individus circulant avec avec armes et explosifs». La menace est plus large que le seul présumé terroriste Salah Abdeslam, a concédé, de son côté, le ministre de l'Intérieur Jan Jambon. Ce dernier a concédé: «cela n'a pas de sens de chercher à le cacher. Il y a une menace réelle, mais nous mettons tout en oeuvre jour et nuit afin de faire face», a-t-il souligné.

    Dimanche matin, le centre de crise a maintenu le niveau d'alerte maximum, avant une nouvelle évaluation de la situation au cours de la journée avec la tenue d'un nouveau conseil de sécurité nationale. Il s'agit de décider de rouvrir ou non les lignes de métro et de trancher sur le sort des écoles, des magasins, des lieux culturels avant lundi.

    D'ores et déjà, Jan Jambon n'a pas exclu que les mesures en vigueur depuis samedi soient toujours en place lundi matin. Un numéro de crise a également été mis en place, le 1771.

    CrisisCenter Belgium ✔ @CrisiscenterBE

    Charles Michel a évoqué un «risque d'attentat, peut-être même à plusieurs endroits en même temps», pour justifier le passage au niveau 4 de toute la région bruxelloise, de l'aéroport de Bruxelles ainsi que de Vilvorde, une commune en Flandre dont sont issus plusieurs jeunes qui se sont radicalisés. Les cibles potentielles auraient été «les rues commerçantes, les manifestations, les lieux animés et les transports», a-t-il ajouté.

     

     

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    </article>

     

     

    Un calme assourdissant sur la Grand-Place http://bit.ly/1SrsMCR 

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    Concrètement, toutes les stations de métro sont fermées dans la capitale belge. Une mesure sans précédent, car même lors d'une précédente alerte 4 en Belgique, le métro avait continué à fonctionner. Le ministre-président bruxellois, Rudi Vervoort, a souligné que ces «fermetures exceptionnelles» avaient pour objectif de «dégager de la capacité policière» afin de répondre à la menace terroriste.

    Dimanche matin, outre les métros à l'arrêt, les places de marchés étaient vides et les musées gardaient porte close.

    Les grands évènements annulés

    Un grand nombre d'événements culturels et sportifs ont été annulés dont deux concerts de Johnny Hallyday ce week-end au Heysel, dans la région bruxelloise. les bars ont été exhortés, eux-aussi, à baisser le rideau, samedi à 18 heures. Plusieurs marchés n'auront pas lieu. Les centres commerciaux ont fermés dès samedi, ainsi qu'un grand nombre de musées, l'Atomium et des complexes de cinéma. En revanche, tous les matches de football de la première division du championnat, la Jupiler Pro League, ont été maintenus à l'exception de la rencontre Lokeren-Anderlecht à Bruxelles.

     

     

    <figure class="fig-photo fig-media-full" itemscope="" itemtype="http://schema.org/ImageObject"> <figcaption class="fig-media-legende">

     

    </figcaption></figure>

     

     

    L'aéroport de Bruxelles a de son côté assuré que les passagers pouvaient «prendre leur avion comme d'habitude». En revanche, «le stationnement est interdit dans la zone Kiss & Fly (dépose minute)».

    Dimanche matin, les contrôles ont été renforcés dans les trains internationaux. Les contrôles d'identité sont devenus systématiques. Ils sont également prévus sur les quais des trains nationaux.

    Cette élévation du niveau d'alerte intervient plusieurs heures après qu'un suspect arrêté en Belgique a été inculpé pour terrorisme par la justice belge en lien avec les attentats qui ont fait 130 morts à Paris le 13 novembre. Ce suspect, dont l'identité n'a pas été rendue publique, est le troisième à être inculpé en Belgique en lien avec les attentats de Paris. Des armes ont été trouvées «au domicile» de cette personne, a indiqué samedi le parquet fédéral.

    Depuis une semaine, les polices européennes sont à la recherche de Salah Abdeslam, membre des commandos du vendredi 13 novembre à Paris. Originaire de la commune bruxelloise de Molenbeek, l'homme de 26 ans est en fuite. «Dangereux», selon la police, il a fait l'objet d'un contrôle routier le 14 novembre au matin à Cambrai (Nord). Depuis, il est introuvable.


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  • L’ONU autorise « toutes les mesures »

    contre l’Etat islamique

    Le Monde.fr | <time datetime="2015-11-21T04:02:49+01:00" itemprop="datePublished">21.11.2015 à 04h02</time> • Mis à jour le <time datetime="2015-11-21T11:07:53+01:00" itemprop="dateModified">21.11.2015 à 11h07</time> | Par

    Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont voté à l'unanimité la résolution française, le 20 novembre à New York.

     

    L’horaire est symbolique. Une semaine précisément après les attentats de Paris et de Saint-Denis, à l’heure où les commandos terroristes procédaient à leurs macabres équipées, les Français ont fait voter à l’unanimité aux Nations unies une résolution autorisant « toutes les mesures nécessaires » pour lutter contre l’organisation Etat islamique (EI), qualifiée de « menace mondiale et sans précédent contre la paix et la sécurité internationales » par le Conseil de sécurité de l’ONU.

    La France espère ainsi donner une impulsion majeure à la lutte contre le terrorisme en offrant « un cadre légal et politique pour l’action internationale en vue d’éradiquer Daech [acronyme arabe de l’EI] dans ses sanctuaires en Syrie et en Irak », selon l’ambassadeur français à l’ONU, François Delattre. « C’est un texte très fort politiquement d’un pays qui vient d’être frappé par le terrorisme », a-t-il insisté.

    « C’est un texte très fort politiquement d’un pays qui vient d’être frappé par le terrorisme »

    Le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, a estimé qu’il importait maintenant « que tous les Etats s’engagent concrètement dans ce combat, qu’il s’agisse de l’action militaire, de la recherche de solutions politiques ou de la lutte contre le financement du terrorisme ». Le texte appelle également à redoubler d’efforts pour empêcher l’afflux de combattants djihadistes en Irak et en Syrie, et à coordonner les initiatives pour stopper les actes terroristes de l’EI et des groupes associés à Al-Qaida.

    Concrètement, la résolution 2249 ne donne pas d’autorisation légale à agir militairement en Syrie et en Irak, puisqu’elle n’est pas placée sous le chapitre VII de la Charte des Nations Unies qui prévoit l’usage de la force. Mais le langage employé dans le texte, qui stipule que « toutes les mesures nécessaires » sont permises pour combattre l’EI, laisse la place à l’interprétation, selon les diplomates français.

    « Ampleur du soutien international »

    « Le vote d’aujourd’hui, a réagi le premier ministre britannique, David Cameron, montre au-delà du doute l’ampleur du soutien international pour faire davantage en Syrie et pour une action décisive afin d’éradiquer l’EI. » M. Cameron cherche à obtenir des députés britanniques l’autorisation d’étendre à la Syrie l’action des avions britanniques. Un diplomate onusien estime « qu’il est fort probable de voir de nouveaux pays rejoindre la coalition militaire. Les campagnes de bombardements devraient aussi s’intensifier dans les zones tenues par Daech car les pays se sentiront beaucoup plus libres de frapper ».

    « Le texte français a créé beaucoup de confusion. Il semble autoriser une action militaire contre l’EI sans soutenir explicitement les précédents appels de la Russie à une coalition internationale unique et coordonnée en Syrie », analyse Richard Gowan, expert au Conseil européen des relations étrangères. La situation n’est pas sans rappeler la résolution 1973 qui avait autorisé l’intervention militaire en Libye en 2011. Elle avait ulcéré les Russes, qui avaient eu le sentiment de s’être fait leurrer par les Occidentaux. Ces derniers avaient donné une interprétation plus large au mandat donné par l’ONU, précipitant la chute du dictateur libyen, Mouammar Khadafi.La Russie, alliée du régime syrien, a voté en faveur de la résolution française – et avec l’accord direct du président Vladimir Poutine. Une inflexion notable dans la position de Moscou, qui a bloqué une grande partie des initiatives sur la Syrie depuis quatre ans. A sa demande, une référence à la Charte de l’ONU a été ajoutée pour encadrer la résolution. « Les Russes considèrent que c’est l’assurance de voir la souveraineté de la Syrie respectée, alors que les Français assurent qu’elle engage au contraire à agir… », explicite un diplomate onusien, qui parle d’une « ambiguïté constructive ».

    Coalition élargie

    L’ambassadeur russe, Vitali Tchourkine, a affirmé que la Russie continuerait d’insister pour que son propre texte, qu’elle a fait circuler le 19 novembre, soit adopté « à bref délai ». Il plaide pour une coalition élargie contre l’EI qui associerait Bachar Al-Assad. Une demande inacceptable pour Londres, Paris et Washington, qui souhaitent un départ rapide du président syrien dans le cadre d’une transition politique pour régler le conflit.

    Les Français ont préféré laisser de côté l’épineuse question du sort de Bachar Al-Assad, assurant « ne pas vouloir se substituer aux pourparlers de Vienne [pour un règlement politique de la crise syrienne] et toucher au cœur des négociations, qui est la transition politique ». « C’est une concession claire à la Russie », estime Richard Gowan. Mais la « coalition unique » contre l’EI, appelée de ses vœux par le président François Hollande, le 16 novembre, devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles, continue de buter sur ce point essentiel.

    Le président syrien s’est d’ailleurs mêlé au débat. Dans un entretien à la chaîne de télévision italienne RAI, il a assuré que les élections prévues, lors de la dernière réunion de Vienne, le 14 novembre, étaient inenvisageables tant que des régions entières de la Syrie restaient aux mains « des terroristes ». Il a aussi accusé les Occidentaux d’être les principaux responsables de la naissance de l’organisation djihadiste de l’EI, qu’ils entendent aujourd’hui détruire « par tous les moyens ».


     

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    <figure class="figure-author"> Lucien Pambou </figure>
     
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    <header class="content-author">

    Eradiquer Daech : la communauté internationale en est-elle capable ?

    </header> <header class="header">

     

     

    Au-delà des discours, quelle est la capacité réelle des Etats occidentaux à s’engager sur les solutions pragmatiques ?

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    <figure class="figure"> <figcaption class="hidden-xs figcaption"> Eradication de Daech: possible ? </figcaption> </figure>
     

    Daech a été créé en 2006 après sa mésalliance avec le groupe Al Qaïda en Irak. Daech est une organisation armée de l’Etat islamique qui a proclamé le Califat dans les territoires  sous son contrôle en Irak et en Syrie. Après sa stratégie de consolidation et d’approfondissement de sa doctrine, Daech passe à une phase d’expansion de coups terroristes dans la plupart des pays occidentaux qui ne représentent pas les réelles vertus de sa conception de l’Islam.

     

    Daech n’est pas un Etat mais, pour exister, cette organisation terroriste se donne les attributs d’un Etat et se finance avec les revenus du pétrole, les rançons versées en échange d’otages et les autres contributions d’impôts révolutionnaires. Daech a des filiales terroristes dans le monde : en Afrique avec Boko Haram, en péninsule arabique avec le mouvement Ansar Al Dawla  et dans la zone sahélo-saharienne avec des groupuscules islamiques. Après les attentats contre Metrojet (Russie), Paris, Beyrouth, Tunis (Musée Bardo), Sousse et la Turquie, Daech introduit la peur dans le camp occidental et celui de ses alliés. Il faut dépasser les discours et agir. Le problème est que tous les pays du camp occidental et celui de la civilisation ne sont pas d’accord sur les modalités d’intervention contre Daech à Raqqa en Syrie et dans les territoires occupés par ce groupuscule terroriste en Irak :

    1. bombarder et continuer les bombardements,
    2. accompagner les bombardements d’une intervention militaire organisée autour d’une coalition internationale.

     

    Sur le premier point, la plupart des pays sont d’accord compte-tenu des moyens technologiques importants, ce qui évite des pertes directes et collatérales en vies humaines qui adviendraient en cas d’’intervention terrestre. Sur le deuxième point, la communauté internationale n’est pas d’accord: accompagner les bombardements d’une intervention militaire de la coalition sur le terrain nécessite une approche de pédagogie politique par les Etats membres de la coalition auprès de leur opinion publique. Il faut que les Etats qui interviennent expliquent que l’intervention terrestre va se traduire par des morts du côté de Daech et de celui des membres de la coalition.  Il faudra ensuite, pour que l’intervention terrestre soit possible, mettre autour de la même table des Etats qui sont séparés par une conception religieuse de l’Islam, que sont l’Iran (chiite), Arabie Saoudite et Turquie (sunnites) et ce n’est pas une mince affaire car la division religieuse est ancienne.

     

    Une fois l’accord obtenu et la victoire militaire sur le terrain acquise, il faudra apporter des réponses politico-religieuses pour que les Sunnites et les Chiites s’acceptent mutuellement, que les Sunnites supporters de Daech en Irak travaillent ensemble avec les Chiites irakiens au pouvoir et que l’Iran chiite et l’Arabie Saoudite sunnite, les deux grands du Moyen-Orient, acceptent de collaborer et de jouer le rôle commun de gendarmes et de parrains politiques au Moyen-Orient, ce qui leur permettra de résoudre les conflits naissant ou futurs dans ce Moyen-Orient compliqué. La France et l’Occident savent faire en Afrique parce que c’est facile: les Etats africains, au-delà des oppositions ethniques de leurs populations et de leurs dirigeants, sont facilement manipulables et influençables, ce qui n’est pas le cas dans le Moyen-Orient complexe.


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