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    EELV - PS : les 6 sujets qui fâchent

    Créé le 09-11-2012 à 14h48 - Mis à jour à 19h05   lien

    Traité budgétaire, fiscalité écologique, compétitivité… Les points de désaccord sont nombreux. Pour l’instant, ils gouvernent ensemble. Mais jusqu’à quand ?

     

    Duflot et Ayrault, pas toujours sur la même longueur d'onde. (CHESNOT/SIPA)

    Duflot et Ayrault, pas toujours sur la même longueur d'onde. (CHESNOT/SIPA)

     

    La sortie de Jean-Vincent Placé, vendredi 9 novembre, a remis (encore) en lumière les divergences entre élus socialistes et élus EELV. Traité budgétaire européen, fiscalité écologique, compétitivité… Les points de désaccord ne manquent pas entre écologistes et socialistes. Pour l’instant, cela ne les empêche pas de gouverner ensemble. Mais jusqu’à quand ? "Il y a des signaux qui ne vont pas dans le bon sens", admet le très modéré député Vert européen Yannick Jadot. Tour d’horizon des sujets qui fâchent.

    Fiscalité écologique

    La fiscalité écologique dans le plan de compétitivité de Jean-Marc Ayrault ? Peanuts ! Pour les écolos, elle se résume à deux tristes chiffres : 2016, 3 milliards d’euros. Trop peu, trop tard, quand ils pensent que la taxation des activités polluantes est un levier majeur de la transition écologique. Rien sur la contribution climat-énergie (taxe carbone), pourtant promise par le président en septembre. Rien sur la taxation du diesel - Louis Gallois admettra plus tard avoir "manqué de courage". "Un enterrement de première classe, résume le député EELV Noël Mamère sur BFMTV. La fiscalité écologique est une sorte de mot de passe pour les socialistes mais qui n’a aucun contenu". Il exprime le sentiment de tout son parti. Pascal Canfin lui-même, ministre délégué du Développement et EELV, a lâché un "2016 c’est trop tard !", un an avant les élections de 2017. Le président d’EELV, les coprésidents des députés écologistes… Tous ont dit leur déception. Face à cette bronca, le ministre de l'Economie Pierre Moscovici a consenti : "S'il est possible d'agir plus tôt que 2016, (…) nous le ferons". Pour l’heure, les écolos n'ont plus qu'à se faire entendre dans les groupes de travail issus de la conférence environnementale et dans le débat imminent sur la transition énergétique.

    Relance de la compétitivité

    Mais au fond, c’est l’ensemble du plan de compétitivité de Jean-Marc Ayrault qui heurte les Verts. Le sénateur EELV Jean-Vincent Placé en premier lieu, qui a dénoncé dès mardi "le virage social-libéral" d’Ayrault et s’est interrogé vendredi sur l’opportunité de la participation des écologistes au gouvernement. Sans aller jusque-là, d’autres voix dans le parti ont exprimé leurs regrets. "La politique industrielle est beaucoup trop faible par rapport aux enjeux écologiques, critique le député européen EELV Yannick Jadot. Et ce n’est pas un constat idéologique, il suffit de regarder ce qui marche en Allemagne et en Europe du nord". Principaux reproches ? Une "vision datée de l'avenir". Ces décisions, selon EELV, "oublient de poser le moindre principe de conditionnalité sociale ou environnementale des aides publiques", "négligent l'Europe" et les "enjeux énergétiques que nos sociétés vont devoir affronter". Ce qu’ils veulent ? "Une mutation profonde de l'appareil productif, qui prépare une économie bas carbone, (...) un effort majeur de formation pour accompagner les entreprises et les salariés dans cette transition, (...) une révolution des modes de gouvernance des entreprises" et une prise en compte des "enjeux de recyclage". On en est loin.

    Droit de vote des étrangers

    Les écologistes en parlent beaucoup, les socialistes… bien peu. La 50e proposition de François Hollande, élu président de la République, visait à octroyer le droit de vote aux élections locales aux étrangers non communautaires résidant en France depuis au moins cinq ans. Une réforme vivement défendue, de longue date, par EELV, qui y voit le symbole d’une République "généreuse", d’une France "terre d’accueil", d’une nation "égalitaire". Mais à cette promesse, le candidat socialiste a pris soin d’associer une condition : la réforme nécessite de modifier l'article 3 de la Constitution. Mal parti, quand on sait que la gauche ne dispose pas de la majorité des 3/5e des députés et sénateurs nécessaire à toute révision constitutionnelle. Pour atteindre cette majorité qualifiée, il faut convaincre une cinquantaine de parlementaires réticents, centristes et droite modérée. De plus, une prise de bec entre l’élue EELV Esther Benbassa et les radicaux de gauche du RDSE en début de semaine, est venue rappeler que des tensions persistent entre les deux groupes de la majorité sénatoriale. Et que le vote des étrangers constitue un point de crispation. Sur BFMTV, Noël Mamère dénonce : "Ce qui s’est passé au Sénat n’est pas conforme aux engagements de la gauche sur la question du traitement des sans papiers".

    Notre-Dame des Landes

    C’est le sujet de discorde Verts/PS qui devrait monter dans les prochains jours. Et qui sait, peut-être bien plus fort que les précédents. "Si Ayrault continue le coup de force sur tout ce projet, ça risque de peser lourd dans la relation", prévient le Yannick Jadot. Le problème ? L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, situé à 30 km de Nantes et destiné à remplacer en 2017 l'actuel aéroport de Nantes Atlantique. Le projet phare d’Ayrault maire de Nantes. Mais les opposants à ce qu'ils ont rebaptisé "Ayraultport" se battent depuis des mois contre lui devant les juridictions administratives et sur le terrain. La tension n’est pas nouvelle – certains y vu dès le 6 mai un obstacle possible à l’accession d’Ayrault à la fonction de Premier ministre. Mais elle s’est renforcée ces dernières semaines. Le débat est entré au Parlement, et est en passe de devenir un "nouveau Larzac", tant il suscite une opposition grandissante. Mercredi dernier, des heurts violents ont opposé des gendarmes qui délogeaient des opposants squattant le terrain. Expulsions dont les organisations écologistes proches d’EELV (Greenpeace, Confédération paysanne, Attac…) dénoncent la "brutalité". Lors de la dernière interview d’Ayrault sur France Inter, plusieurs d'entre eux ont aussi investi les studios de France Culture. Pour l’heure, zéro dialogue. Jean-Marc Ayrault maintient que l'aéroport se fera. Tout comme Jacques Auxiette (PS), président du conseil régional des Pays-de-Loire. Entre les deux camps, la ministre écolo Cécile Duflot parle d'un "projet éventuel". Une prise de position forte. 

    Gaz de schiste

    Louis Gallois n’est pas sensible aux questions écologiques. EELV en a fait les frais. En plus de survoler la question de la fiscalité écologique, son rapport plaide "pour que la recherche sur les techniques d'exploitation des gaz de schiste soit poursuivie". Réveillant aussi sec le débat enflammé sur cette source d'énergie controversée et honni des écologistes. Matignon s'est empressé d’éteindre le feu ; prenant le relais des déclarations de Hollande, qui a fermé en septembre la porte à cet hydrocarbure "tout au long de [son] quinquennat". Il n’empêche. Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, a dit sur RTL vouloir "réfléchir" à l'exploitation du gaz de schiste. Et son confrère socialiste Alain Vidalies, ministre délégué aux Relations avec le Parlement, a assuré qu'au sein du gouvernement, personne ne pensait qu'il fallait écarter le gaz de schiste "pour l'éternité". En milieu de semaine, le sénateur Jean-Vincent Placé confiait au "Nouvel Observateur" que le gaz de schiste était le sujet numéro 1 qui pouvait faire éclater la majorité gouvernementale. Et cette fois, on veut bien le croire.

    Politique européenne

    "Reliquat de Merkozy", le traité budgétaire européen défendu avec force émotion par Jean-Marc Ayrault en octobre n’a pas trouvé grâce aux yeux des écolos : 12 députés ont voté contre, 3 pour, 2 se sont abstenus. Arguments ? Ce traité "ne répondra pas durablement aux crises auxquelles est aujourd'hui confrontée l'Union européenne et constitue un obstacle à la transition écologique", indique EELV dans un communiqué. Les écologistes s’opposent à l'objectif de réduction du déficit budgétaire à 3% du PIB en 2013, fixé par le gouvernement, et appellent le gouvernement à réfléchir à "la réorientation de l'Union européenne". Cécile Duflot, Daniel Cohn-Bendit et Yannick Jadot se sont finalement retrouvés bien seuls à défendre le texte. Et attendent toujours la contrepartie. A savoir que la France soit moteur de la relance économique, institutionnelle et écologique de l’Europe. Pour l’heure, "aucune décision n’a été prise" en ce sens, regrette Jadot.

    Morgane Bertrand - Le Nouvel Observateur


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