• EGYPTE. Al-Sissi, nouvel architecte de la révolution

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    EGYPTE. Al-Sissi, nouvel architecte

    de la révolution

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    <time datetime="2013-07-03T11:18:22" itemprop="dateCreated">Créé le 03-07-2013 à 11h18</time> - <time datetime="2013-07-03T15:10:03" itemprop="dateModified">Mis à jour à 15h10     </time>
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    Inconnu du grand public avant sa nomination en 2011, le chef du puissant Conseil suprême des forces armées apparaît comme l'un des rares à pouvoir redresser le pays.

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    Le général al-Sissi, ministre de la Défense et chef du Conseil Suprême des Forces Armées. 
(AFP / KHALED DESOUKI)

    Le général al-Sissi, ministre de la Défense et chef du Conseil Suprême des Forces Armées. (AFP / KHALED DESOUKI)

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    Certains le voient comme le nouveau président de l'Egypte. Le général Abdel Fattah al-Sissi, 58 ans, ministre de la Défense et chef du puissant Conseil suprême des forces armées (CSFA), a fait une entrée fracassante sur la scène politique égyptienne en annonçant la semaine dernière qu'il ne laisserait pas le pays "plonger dans un tunnel sombre de conflits et de troubles" et qu'il était "du devoir national et moral de l'armée d'intervenir" en cas de risque "d'effondrement des institutions de l'Etat". Dans un marasme politique interminable dans lequel les Egyptiens se cherchent un leader capable d'incarner une sortie de crise, le général est devenu le nouvel homme fort. Dans les manifestations, on n'hésitait plus à scander "Morsi n'est plus notre président, Sissi avec nous".

    Il y a encore peu, l'armée suscitait méfiance et réprobation après avoir été main dans la main avec les révolutionnaires de la première heure en 2011. Par fatalisme ou par rejet total du président Mohamed Morsi, les Egyptiens l'acclament aujourd'hui à chacune de ses interventions publiques. Lundi, un communiqué du CSFA, lu à la télévision sur laquelle le portrait d'al-Sissi en uniforme est apparu, fixait un ultimatum de 48 heures à la classe politique pour trouver un accord de règlement de crise. "Si les revendications du peuple n'étaient pas satisfaites durant cette période", l'armée "annoncerait une feuille de route et des mesures pour superviser sa mise en œuvre", tout en précisant que les militaires "ne participeront pas à la vie politique ou au gouvernement".

    Mercredi, l'armée s'est drapée du rôle de martyr et a déclaré dans un texte intitulé "Les dernières heures" : "Le commandant général des forces armées a indiqué qu'il était plus honorable pour nous de mourir que de voir le peuple égyptien terrorisé et menacé [...] "Nous jurons devant Dieu que nous sacrifierons notre sang pour l'Egypte et son peuple, contre tous les (groupes) terroristes, extrémistes et ignorants".

    Par peur ou par confiance, les mouvements d'opposition, dont Tamarrod, se sont sentis écoutés et ont déclaré que l'armée s'était "rangée aux côtés du peuple". Inconnu du grand public avant sa nomination en 2011, le général al-Sissi apparaît comme l'un des rares à pouvoir redresser le pays.

    Pieux et nationaliste

    Discret, formé dans une académie militaire britannique en 1992, puis dans une école militaire américaine en 2006, Abdel Fattah al-Sissi a succédé à l'indétrônable et très influent général Tantaoui en août 2011. Ancien patron des renseignements militaires, son arrivée comme chef des armées (le plus jeunes des 19 membres du CSFA) avait été accueilli avec soulagement par les Américains. Lors de sa prestation de serment devant Mohamed Morsi, le chef du Pentagone de l'époque, Leon Panetta avait souligné que al-Sissi avait "exprimé son attachement inébranlable aux liens militaires qui existent entre son armée et les Etats-Unis".

    Sa carrière comme officier supérieur fait de lui un homme du système militaire égyptien. Mais sa nomination par Mohamed Morsi a créé envers lui une suspicion d'allégeance aux nouveaux islamistes au pouvoir, certains l'accusant d'être proche des Frères musulmans, notamment en raison de son lien de parenté avec Abbas al-Sissi, une figure de la confrérie. En avril 2011, il reconnaît que les tests de virginité pratiquées sur les manifestantes arrêtées par les forces de l'ordre sont une procédure autorisée qui doit "protéger les filles du viol et les soldats d'accusations de viol"... Cependant, de fins connaisseurs rapportent qu'al-Sissi, bien qu'il ait la réputation d'être très pratiquant, n'aurait pu atteindre un tel niveau hiérarchique dans l'institution militaire si des accointances avec les Frères musulmans avaient été prouvées.

    Soucieux de restaurer l'image de l'armée et de la moderniser pour faire face à l'insécurité régionale, notamment dans le Sinaï, le général al-Sissi ne sait pas montrer trop interventionniste dans la politique de Mohamed Morsi.

    Rupture consommée avec Morsi

    Bien qu'en retrait, l'armée s'est sentie attaquée par les Frères musulmans, notamment lorsque ces derniers ont diffusé des rumeurs de procès contre le maréchal Tantaoui, proche d'al-Sissi.

    Fin janvier, le chef du CSFA a rompu avec sa discrétion et lancé un premier avertissement, en appelant "toutes les forces politiques" à trouver une solution aux "problèmes politiques, économiques, sociaux et de sécurité". Un peu avant, il avait invité l'opposition et les partisans de Mohamed Morsi à un dialogue pour parvenir à un consensus sur la Constitution. Il s'était alors confronté au refus des Frères musulmans. Dans la tradition du système militaire égyptien, il est un admirateur de l'ancien président nationaliste Gamal Abdel Nasser, conservateur et ne tient pas à ce que ses privilèges soient remis en question.

    Mardi soir, il a rencontré Mohamed Morsi. Rien n'a filtré de l'entrevue mais le président égyptien a réaffirmé sa "légitimité constitutionnelle" et appelé l'armée à retirer l'ultimatum qu'elle lui a posé. Jusqu'où ira al-Sissi dans cet énième bras de fer égyptien qui laisse une nouvelle fois la rue désorientée ?

    Du côté de l'opposition, la figure du général comme nouvel héros risque de ne pas durer. Mardi, c'est le retour de Mohammed al-Baradei, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie, prix Nobel et opposant historique, qui a fait l'événement. Le "Front du 30 juin" qui rassemble la plupart des mouvements anti-Morsi, l'ont choisi comme leur "voix" qui sera chargé de "préparer un scénario" pour une "transition politique"…


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