• Égypte: les manifestants augmentent la pression contre Moubarak

    Égypte: les manifestants augmentent la pression contre le régime Moubarak

    LE CAIRE, Égypte — Des milliers d'Égyptiens ont exprimé leur colère contre le gouvernement autocratique du président Hosni Moubarak, mercredi, lors d'une deuxième journée de manifestations, malgré l'interdiction des rassemblements publics décrétée par le gouvernement. Les policiers ont répliqué à coups de matraques et de gaz lacrymogènes, ne faisant preuve d'aucune tolérance pour la dissension.

    Les plus importantes manifestations anti-gouvernementales des dernières années en Égypte ont fait écho au soulèvement populaire en Tunisie, menaçant de déstabiliser le gouvernement du plus important allié des États-Unis dans le monde arabe. La capacité des manifestants à maintenir la mobilisation pendant deux jours face à une telle répression policière est un exploit rare dans le pays.

    Un manifestant et un policier ont été tués mercredi au Caire, portant à six le nombre de personnes tuées dans les manifestations au cours des deux derniers jours. Quelque 860 personnes ont été arrêtées, tandis que l'accès aux réseaux sociaux Facebook et Twitter, qui ont largement contribué à organiser les rassemblements, a été bloqué. Les réseaux de téléphonie portable ont aussi été perturbés.

    La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a appelé le gouvernement égyptien à adopter des réformes et à ne pas réprimer les manifestants. Elle a exhorté le régime Moubarak à «saisir l'occasion de mettre en oeuvre des réformes politiques, économiques et sociales qui répondront aux intérêts légitimes du peuple égyptien».

    Rien n'indique toutefois que M. Moubarak, qui dirige le pays d'une main de fer depuis près de 30 ans, a l'intention de céder le pouvoir ou de faire des concessions démocratiques ou économiques, ni de restreindre les ardeurs des forces de sécurité.

    Les manifestations se sont poursuivies tard dans la nuit mercredi. Au Caire, des dizaines de policiers en tenue anti-émeute ont donné l'assaut contre plus de 2000 protestataires réunis sur un boulevard du centre-ville, le long du Nil. De plus petits affrontements ont éclaté ailleurs dans la capitale, dont l'un où des manifestants ont lancé des pierres aux policiers, qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène du haut d'un pont où ils étaient positionnés.

    Un manifestant, l'homme d'affaires Saïd Abdel-Motalib, a qualifié le soulèvement de «lumière rouge pour le régime». «C'est un avertissement», a-t-il dit.

    Dans d'autres villes à travers le pays, des manifestants révoltés contre la pauvreté, la hausse des prix et le taux de chômage élevé ont lancé des pierres et des bombes incendiaires contre les policiers, en plus de fracasser les vitres de véhicules militaires.

    Le ministre de l'Intérieur a prévenu mercredi que la police ne tolérerait aucun rassemblement, et des milliers de membres des forces de l'ordre ont été déployés dans le pays pour réagir rapidement à toute tentative d'agitation. Plusieurs d'entre eux étaient des agents en civil qui se sont mêlés aux manifestants.

    Des milliers de policiers en tenue anti-émeute, appuyés par des véhicules blindés, ont pris position à travers la capitale, sur des ponts traversant le Nil, à des intersections fréquentées et sur les principales places de la ville. Les forces de l'ordre étaient également déployées devant le bâtiment de la télévision d'État et au siège du Parti démocratique national du président Moubarak.

    Un policier et un manifestant ont été tués quand une voiture les a écrasés pendant un rassemblement dans un quartier pauvre du centre du Caire, selon des responsables de la sécurité. La veille, trois manifestants avaient perdu la vie dans la ville de Suez et un policier avait été tué au Caire.

    À Suez, à l'ouest de la capitale, les manifestations ont pris une tournure violente au coucher du soleil, quand des manifestants ont lancé des pierres contre une morgue où ils attendaient le corps d'un homme tué la veille. La police a dispersé la foule à coups de gaz lacrymogènes, de balles de caoutchouc et de balles réelles tirées dans les airs. Des femmes criaient à leurs fils de rentrer à la maison, tandis que des hommes vomissaient dans la rue à cause de l'épaisse fumée âcre qui emplissait l'air.

    Des manifestants ont aussi lancé des bombes incendiaires contre les bureaux du parti au pouvoir et un poste de police, endommageant les deux édifices.

    À Assiout, dans le sud du pays, des témoins ont affirmé que la police avait chargé une centaine de manifestants, les frappant avec des bâtons et arrêtant la moitié d'entre eux.

    Un haut responsable du parti au pouvoir a nié, mercredi, les rumeurs selon lesquelles la famille Moubarak avait quitté le pays, les qualifiant de «sans fondement».

    Le fait qu'une telle rumeur se soit propagée illustre la perception répandue dans le pays voulant que Hosni Moubarak pourrait suivre l'exemple de l'ex-président tunisien, qui a fui le pays avec sa famille face au soulèvement du peuple.


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