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    Elections allemandes : quelles couleurs

    pour Merkel ?

     

    <time datetime="2013-09-21T16:15:42" itemprop="datePublished">Publié le 21-09-2013 à 16h15</time>

    Angela Merkel est la grande favorite du scrutin de dimanche,

    mais avec qui gouvernera-t-elle ? Une coalition noire-jaune

    avec les libéraux ? Une grande coalition rouge-noire avec le

    SPD ? Et pourquoi pas noire-verte ?

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    Pourquoi changer quand tout va si bien ? Sauf coup de théâtre Angela Merkel, 59 ans, sera réélue dimanche Chancelière d'Allemagne pour un troisième mandat. Au terme d'une campagne un peu terne, qui ne s'est réveillée que depuis le duel télévisé du 1er septembre entre la Chancelière chrétienne-démocrate (CDU-CSU) et son rival social-démocrate (SPD) Peer Steinbrück et la montée en puissance du nouveau parti anti-euro, l'AfD (Alternative für Deutschland) en fin de campagne.

    Les seules questions qui animent le landernau médiatique allemand, c'est avec qui Angela Merkel va-t-elle diriger l'Allemagne, et abandonnera-t-elle son mandat en cours d'exercice ? Ou bien compte-t-elle faire jeu égal avec Konrad Adenauer qui a régné durant 14 ans sur l'Allemagne, et l'imbattable Helmut Kohl, qui a réussi, grâce à la réunification, à rester 16 ans au pouvoir, avant d'être battu par Gerhard Schröder en 1998 ?

    Le suspense demeure, car Angela Merkel pourrait toujours être victime du calcul que les électeurs conservateurs ont fait en 2005. Dans l'espoir de se débarrasser de Gerhard Schröder, ils avaient donné davantage de voix au parti libéral FDP (qui avait obtenu 8,9%) tandis que la CDU-CSU avait dû se contenter de 35,2% (un point de plus que le SPD) alors que les sondages avaient pronostiqué 41% d'intention de vote. C'est ainsi qu'Angela Merkel s'était retrouvée à la tête d'une grande coalition avec le SPD.

    Une coalition à gauche est improbable

    Selon les derniers sondages publiés entre le 11 et le 19 septembre, la coalition conservatrice (CDU-CSU et Libéraux du FDP) qu'Angela Merkel dirige depuis quatre ans dispose de dix points d'avance (entre 43% et 46% des voix) sur l'opposition "rouge-verte" (Parti Social-démocrate SPD et Verts) créditée de 33 à 37% des voix. C'est beaucoup. La seule possibilité pour renverser la coalition sortante serait une alliance dite "rouge-rouge-verte" avec le parti de la gauche radicale, Die Linke (entre 8 et 10% des voix). Car alors, elle ferait quasiment jeu égal avec la coalition "noire-jaune" (le noir étant la couleur des chrétiens-démocrates et le jaune, celle des libéraux).

    Le 4 aout dernier, Gregor Gysi, le co-président de Die Linke, a officiellement appelé le SPD à engager des discussions avec son parti en vue de former un tel gouvernement. Mais Peer Steinbrück, tenant de l'aile libérale du SPD, y est totalement opposé. Vieux compagnon de route de Gerhard Schröder, il ne peut pas pardonner à Oskar Lafontaine (ex-ministre des finances du premier gouvernement Schröder en 1998) d'avoir trahi le SPD pour fonder avec les anciens communistes du PDS ce nouveau parti de gauche. Et par ailleurs, les deux partis ont de profonds désaccords idéologiques, notamment sur les aides à l'Europe et l'envoi de troupes à l'étranger.

    Certes "le Napoléon de la Sarre", comme on avait surnommé Lafontaine, n'est plus actif dans le parti, mais il faudra sans doute attendre que toute cette génération qui s'est entredéchirée quitte la scène politique allemande pour arriver à un accord. Beaucoup parient plutôt sur les prochaines élections de 2017. "Ce sera la seule solution pour que le SPD revienne un jour au pouvoir, estime le politologue Hans-Dieter Klingemann. Les sociaux démocrates ont désormais deux partis à leur gauche qui leur prennent des électeurs, les Verts et die Linke. Mathématiquement, ils ne peuvent plus parvenir à une majorité."

    Un nouveau rival à droite

    Jusqu'à présent, la CDU n'avait en revanche pas de concurrent à droite. Mais la création en avril dernier de l'AfD (Alternative für Deutschland), un parti essentiellement constitué d'anciens chrétiens-démocrates, mécontents de la politique européenne d'Angela Merkel et qui réclament un retour au Deutschemark, change la donne. Amputée d'une partie de son électorat, la CDU-CSU pourrait se retrouver exactement dans la même situation que le SPD avec Die Linke. Personne ne sait combien l'AfD, qui a dû faire face à des accusations concernant certains de ses membres affiliés à l'extrême-droite, mobilisera d'électeurs. Mais si cette nouvelle formation (2,5% à 5% dans les sondages) venait à passer la barre des 5% nécessaire pour rentrer au Bundestag, cela provoquerait un séisme politique. Angela Merkel ne serait alors, mathématiquement, plus en mesure de reconduire sa coalition conservatrice.

    Avec ou sans les libéraux ?

    L'autre incertitude qui pèse sur la Chancelière, c'est l'avenir de son colistier libéral. Le FDP, qui avait brillamment remporté les élections de 2009 avec 14,6% des voix, n'est plus que l'ombre de lui-même. Les sondeurs lui accordent 5 à 6% des voix. Cette chute spectaculaire fait suite aux lourdes pertes électorales que le parti a subi en 2011 dans plusieurs Länder.

    Très impopulaire, Guido Westerwelle, le ministre des Affaires étrangères (un brin pâlichon comparativement à son prédécesseur FDP à ce poste, le grand Hans-Dietrich Genscher) avait été contraint d'abandonner la présidence du parti en avril 2011. Son successeur, Philipp Rösler, ministre du Travail, ne fait pas l'unanimité. Le fait que le FDP ne soit pas rentré au Landtag (parlement régional) de Bavière lors des élections de dimanche dernier est un mauvais présage. Cependant, les instituts de sondages avaient aussi prédit une débâcle des libéraux en Basse-Saxe l'année dernière, et ils ont tout de même passé la barre des 5%.

    Deux autres options : une grande coalition…

    Si le FDP rate la marche du Bundestag ce dimanche, Angela Merkel aura deux options. Elle proposera d'abord au SPD de former une grande coalition comme elle l'avait déjà fait en 2005. Le parti social-démocrate acceptera-t-il au nom de la raison d'Etat ? Ou bien préférera-t-il rester dans l'opposition pour reconstruire sa légitimité auprès des électeurs ? Seule certitude : Peer Steinbrück a annoncé qu'il ne participerait pas à une grande coalition. En cas de déroute totale (en dessous de 25%) le fauteuil de Sigmar Gabriel, président du SPD, accusé par l'équipe du candidat de ne s'être pas suffisamment engagé dans la campagne électorale, pourrait également être menacé.

    En 2005, la CDU et le SPD avaient terminé à un point d'écart, ce qui avait permis aux sociaux-démocrates d'exiger les portefeuilles les plus en vue comme les Affaires étrangères et les Finances. "Il n'est même pas certain que Frank Walter Steinmeier, ex ministre des Affaires étrangères d'Angela Merkel, puisse à nouveau obtenir ce poste", se désole un membre important du SPD.

    Signe que la maison Willy-Brandt brûle, Sigmar Gabriel a déjà convoqué un mini-congrès du SPD pour le mardi 24 septembre. Son idée consisterait à se faire adouber par les délégués pour être un partenaire de coalition. Mais un partenaire contestataire. Quitte à renverser le gouvernement en cours de législature.

    … ou une coalition noire-verte ?

    Si le SPD refuse cette proposition pour le moins inhabituelle dans la vie politique allemande plutôt basée sur le consensus et la responsabilité, et choisit de ne pas entrer au gouvernement Merkel III, la Chancelière aura encore la possibilité de négocier avec les Verts. Contre nature ? Il y a vingt ans sûrement, mais plus aujourd'hui. Ce n'est pas un hasard si Angela Merkel a décidé en 2011, après la catastrophe de Fukushima, de renoncer définitivement au nucléaire. A l'époque, elle espérait sauver ainsi ses élections dans le Bade-Wurtemberg. Mais cette fine tacticienne, louée pour son pragmatisme que d'autres perçoivent comme de l'opportunisme, avait aussi en tête de laisser toutes les options ouvertes pour les élections à la Chancellerie.

    "Les Verts c'est le parti Bobo des 30-50 ans, assure Klaus-Peter Sick, historien affilé au Centre Marc Bloch à Berlin. La grande leçon de la République de Weimar, c'est que tous les partis républicains doivent être en mesure de participer à un gouvernement. Jürgen Trittin, le président des Verts, qui a toujours été dans l'ombre du très populaire Joschka Fischer, pourrait très bien prendre sa revanche en devenant ministre des Finances. La question c'est est-ce que les chrétiens-démocrates accepteraient un tel scénario!"

    Il a en tout cas les faveurs des médias. Car il mettrait un peu d'animation dans la vie politique allemande. Angela Merkel, qui entrera déjà dans les livres d'histoire comme la plus jeune Chancelière, première femme, première est-allemande et première protestante, serait alors également la première à former une coalition avec les Verts. Et la première aussi à avoir dirigé trois coalitions de trois couleurs différentes ! Qui dit mieux ?

    Odile Benyahia-Kouider - Le Nouvel Observateur


    Pourquoi Angela Merkel est indéboulonnable par LeNouvelObservateur


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