D'après un rapport de l'université Yale publié la semaine dernière , il existe de "solides preuves" pour dire qu'un génocide est en cours contre les Rohingyas. Une minorité musulmane ancrée dans l’ouest de la Birmanie qui, à l’ heure où l’ Europe vit une crise migratoire sans précédent, prend également la mer pour fuir les persécutions dont elle est victime depuis des décennies. Une crise humanitaire néanmoins absente des élections législatives qui se déroulent ce dimanche.

Dans un pays majoritairement bouddhiste , la question rohingya demeure en effet un tabou. Même pour l'opposante birmane Aung San Suu Kyi  : souvent critiquée pour son silence sur la minorité musulmane persécutée desRohingyas, la prix Nobel a d’ ailleurs appelé jeudi à "ne pas exagérer" le drame . "Le pays tout entier est dans un état dramatique, pas seulement l'Etat Rakhine", région de l'ouest du pays où vit des milliers deRohingyas, pour nombre d'entre eux dans des camps de déplacés, a-t-elle lancé. Et d’ajouter : "Il est très important de ne pas exagérer les problèmes de ce pays".

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"Une situation vraiment désastreuse"

Au même moment, un rapport de l'université américaine Yale n’a pas hésité à parler de "génocide" à leur égard. Les étudiants en droit ayant mené une enquête juridique évoquent les meurtres, les restrictions imposées sur les naissances et l'instauration de conditions ayant pour conséquence de détruire le groupe (vie dans des camps, privation de nourriture , de soins...), ce qui s'apparente selon eux à la définition d'un génocide.

En mai dernier, le sort de la communauté rohingya avait fait la Une de la presse internationale . Des milliers d'entre eux fuyant sur des bateaux de fortune s'étaient retrouvés piégés dans le golfe du Bengale après une désorganisation des filières de passeurs clandestins passant par la Thaïlande . Suu Kyi a néanmoins promis à "toutes les personnes qui vivent dans ce pays une protection " en accord avec les droits de l'Homme . Sans trop se compromettre alors que les bouddhistes extrémistes tentent de la décrédibiliser auprès des électeurs en la dépeignant comme pro-musulmane.

Déjà, en 2012, des violences intercommunautaires avaient éclaté en Etat Rakhine, faisant plus de 200 morts, principalement chez les musulmans. Des milliers d'entre eux avaient dû quitter leurs maisons . Plus de 140.000 vivent toujours dans des camps et des milliers tentent chaque année de fuir la misère et les persécutions. "La situation en Etat Rakhine des Rohingyas apatrides est vraiment désastreuse. Et la réponse de Suu Kyi aujourd'hui était vague alors que la situation exige une action décisive et coordonnée", a regretté David Mathieson, de l'ONG Human Right Watch.

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