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En Allemagne, les bas salaires concernent près d'un quart des salariés
En Allemagne, les bas salaires concernent près d'un quart des salariés
Compte rendu | Le Monde.fr | 14.03.12 | 18h34 • Mis à jour le 14.03.12 | 20h07
Berlin, correspondant - Alors que l'Allemagne débat de l'introduction d'un smic, une étude, publiée mercredi 14 mars par l'Institut de recherche sur le travail de l'université de Duisbourg-Essen, indique qu'en 2010, 23,1 % des salariés, soit 7,84 millions de personnes, touchaient un salaire qualifié de "bas", c'est-à-dire inférieur à 9,15 euros bruts de l'heure, soit les deux tiers du salaire médian dans le pays.
Ce pourcentage était légèrement plus élevé avant la crise (24,2 % en 2007), ce qui a permis au ministère du travail d'en relativiser l'importance. Alors que les syndicats revendiquent l'introduction d'un smic à 8,50 euros de l'heure, l'étude montre que 19,9 % des salariés sont actuellement sous ce seuil et que 11,4 % gagnent même moins de 6 euros/heure.
L'étude ne dit pas dans quels secteurs professionnels travaillent ces salariés pauvres, mais la plupart d'entre eux se concentrent dans le commerce et les services à la personne. L'enquête montre que si les salaires restent un peu plus élevés, en moyenne, dans l'ouest du pays que dans l'est, c'est à l'ouest qu'augmente également la part de "salariés pauvres".
Depuis 1995, le nombre de ces salariés pauvres à l'est se situe entre 2 millions et 2,2 millions de personnes. A l'ouest, la barre des 5 millions a été franchie en 2002 et l'on en compte aujourd'hui 5,8 millions.
"MINI-JOBS"
L'étude montre surtout que seuls 18,4 % de ces salariés pauvres n'ont aucune qualification. Au contraire, 71 % ont une qualification professionnelle et 10 % un diplôme universitaire.
63,7 % de ces salariés sont des femmes. 47,6 % ont un emploi à plein temps, 24 % un travail à temps partiel et 28,4 % un "mini-job", c'est-à-dire souvent un travail à temps très partiel non soumis aux cotisations sociales et qui vient en complément des aides sociales.
Conçus pour favoriser théoriquement un retour à l'emploi, ces mini-jobs sont aussi perçus comme un moyen pour certains employeurs de disposer d'une main d'œuvre précaire et bon marché. La chancelière Angela Merkel s'est prononcée, à la fin de l'année 2011, pour un salaire minimum fixé par les partenaires sociaux. Vingt-deux ans après la réunification, celui-ci devrait varier selon les Etats-régions et être plus faible dans les anciens Länder de l'est.
Ces chiffres sont publiés alors que les entreprises ayant réalisé d'importants profits en 2011 dévoilent les primes attribuées à leurs salariés. Pour le moment, la plus généreuse semble être Audi (8 251 euros en moyenne) devant Porsche (7 600 euros), Volkswagen (7 500 euros) et Bayer (6 200 euros).
Les augmentations de salaire sont désormais une préoccupation majeure des syndicats qui avaient fait preuve de modération durant la crise. C'est en 2011 que le coût du travail horaire a connu sa plus forte augmentation depuis 15 ans (+ 3,2 %).
Frédéric LemaîtreEconomie allemande
Tags : allemagne, bas salaires, majorité, pauvreté
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