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    Les Autrichiens ont une recette pour éviter le chômage

    Créé le 14-09-2012 à 15h24 - Mis à jour à 23h25

    L’Autriche est aujourd'hui le pays qui affiche le plus faible taux de chômage de l'UE. Même en 2009, année où le nombre de demandeurs d’emploi a explosé en Europe, elle affichait un taux de chômage de inférieur à 5% alors que le pays était en récession.

     

    En Autriche, le taux de chômage est deux fois inférieur à celui de la France et il est encore plus bas aujourd'hui qu'en 2005. (Sipa/erstock)

    En Autriche, le taux de chômage est deux fois inférieur à celui de la France et il est encore plus bas aujourd'hui qu'en 2005. (Sipa/erstock)
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    C’est un record en Europe. Alors que l’Espagne souffre d’un taux de chômage de 25,1% et la France de 10,3%, l’Autriche pavoise avec le plus faible taux d’Europe : 4,5%. Même en 2009, année où le nombre de demandeurs d’emploi explosait en Europe, et où l’Autriche voyait son PIB chuter de 3,8%, elle affichait un taux de chômage de 4,8%. Ce petit pays qui connaît le plein emploi depuis de nombreuses années a bénéficié économiquement de son adhésion à l’Union européenne en 1995 et de ses exportations vers l’Allemagne. Mais il profite aussi de son modèle combinant flexibilité pour l’employeur et sécurité pour le travailleur.

    Les représentants des salariés ont un pouvoir important

    "En réalité, depuis le premier choc pétrolier de 1973, les gouvernements autrichiens, de gauche comme de droite, ont tous eu comme premier objectif la réduction du nombre de chômeurs, analyse Andreas Woergoetter, à l’OCDE. Pour cela, ils ont su trouver des consensus avec les partenaires sociaux." Comme en Allemagne, les représentants des salariés bénéficient d’un pouvoir important. "Il existe un seul syndicat qui négocie avec la chambre de commerce, explique l’économiste. Et il ne se contente pas de représenter les salariés, mais prend aussi en compte l’intérêt des chômeurs. Du coup, lors des négociations salariales, le syndicat fait très attention à la relation emploi-rémunérations et s’efforce de préserver la compétitivité de l’économie." Entre la chambre de commerce et le syndicat, la confiance est totale.

    En Autriche, on peut licencier sans motif

    D’un côté, et grâce à cette entente, le marché du travail est très souple : on peut licencier sans motif, les modérations salariales permettent de supporter des baisses d’activité, le chômage partiel est facilement utilisé, même s’il n’a pas atteint l’ampleur du « Kurzarbeit » allemand… De l’autre côté, les chômeurs ont l’assurance de ne pas tomber dans les limbes d’un service de l’emploi débordé.

    En 2009, syndicat et patronat ont même fortement augmenté le budget de l’équivalent du Pôle emploi, l’Arbeitmarkservice, pour multiplier le nombre de conseillers afin de faire face à la hausse de demandeurs d’emploi. La durée des allocations chômage n’est que de 5 mois, contre deux ans en France, et augmente avec l’âge et l’ancienneté. Mais il existe une différence majeure avec le système français : les conseillers de l’Arbeitmarkservice s’attachent à rencontrer les demandeurs d’emploi toutes les semaines. Et ceux-ci sont obligés d’accepter les formations proposées ou tout travail correspondant à leur qualification, s’ils ne veulent pas voir leurs allocations réduites.

    Des comptes épargne individuel remplacent les indemnités de licenciement

    L’Autriche a également réformé en 2003 son système d’indemnisation. Les employeurs versent 1,5% de la masse salariale sur des comptes d’épargne individuels destinés à chaque salarié et géré par des fonds privés. En cas de démission ou de licenciement, les personnes embauchées depuis la date de la réforme et bénéficiant de trois ans d’ancienneté ont deux choix : percevoir en cash le montant de leur compte ou le conserver s’ils retrouvent un autre travail. Pour l’employeur ce système supprime le prix ponctuel d’un licenciement. Pour le salarié, il diminue le coût de sa mobilité professionnelle. Mais l’impact de cette réforme fait débat. "Je ne pense pas que ce soit une recette pour lutter contre le chômage, estime Andreas Woergoetter, car des études empiriques montrent qu’avec ce système les employeurs n’embauchent pas davantage."

    Enfin comme son voisin germanique, l’Autriche est le pays de l’apprentissage. La moitié d’une classe d’âge en bénéficie. Résultat, seulement 8,9% des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage. Ils sont 23,4% en France.


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