• En Egypte, les Frères musulmans privés de leur chef

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    En Egypte, les Frères musulmans privés de leur chef

    <time datetime="2013-08-20T07:38:16+02:00" itemprop="datePublished">20 août 2013 à 07:38</time> (Mis à jour: <time datetime="2013-08-20T11:45:32+02:00" itemprop="dateModified">11:45</time>)

    Le Guide suprême de la confrérie, Mohamed Badie, le 31 mars au Caire.

    Le Guide suprême de la confrérie, Mohamed Badie, le 31 mars au Caire. (Photo AFP)

    actualisé Le Guide suprême de la confrérie, Mohamed Badie, a été interpellé par la police dans l'appartement qu'il occupait au Caire. Il est accusé d'«incitation à la violence».

    Le pouvoir installé par l’armée en Egypte, engagé dans une féroce répression contre les Frères musulmans du président destitué Mohamed Morsi, a décapité mardi la direction de la confrérie en arrêtant leur Guide suprême Mohamed Badie.

    Cette arrestation est un rude coup porté au mouvement islamiste créé il y a 85 ans et engagé depuis six jours dans une épreuve de force extrêmement sanglante avec les forces de l’ordre, avec près de 900 morts, en majorité des manifestants pro-Morsi, et des centaines d’arrestations. Les Frères musulmans ont cependant assuré que Mohamed Badie «n’était qu’un individu parmi les millions qui s’opposent au coup d’Etat», laissant entendre que le mouvement poursuivrait sa «semaine du refus du coup d’Etat».

    Ces derniers jours, le cycle des violences a été relancé avec la mort en moins de 24 heures de 25 policiers dans l’attentat le plus meurtrier depuis des années au Sinaï et le décès de 37 détenus, tous Frères musulmans, asphyxiés dans un fourgon pénitentiaire.

    Les partisans de l’ex-chef de l’Etat déposé et arrêté le 3 juillet par l’armée, font l’objet d’une répression meurtrière à chacune de leurs manifestations depuis que les forces de l’ordre ont rasé mercredi leurs campements au Caire, faisant plus de 280 morts sur la seule place Rabaa al-Adawiya. Rien ne semble arrêter l’armée dans sa répression des Frères musulmans, ce qui fait planer la menace d’un nouveau passage des islamistes dans la clandestinité et le retour des années noires de 1990 avec leur lot de violences sanglantes.

    Mohamed Badie, 70 ans, a été arrêté dans la nuit de lundi à mardi dans un appartement proche de la place Rabaa al-Adawiya, devenue emblématique pour les Frères musulmans, qui avaient remporté coup sur coup depuis 2011 les premières législatives puis présidentielle libres du pays.

    Depuis, les télévisions publiques comme privées, acquises à la cause de l’armée et vantant la méthode forte contre le «terrorisme» dont elles accusent les Frères musulmans, passent en boucle les images de Badie, à la barbe blanche bien taillée, l’air prostré, habillé d’une simple gellabiya, la longue tunique traditionnelle égyptienne.

    Il doit comparaître avec ses deux adjoints, Khairat al-Chater et Rachad Bayoumi, et d’autres membres de sa confrérie pour «incitation au meurtre» de manifestants anti-Morsi. Quant à Mohamed Morsi, toujours détenu au secret, il est depuis lundi sous le coup d’un nouveau chef d’accusation : «complicité de meurtre et de torture» de manifestants. Apparu une seule fois en public depuis la destitution de Morsi, Badie ne s’était pas rendu aux funérailles de l’un de ses fils tué vendredi au Caire dans des heurts avec les forces de l’ordre désormais autorisées à tirer sur tout manifestant considéré comme hostile.

    «Carnage total»

    Malgré le tollé déclenché dans la communauté internationale qui a dénoncé un «carnage», le chef de l’armée et nouvel homme fort de l’Egypte, le général Abdel Fatah al-Sissi, a martelé dimanche que son pays ne plierait pas devant les «terroristes».

    Lundi matin, dans la péninsule désertique du Sinaï, base arrière de nombreux groupes islamistes armés, une attaque à la roquette contre un convoi a tué au moins 25 policiers, portant à 102 le nombre de policiers tués en cinq jours. La télévision d’Etat a retransmis l’arrivée des cercueils au Caire et affichait mardi un bandeau noir en signe de deuil national.

    Dimanche, dans des circonstances encore troubles, 37 Frères musulmans ont péri asphyxiés dans un fourgon pénitentiaire qui les transportait vers une prison du Caire. La police a évoqué une tentative d’évasion, le camp de Mohamed Morsi a dénoncé un «assassinat» et l’ONU a réclamé une enquête.

    Human Rights Watch (HRW) a affirmé que les bilans officiels des morts étaient sous-évalués et Amnesty International a dénoncé un «carnage total». Les pays de l’Union européenne, qui se sont dits prêts à «réexaminer» leurs relations avec Le Caire, tiendront mercredi une réunion ministérielle.

    Les Etats-Unis ont appelé à la réconciliation et dit continuer à examiner leur aide à l’Egypte - 1,5 milliard de dollars annuels, dont 1,3 pour la seule armée -, tout en reconnaissant que leur capacité d’influence y était «limitée».

    L’Arabie saoudite a assuré de son côté que les pays arabes étaient prêts à compenser toute baisse de l’aide occidentale à l’Egypte et le Qatar, pourtant soutien de Morsi, a envoyé une deuxième cargaison gratuite de gaz naturel liquéfié. L’état d’urgence et le couvre-feu nocturne décrétés jeudi restaient en vigueur mais Le Caire, mégalopole de 20 millions d’habitants, a repris une vie quasiment normale la journée, si ce n’était les chars de l’armée déployés sur toutes les grandes artères.

    Mohamed Morsi était accusé par ses détracteurs, et des millions de manifestants fin juin, d’avoir accaparé le pouvoir au profit des Frères musulmans et d’avoir achevé de ruiner une économie déjà exsangue.


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