Une vaste opération antiterroriste a été menée jeudi par la police dans plusieurs villes de Belgique, qui s’est soldée par la mort de deux jihadistes présumés, dont certains revenaient de Syrie et planifiaient des attentats imminents.

La principale opération a été menée peu avant 18H00 (17H00 GMT) à Verviers, dans l’est du pays. Elle visait un groupe «sur le point de commettre des attentats d’envergure en Belgique, et ce de façon imminente», a expliqué au cours d’une conférence de presse à Bruxelles un des substituts du procureur du parquet fédéral, Thierry Werts.

«Cela démontre la détermination du gouvernement belge à combattre ceux qui veulent semer la terreur. La peur doit changer de camp», a déclaré à propos de cette opération Charles Michel, le Premier ministre belge, cité par son porte-parole, Frédéric Cauderlier, à l’issue d’une réunion de crise.

Les suspects «ont ouvert le feu au moyen d’armes de guerre et d’armes de poing», dont certaines de type Kalachnikov, a-t-il précisé. Même blessés et au sol, ils ont continué à tirer. «Deux suspects sont décédés, un troisième a été interpellé sur place. Aucun témoin ou policier n’a été blessé».

«J’ai entendu comme une explosion, suivie de plusieurs tirs», a confié une habitante du quartier.

«Aucun lien n’a été établi à ce stade avec les attentats de Paris», a précisé le substitut du procureur Eric Van Der Sijpt.

Au total, une dizaine de perquisitions ont eu lieu dans le pays, principalement à Bruxelles et dans ses environs. Elles visaient «une cellule opérationnelle» dont les cibles étaient les forces de police, a précisé le parquet.

Le niveau d’alerte a été relevé à 3, sur une échelle maximum de 4, pour les forces de police. Les commissariats ont interdit leurs accès au public et des dispositions ont été prises pour éviter tout stationnement à proximité. L’armement des policiers a été renforcé.

- Revenus de Syrie il y a une semaine -

L’intervention à Verviers a été déclarée terminée vers 22h00 (21H00 GMT). Les abords du bâtiment où a eu lieu la fusillade ont été protégés par une bâche pour permettre à la police scientifique d’opérer. Quatre fusils d’assaut Kalachnikov et du matériel permettant de fabriquer des explosifs ont été saisis.

Les opérations étaient en revanche toujours en cours à Bruxelles à 23H00 (22H00 GMT), a indiqué le parquet. Il a toutefois démenti qu’un assaut ait été mené à Anderlecht, un quartier populaire de la capitale belge.

Les suspects de Verviers étaient trois jeunes partis combattre en Syrie et revenus il y a une semaine, ont indiqué les médias, citant des sources policières. Ils avaient été mis sur écoute par la police. Des menaces avaient été proférées ces dernières heures sur internet par des jihadistes belges.

Selon les données officielles, 184 Belges sont partis combattre en Syrie, 50 y sont morts et 101 sont revenus en Belgique.

Verviers est considéré, avec certains quartiers et banlieues de Bruxelles, comme un des principaux foyers de radicalisation islamiste en Belgique. Selon les sources, entre six et 10 jeunes de la ville seraient partis combattre en Syrie ces derniers mois.

Selon une source judiciaire, l’opération menée jeudi était «une opération belge, sans lien avec des opérations dans d’autres pays».

«On a évité un bain de sang, une atteinte physique à la population», a réagi sur la chaîne publique RTBF, Laurette Onkelinx, une ancienne ministre de la Justice.

La justice cherche aussi à déterminer s’il existe des liens entre Amedy Coulibaly, l’un des trois auteurs des attaques de Paris, et un trafiquant d’armes présumé domicilié en Belgique, a indiqué jeudi le parquet fédéral.

«La question des armes est sous enquête», a déclaré M. Van Der Sijpt au lendemain de l’inculpation pour «trafic d’armes» d’un habitant de Charleroi, Neetin Karasular. Selon le parquet fédéral, il est établi que cet homme, déjà connu de la justice pour divers trafics, avait racheté la voiture de Hayat Boumeddiene, la compagne de Coulibaly.

AFP