• Face à la défaite, le PS fait dans l'intox

    Face à la défaite, le PS

    fait dans l'intox

    Le Monde.fr | <time datetime="2014-03-26T16:53:25+01:00" itemprop="datePublished" style="box-sizing: border-box;">26.03.2014 à 16h53</time> • Mis à jour le <time datetime="2014-03-26T18:28:59+01:00" itemprop="dateModified" style="box-sizing: border-box;">26.03.2014 à 18h28</time> |lien Par 

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    <figure class="illustration_haut" style="box-sizing: border-box; margin: 0px; position: relative;">Harlem Désir, le 24 mars à Paris.</figure>

     

    Face à une sévère défaite, il est parfois difficile de se justifier. Après le premier tour des municipales, le PS est confronté à cette épreuve.

    Depuis lundi 24 mars, Harlem Désir, David Assouline ou Bertrand Delanoë doiventrépondre aux questions de la presse, et s'y emploient, quitte parfois à faire dans la langue de bois, voire l'intox pure et simple.

    1. Harlem Désir et l'exclusion de Guérini du PS

     Ce qu'il a dit :

    « Dès qu'il a été mis en examen, j'ai dit que Jean-Noël Guérini n'avait plus sa place dans notre famille. »

    (France Inter, le 26 mars)

     

    POURQUOI C'EST COMPLÈTEMENT FAUX :

     

    La procédure d'exclusion de Jean-Noël Guérini, figure centrale du PS Marseillais, a été lancée par le Parti socialiste fin janvier 2014. L'affaire Guérini remonte pourtant bien plus loin.

    Lire : Que reproche la justice à Jean-Noël Guérini

    La première mise en examen de l'affaire Guérini, celle du frère de Jean-Noël, Alexandre, date du 1er décembre 2010. En mai 2011, le directeur de cabinet de M. Guérini l'est à son tour. Pour Jean-Noël Guérini, président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, il faudra attendre quelques mois : le 8 septembre 2011, il est à son tour mis en examen pour « complicité d'obstacle à la manifestation de la vérité », « prise illégale d'intérêts », « trafic d'influence » et « association de malfaiteurs en vue du trafic d'influence et recel de trafic »Le PS évoque la « présomption d'innocence » et M. Guérini n'est alors pas exclu par Martine Aubry, qui lui demande de se « mettre en congé du parti ». Ce qu'il fait.

     

    • A Marseille, Gaudin rallie une guériniste

      En quête d'une victoire écrasante, Jean-Claude Gaudin a rallié mardi à son équipe une maire de secteur PRG, proche de l'ex-homme fort du PS local, Jean-Noël Guérini, une "trahison politique" aux yeux des socialistes. Durée: 01:23

      1:23

    Harlem Désir, qui n'est pas encore premier secrétaire du parti, considère à l'époque que « cette mise en examen doit marquer la fin du système Guérini ». Suivront pourtant deux nouvelles mises en examen, dont l'une en mars 2013 pour « détournement de fonds publics ».

    A aucun moment M. Guérini ne sera exclu du PS. En décembre 2013, ce dernier avait d'ailleurs fait savoir qu'il avait réglé sa cotisation au parti. Il faudra attendrejanvier 2014 pour que la procédure soit lancée. Quatre ans après le début de l'affaire.

     

    2. Le problème bien connu de la « pédagogie »

    Ce qu'il a dit :

    « On n'a pas assez bien expliqué le projet de société qui était le nôtre »

    POURQUOI C'EST DE LA LANGUE DE BOIS :

     

    C'est un classique de la communication politique post-déroute électorale. Si les électeurs ont sanctionné le pouvoir en place, ce n'est pas le fond qui est en cause, mais la forme. Aussi, M. Désir appelle à davantage expliquer le projet socialiste qui n'aurait pas été apprécié à sa juste valeur par les électeurs.

    Si l'on remonte un mandat municipal plus tôt, on retrouve une situation curieusement symétrique. 2008 : Nicolas Sarkozy est à l'Elysée, l'UMP est majoritaire à l'Assemblée et au Sénat… et prend une sérieuse claque aux municipales. Et ils étaient nombreux à l'époque, dans la majorité d'alors, à appeler à « davantage de pédagogie ».

    Le gouvernement Fillon avait d'ailleurs nommé, dès avril 2008, un nouveau patron du service d'information gouvernemental (SIG), Thierry Saussez. Il avait notamment pour mission, de son propre aveu, de « faire davantage de pédagogie vis-à-vis de nos concitoyens, de partager notre politique, et d'expliquer les réformes et l'action du gouvernement. »

    Le PS, à l'époque, ne l'entendait pas ainsi. Et il est amusant de relire le point presse d'un certain François Hollande, alors premier secrétaire, au lendemain des municipales : « Il était d'ailleurs assez risible (...) d'entendre tel ou tel ténor de la droite dire qu'il n'y avait pas eu de vote sanction », s'amusait M. Hollande, assurant qu'il « nous faut insister sur la portée nationale du scrutin ». Et M. Hollande de poursuivre : « rarement un président de la République, après plus de dix mois aux responsabilités, n'aura connu d'échec plus cinglant, déconvenue plus grande, défiance plus affirmée ».

    3. Harlem Désir et les enjeux locaux

    Ce qu'il a dit :

    « L'UMP essaie de détourner ce scrutin de son enjeu. Nous voulons, nous, lui donner sa véritable dimension. Dans sa ville, avoir une équipe de gauche ou une municipalité conservatrice ou Front national, ce n'est pas la même chose. »

    (Point presse du PS, le 24 mars)

     

    AMNÉSIE

     

    Le patron du PS oublie que son lointain prédécesseur avait fait des municipales de 2008 un scrutin-test pour Nicolas Sarkozy. Il s'agissait alors de… François Hollande. Le premier secrétaire du PS d'alors, qui avait appelé les électeurs à «lancer un avertissement » au pouvoir, avait interpellé le chef de l'Etat au soir de la large victoire socialiste au second tour : « Le président de la République est obligé d'entendre le message des Français [et doit] corriger sa politique. »

    Lire (en édition abonnés) : La petite histoire des lendemains de vote-sanction

     

    <figure class="illustration_haut" style="box-sizing: border-box; margin: 0px; position: relative;">Le sénateur (PS) David Assouline.
</figure>

     

    4. David Assouline et la responsabilité de Sarkozy

     

    Ce qu'il a dit :

    « On dit que c'est sous les socialistes que le FN prospère. Non, c'est après le mandat de Nicolas Sarkozy. Il y a une élection, Marine Le Pen est au summum, elle est lancée. » (le 25 mars, sur RFI)

     

    POURQUOI CE N'EST PAS TOUT À FAIT EXACT

     

    C'est en effet en avril 2012, à l'issue du quinquennat de Nicolas Sarkozy, que le FN a réalisé son meilleur score à une élection présidentielle, avec 17,9 % des voix pour Marine Le Pen. David Assouline n'aura toutefois pas oublié que le « summum » pour le Front national reste l'accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle 2002, après cinq ans du PS aux affaires.

     

    Si l'on ne s'attache qu'aux élections municipales, les performances du FN sont également bien plus importantes en 2014 qu'en 2008, année suivante l'élection de Nicolas Sarkozy. Au premier tour, il a obtenu 998 244 voix en présentant des listes dans un peu moins de 600 communes, contre 144 017 voix dans 122 communes en 2008.

    Là où il s'est présenté, le Front national a réalisé un score moyen de 16,5 % des voix, contre 9,22 % il y a six ans. D'aucuns peuvent considérer que cette poussée résulte de la présidence de Nicolas Sarkozy, mais il était inexact de prétendre que le FN ne prospère pas sous un gouvernement socialiste.

    Lire nos explications : Pourquoi le FN fait vraiment mieux qu'en 2008

     

    5. Bertrand Delanoë et le vote FN

     

    Ce qu'il a dit :

    « Le plus important, c'est le Front national qui est faible. J'ai connu il y a vingt ans le FN très très élevé dans les quartiers populaires [à Paris]. »

    (France Inter, le 25 mars)

     

    POURQUOI C'EST PLUTÔT VRAI

     

    M. Delanoë n'a pas tout à fait tort. Si on compare les résultats du FN à Paris en 1995 et 2014, on constate que le score du parti s'est faiblement amélioré dans la capitale, mais a baissé dans les arrondissements populaires (18e, 19e, 20e), comme le montre notre graphique ci-dessous.

     


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