• Italie: une femme de gauche à la tête

    de la Chambre des députés
    16 mars 2013 à 18:35    lien
    La députée de gauche Laura Boldrini, le 16 mars 2013 à Rome
    La députée de gauche Laura Boldrini, le 16 mars 2013 à Rome (Photo Andreas Solaro. AFP)


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    Par AFP

    La députée de gauche Laura Boldrini a été élue samedi à la présidence de la Chambre des députés italienne, où la gauche dispose de la majorité absolue depuis les élections de fin février.

    Cette élection, obtenue avec 327 voix (la majorité requise était de 310 voix), intervient au lendemain de la première réunion du parlement italien depuis les législatives.

    Journaliste et ancienne porte-parole du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Laura Boldrini, 51 ans, membre du petit parti de gauche SEL, avait été choisie pour la présidence de la chambre par le leader du Parti démocrate (PD, principal parti de gauche) Pier Luigi Bersani.

    «J’ai passé tant d’années à défendre les droits des faibles, en Italie, dans le monde, une expérience que je mets au service de cette Chambre (...) Mes pensées vont à ceux qui ont perdu certitudes et espérances», a-t-elle déclaré dans son premier discours.

    Au Sénat, qui doit aussi élire un président, les opérations s’avèrent plus complexes car la coalition de gauche n’y dispose que d’une majorité relative. Or en Italie, les deux chambres ont un poids équivalent et samedi après-midi, aucune majorité ne s’était encore dégagée pour choisir un président de la chambre haute.

    Dans ces conditions, les perspectives d’une majorité stable pour soutenir un gouvernement restent très floues. En attendant, c’est le gouvernement de Mario Monti qui expédie les affaires courantes.

    M. Bersani cherche dans la chambre haute le soutien du Mouvement cinq étoiles (M5S), qui a cristallisé le vote contestataire en Italie, arrivant en troisième position derrière la coalition de droite de Silvio Berlusconi.

    Mais le leader du M5S, Beppe Grillo, a claqué à plusieurs reprises la porte au nez de M. Bersani, rejetant un accord avec «ceux qui ont détruit l’Italie», selon ses dires, de sorte qu’aucune majorité ne se dégage au Sénat pour permettre à un gouvernement d’obtenir le vote de confiance nécessaire pour entrer en fonction.

    L’élection des présidents des deux chambres permettra au chef de l’État Giorgio Napolitano d’entamer officiellement, normalement à partir de mardi, ses consultations avec les dirigeants politiques sur la formation du nouveau gouvernement.

    M. Bersani espère obtenir un mandat de M. Napolitano pour tenter de former un gouvernement mais de l’avis des analystes, ses chances sont extrêmement faibles.

    Même si M. Napolitano le choisit pour ce mandat, étant donné qu’il est le chef de la principale force parlementaire, il sera confronté au refus catégorique du M5S de lui voter la confiance et sera sans doute contraint de passer le relais à quelqu’un d’autre.

    A partir de ce moment, toutes les hypothèses sont envisageables.

    M. Napolitano peut offrir ce mandat à une autre personnalité, il peut proposer un gouvernement de transition ou technique, le temps par exemple de modifier la loi électorale qui a conduit à l’impasse.
     


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    Salaire: les femmes cadres payées 20%

    de moins que les hommes

    En matière de salaire, le temps passe et les inégalités demeurent. Les femmes cadres sont toujours moins bien payées que les hommes en 2012, révèle une étude publiée par l'Apec, vendredi 8 mars à l'occasion de la journée de la femme. Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, a annoncé des sanctions pour les entreprises.

    L'Entreprise avec AFP, publié le <time datetime="2013-03-08">08/03/2013 à 10:30</time>

    </header><aside class="toolbar"> </aside><figure class="ouverture"> Les écarts de salaire entre hommes et femmes ssont toujours importants. Selon l'étude de l'Apec publiée le 8 mars, la différence entre les cadres est de 20%. Le gouvernement, par la voix de Najat Vallaud-Belkacem, promet de futures sanctions. <figcaption>

    Les écarts de salaire entre hommes et femmes ssont toujours importants. Selon l'étude de l'Apec publiée le 8 mars, la différence entre les cadres est de 20%. Le gouvernement, par la voix de Najat Vallaud-Belkacem, promet de futures sanctions.

    REUTERS/Philippe Wojazer

    </figcaption> </figure> <section class="content_article">

    Ce n'est pas vraiment une surprise. En 2012, les femmes cadres gagnent toujours moins que leurs collègues masculins. Selon une étude publiée par l'Apec, il s'établit en moyenne à 47.500 euros bruts annuels, contre 57.300 euros pour leurs hommes. Soit un écart de 20%.

    En 2008, l'écart était un peu plus fort (22%).

    L'écart augmente avec l'âge

    Si l'on considère le salaire annuel médian (la moitié gagne plus, l'autre moins), l'écart est de 16,3% (contre 17,1% en 2008), avec 43.000 euros pour les femmes, contre 50.000 euros pour les hommes.

    L'écart de salaire médian "augmente avec l'âge". Peu élevé chez les cadres les plus jeunes (2%), il croît entre 30 et 34 ans (7%), puis entre 40 et 44 ans (16%) pour se stabiliser à un niveau élevé (22%) à partir de 45 ans.

    Explications structurelles

    Ces différences de salaires "s'expliquent en grande partie par des effets de structure", explique l'Apec. Certains écarts sont ainsi liés aux secteurs d'activité et à la taille des entreprises où hommes et femmes évoluent dans des proportions différentes.

    Femmes cadres et hommes cadres "ne suivent pas les mêmes filières de formation, n'occupent pas les mêmes postes et n'ont pas les mêmes niveaux de responsabilités", poursuit l'Apec.

    Formations "moins rémunératrices"

    En moyenne plus jeunes et plus diplômées, les femmes cadres sont issues de filières de formation "moins rémunératrices", telles l'université, tandis que les hommes sortent plus souvent d'écoles d'ingénieurs ou de commerce.

    L'Apec note cependant "qu'à filière de formation identique, les hommes sont systématiquement mieux rémunérés que les femmes" et que des écarts de salaires persistent à profils proches (âge, postes occupés, responsabilités exercées, etc).

    Cette étude est basée sur une enquête menée par internet en février 2012 auprès de 12.500 cadres du secteur privé. Les résultats ont ensuite été redressés pour correspondre à un échantillon représentatif de la population des cadres en France.

    <figure class="box_400 left"> <figcaption class="h3">Hommes-femmes : les écarts demeurent </figcaption>

    Selon l'étude publiée vendredi 8 mars par l'Insee, dans le secteur privé, les femmes ont perçu une rémunération inférieure de 28% à celle des hommes. Et de 18% dans le public.

    Dans un entretien au Parisien, Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes promet des sanctions financières pouvant aller jusqu'à 1 % de la masse salariale, ou la suppression des exonérations de cotisations sociales. La mesure déjà décidée mais jamais appliquée pourrait entrer en vigueur d'ici six mois.

    </figure></section>

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  • 14 mars 2013 - 19H08  lien

     

    Binôme homme/femme dans les départements:
    le Sénat persiste et signe

    Le Sénat a rejeté à nouveau jeudi en deuxième lecture la création d'un binôme homme-femme pour les élections cantonales, au coeur du projet de loi de Manuel Valls réformant les scrutins locaux.

    Le Sénat a rejeté à nouveau jeudi en deuxième lecture la création d'un binôme homme-femme pour les élections cantonales, au coeur du projet de loi de Manuel Valls réformant les scrutins locaux.

    AFP - Le Sénat a rejeté à nouveau jeudi en deuxième lecture la création d'un binôme homme-femme pour les élections cantonales, au coeur du projet de loi de Manuel Valls réformant les scrutins locaux.

    L'article 2 instituant ce mode de scrutin inédit, un homme et une femme élus en même temps dans de nouveaux cantons redessinés, a été rejeté par 185 voix contre 137.

    Toutefois, l'UMP a laissé entrevoir la possibilité de s'abstenir lors du vote final sur l'ensemble du texte, désormais édulcoré, pour qu'il soit adopté, et ainsi permettre à la Haute Assemblée de peser lors de la commission mixte paritaire (CMP) chargée d'harmoniser les positions entre le Sénat et l'Assemblée nationale. En janvier, les sénateurs avaient rejeté le projet de loi dans sa totalité.

    Le débat a repris sur les autres articles. Les sénateurs ont fixé à l'unanimité à 1.000 habitants, au lieu de 3.500 actuellement, le seuil à partir duquel sera en vigueur le mode de scrutin proportionnel par liste pour les élections municipales. L'Assemblée nationale avait retenu le chiffre de 500 habitants.

    Le vote final sur l'ensemble du texte devait avoir lieu dans la soirée ou vendredi.

    "Ce vote va être important pour la suite de nos débats et ceux de l'Assemblée nationale", avait souligné le ministre avant le vote sur l'article 2. "En rejetant cet article, chacun prendra ses responsabilités (...) il serait dommage que le Sénat, alors qu'il représente les collectivités, ne porte pas cette réforme", avait-il ajouté.

    Il avait précisé qu'il "resterait ouvert" sur plusieurs éléments, comme la possibilité d'avoir un écart de population de plus ou moins 30% entre cantons d'un même département - et non plus de 20% - ou encore le seuil de qualification de 12,5% des inscrits pour le second tour des cantonales.

    Manuel Valls a aussi assuré que pour le redécoupage, le Conseil d'État serait saisi pour chaque département et que "chaque Conseil général donnera son avis".

    "Nous sommes confrontés à un choix difficile", avait reconnu l'ancien président UMP du Sénat Gérard Larcher à l'ouverture des débats. "Si nous rejetons l'ensemble du texte, nous condamnons le Sénat à s'en remettre à la rédaction finale de l'Assemblée nationale" sur un document relatif aux collectivités territoriales".

    Mais "l'intérêt supérieur de nos collectivités territoriales peut nous amener, aujourd'hui, à considérer l'opportunité d'une +abstention négative+", avait-il poursuivi.

    Les sénateurs UMP ont d'ailleurs été partagés sur les amendements de suppression de l'article 2 sur le scrutin binominal paritaire, qui ont été rejetés pour permettre de poursuivre l'examen du texte.

    Tout en étant hostile au binôme, l'UMP Jean-René Lecerf s'est interrogé : "à quoi serviront le travail partenarial de la commission des lois, les innombrables avancées qu'il a permis, si l'article 2 est rejeté?".

    Affirmant que "la parité va dans le sens de l'histoire", Bruno Sido, également président UMP du conseil général de Haute-Marne, a estimé pour sa part que "rejeter cet article serait rééditer l'échec de la première lecture: huit jours de discours et de débats pour rien". "Personnellement, je ne prendrai pas part au vote", a-t-il dit.

    André Reichardt, sénateur UMP, a lui appelé à rejeter l'article.

    Les communistes, qui défendent de leur côté un scrutin à la proportionnelle, n'ont pas voté non plus ces amendements de suppression. "Nous ne voulons pas faire le deuil d'un débat sur l'article 2 ni des réponses du ministre sur nos amendements", a indiqué la présidente de leur groupe Eliane Assassi.

    "Ce scrutin juste va s'imposer dans les moeurs", c'est un scrutin "qui peut révolutionner la représentation politique", a jugé M. Valls.


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  • Accueil > Monde > INDE. Etudiante violée : le principal suspect s'est pendu

    INDE. Etudiante violée : le principal suspect s'est pendu

    Créé le 11-03-2013 à 07h09 - Mis à jour à 07h33   lien

    Son corps a été retrouvé peu avant l'aube dans la cellule qu'il occupait à New Delhi. L'affaire de viol collectif avait bouleversé le pays en décembre dernier.

     

    Une ambulance quitte la prison de Tihar, à New Delhi, le 11 mars 2013. Le corps de l'un des six auteurs présumés du viol collectif ayant entraîné la mort d'une étudiante de 23 ans a été retrouvé peu avant l'aube dans la cellule qu'il occupait seul. (AFP PHOTO/ MANAN VATSYAYANA)

    Une ambulance quitte la prison de Tihar, à New Delhi, le 11 mars 2013. Le corps de l'un des six auteurs présumés du viol collectif ayant entraîné la mort d'une étudiante de 23 ans a été retrouvé peu avant l'aube dans la cellule qu'il occupait seul. (AFP PHOTO/ MANAN VATSYAYANA)
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    Le meneur présumé du viol collectif d'une étudiante en Inde, une affaire qui avait bouleversé le pays en décembre dernier, s'est pendu lundi 11 mars dans sa cellule à New Delhi, provoquant la colère de la famille de la victime.

    Le corps de Ram Singh, l'un des six auteurs présumés du viol ayant entraîné la mort de l'étudiante de 23 ans, a été retrouvé peu avant l'aube dans la cellule qu'il occupait seul, ont indiqué les autorités pénitentiaires de la prison de haute sécurité, Tihar, dans le nord de la capitale fédérale indienne.

    "Il a noué ensemble tous ses vêtements, est monté sur un tabouret en bois et s'est pendu au plafonnier", a déclaré un responsable de la prison, Sunil Gupta. La justice a ouvert une enquête pour déterminer s'il y a eu des failles dans la sécurité, a-t-il précisé.

    Ram Singh était le conducteur de l'autobus dans laquelle la victime était montée, avec son compagnon, après une séance au cinéma le soir du 16 décembre. Singh et des amis, après avoir beaucoup bu, avaient emprunté le véhicule pour une virée nocturne dans New Delhi.

    Le suspect encourait la peine de mort

    Le groupe avait passé à tabac le compagnon, puis violé, battu et torturé la jeune femme avec une barre de fer, avant de balancer le couple sur le trottoir. Transférée dans un hôpital de Singapour après plusieurs opérations chirurgicales en Inde, l'étudiante avait succombé le 29 décembre.

    Singh avait comparu plusieurs fois devant une cour d'assises de New Delhi pour répondre des chefs d'accusation de meurtre, viol et enlèvement. Il encourait la peine de mort.

    Selon le père de la victime, son suicide témoigne d'une claire négligence des autorités, qui prive la famille du droit à la justice. "Nous ne comprenons pas comment la police a pu échouer à protéger Ram Singh. Ils savaient qu'il était l'accusé principal dans l'affaire de ma fille", a dénoncé le père, qui ne peut être nommé pour des raisons juridiques.

    "Pourquoi l'ont-ils laissé choisir la façon dont il voulait mourir ? La police a échoué et je me demande ce qu'il va advenir du procès désormais", a-t-il ajouté. La mère de la victime a pour sa part confié son choc en apprenant la nouvelle : "Je voulais simplement la justice pour ma fille. Le principal accusé est mort. Peut-être est-ce la culpabilité qui l'a tué ?", a-t-elle dit.

    Le procès devrait se poursuivre

    Selon un responsable de la police, qui a requis l'anonymat, le procès devrait toutefois se poursuivre. Ram Singh avait été présenté pour la première fois à un juge le 3 janvier. "Le procès continue. Il n'y a aucune raison pour que le procès en pâtisse", a ajouté le policier, qui a travaillé sur le dossier, précisant que Singh s'était suicidé à 5h15 locales.

    Outre Ram Singh, quatre hommes, dont son frère Mukesh, sont actuellement jugés en cour d'assises. Un cinquième auteur présumé, âgé de 17 ans, est jugé séparément par une juridiction pour mineurs et il encourt une peine maximale de trois ans dans un centre pour mineurs délinquants.

    Singh, un veuf d'une trentaine d'années originaire du Rajasthan (ouest), était le chauffeur habituel de l'autobus qui servait en temps normal au transport scolaire. Il vivait dans un bidonville de la capitale, Ravi Dass Colony, où ses voisins l'ont décrit comme un bagarreur et un alcoolique. Son corps a été transporté à l'hôpital public Deen Dayal Upadhyay et son frère a été prévenu, a indiqué une source policière.

    Le viol collectif, qui a eu un retentissement international, a profondément choqué en Inde et de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer la façon dont la police et la justice méprisaient les affaires d'agressions sexuelles.


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    Simone de Beauvoir et la Journée des femmes : la femme n'est pas une catégorie à part

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    <time class="date-post" datetime="2013-03-09T09:53:05" itemprop="dateModified">Modifié le 09-03-2013 à 09h53</time>

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    LE PLUS. "On ne naît pas femme, on le devient", écrivait Simone de Beauvoir dans "Le Deuxième sexe". En cette journée internationale des droits des femmes, notre contributeur a souhaité revenir sur cette célèbre phrase, devenue un slogan pour de nombreuses et nombreux féministes. À ses yeux, elle fait à tort des femmes une catégorie à part.
     

    Édité par Rozenn Le Carboulec  Auteur parrainé par Amandine Schmitt

    Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre en février 1967 (DALMAS/SIPA)

    Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre en février 1967 (DALMAS/SIPA) 

     

    On naît femme et on devient une personne. L’idée que Simone de Beauvoir présente dans "Le Deuxième sexe" – "on ne naît pas femme, on le devient" – se veut spécifique aux femmes. Or, elle s’étend, en toute logique, à toute caractéristique humaine.

     

    On ne naît pas homme, on le devient. On ne naît pas humain, on le devient. On ne naît pas garçon de café, on le devient. On ne naît pas timide, ouvert, humble ou orgueilleux, on le devient. On ne naît pas noir, blanc ou peau-rouge, on le devient. Il serait ainsi possible de décliner toutes les qualités qui font qu’un être humain est un être humain. Reste posée la question des qualités innées et des qualités acquises.

     

    Prenons l’exemple d’une personne handicapée de naissance. D’un côté, il est impossible de dire, en ce cas "on ne naît pas handicapé". D’un autre, la façon dont on traite, assume et vit son handicap fait, non pas que l’on devient une personne handicapée, mais que l’on devient une certaine personne handicapée. Tout comme toute personne, femme ou homme, devient une certaine femme ou un certain homme.

     

    Une théorie qui reprend celle de Sartre

     

    La théorie de Simone de Beauvoir est postérieure à celle de Sartre, pour qui il n’y a pas de nature humaine. L’homme n’a pas d’essence prédéterminée : "L’existence précède l’essence". Il n’est rien et il a à devenir quelqu’un selon le choix qu’il doit faire de lui-même, auquel il n’échappe pas : "L’homme est condamné à être libre".

     

    Curieux comportement intellectuel, dès lors, d’une Simone de Beauvoir qui, revendiquant la liberté de la femme à se choisir elle-même, le fait dans une reprise féminine – féministe… – d’un principe énoncé par un homme – son compagnon – et dans l’ambiguïté habituelle qui, lexicalement parlant, semble parfois jouer sur la confusion entre "Homme" et "homme", et réduire le premier au second. Autrement dit : comment l’émancipation de la femme pourrait-elle se construire sur l’idée selon laquelle nous serions condamnés, forcés à choisir qui nous sommes, idée qui, de surcroît, provient d’un homme ?

     

    Oui, certains hommes sont des prédateurs et certaines femmes les victimes de ces prédateurs. Simone de Beauvoir le dit en d’autres termes dans une tendance généralisante à peine sous-entendue. Mais faut-il pour autant voir en toute femme une victime potentielle, et en tout homme un prédateur possible ? S’il n’y a pas de nature humaine, alors, rien ne prédestine telle femme ou tel homme à avoir tel profil, comme une fatalité.

     

    Si, comme le dit Simone de Beauvoir, la femme a longtemps été et est encore l’objet de l’homme, et que sa philosophie consiste à dire que l’on se choisit, que l’on devient femme, faudrait-il en conclure que la femme violée s’est choisie femme violée, que la femme battue s’est choisie femme battue, que la femme exploitée s’est choisie femme exploitée ? Il y a, dans les implications de cette conception de l’être humain, quelque chose d’illogique et, finalement, de profondément déterministe et "masculin".

     

    L'homme et la femme ne font qu'un en terme de personne

     

    Ne serait-ce pas le fait de considérer tout être humain comme, justement, un humain en général, appartenant à un genre ne faisant qu’un, qui démontrerait le mieux le respect qui lui est dû ?

     

    Pour Ricœur, "quelque chose est dû à l’être humain du fait qu’il est humain". La raison ? La raison naturelle, universelle des penseurs de l’époque moderne ? Tout être humain, femme et homme, a une raison. Certes, mais un problème se pose pour celle ou celui qui a perdu sa raison, la personne dans le coma ou la personne démente. Or, celle ou celui qui n’a plus sa raison, est-elle ou est-il pour autant exclue de l’humanité ? Certes non.

     

    Dès lors, qu’est-ce qui est "dû à l’être humain du fait qu’il est humain" ? Le respect de sa dignité. Cette dignité est une. Elle vaut pour la femme, l’homme, l’enfant, le fœtus, le malade dans le coma, le cadavre humain, les morts et les générations à venir. Et de même que J. F. Kennedy déclarait "Ich bin ein Berliner" (Je suis un Berlinois), tout homme pourrait dire, en quelque sorte : "Je suis une femme". Après tout, la grammaire oblige bien la femme à dire qu'elle est un Homme.

     

    Disons que, si la journée de la femme doit servir à quelque chose, ce ne doit pas être, me semble-t-il, pour montrer la femme comme une catégorie à part, ainsi que l’homme, mais au contraire pour montrer que les deux ne font qu’un en terme de personne.

     

    Au fond, si journée il doit y avoir, ce devrait être celle de la personne. Commençons dès lors par réformer une partie de notre langage et changer le mot par lequel nous nommons l’Homme, c’est-à-dire l’homme. Et cesser de se sentir obligé, comme je l’ai fait plus haut, de dire "elle" avant "lui" et "celle" avant "celui".

     

    Le respect de la dignité de la personne valable pour tous

     

    L’"être humain" est trop long, "l’humain" trop court. Et en attendant de réformer un langage qui, effectivement, a construit "Homme" et "humain" sur une équivocité probablement machiste, l’usage du mot "personne" est un bon concept. Un mot féminin, en plus (les femmes adorent souvent chez l’homme un brin de féminité, alors autant en profiter…). Et, par opposition à l’"individu", qui désigne quelqu’un d’interchangeable dans une sorte de numérotation souvent méprisante, la "personne" est marquée par un impératif : le respect de sa dignité propre qui, en même temps, valant pour toute personne, est universelle.

     

    Le respect de la dignité de la personne passe par la reconnaissance de droits naturels, à commencer le droit de disposer de sa propre personne. C’est ainsi que la journée de la femme constitue aussi la journée des droits de la femme. Mais alors le questionnement philosophique classique revient à la charge : la femme est-elle une et les femmes ont-elles besoin des mêmes droits ?

     

    Si on ne naît pas femme – il n’y aurait pas de détermination féminine qui serait naturelle et biologique – mais qu’on le devient, alors toutes les femmes deviennent-elles toutes les mêmes femmes, avec les mêmes besoins en terme de droit ? Cette question s’est posée pour l’Homme et les Droits de l’Homme – dont on a dit qu’ils étaient surtout ceux de l’homme – : l’homme est-il un et ont-ils tous besoin des même droits ?

     

    Pour conclure, je suis d’accord avec Laura-Maï Gaveriaux et son concept d’"injonction identitaire". On ne force pas une personne à être ce qu’elle devrait être. Et à sectionner l’humanité en journées où chacun revendique un intérêt particulier au nom d’un caractéristique particulière, nous finirons tous par cultiver un jardin personnel entouré de quatre murs.


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