Le meneur présumé du viol collectif d'une étudiante en Inde, une affaire qui avait bouleversé le pays en décembre dernier, s'est pendu lundi 11 mars dans sa cellule à New Delhi, provoquant la colère de la famille de la victime.
Le corps de Ram Singh, l'un des six auteurs présumés du viol ayant entraîné la mort de l'étudiante de 23 ans, a été retrouvé peu avant l'aube dans la cellule qu'il occupait seul, ont indiqué les autorités pénitentiaires de la prison de haute sécurité, Tihar, dans le nord de la capitale fédérale indienne.
"Il a noué ensemble tous ses vêtements, est monté sur un tabouret en bois et s'est pendu au plafonnier", a déclaré un responsable de la prison, Sunil Gupta. La justice a ouvert une enquête pour déterminer s'il y a eu des failles dans la sécurité, a-t-il précisé.
Ram Singh était le conducteur de l'autobus dans laquelle la victime était montée, avec son compagnon, après une séance au cinéma le soir du 16 décembre. Singh et des amis, après avoir beaucoup bu, avaient emprunté le véhicule pour une virée nocturne dans New Delhi.
Le suspect encourait la peine de mort
Le groupe avait passé à tabac le compagnon, puis violé, battu et torturé la jeune femme avec une barre de fer, avant de balancer le couple sur le trottoir. Transférée dans un hôpital de Singapour après plusieurs opérations chirurgicales en Inde, l'étudiante avait succombé le 29 décembre.
Singh avait comparu plusieurs fois devant une cour d'assises de New Delhi pour répondre des chefs d'accusation de meurtre, viol et enlèvement. Il encourait la peine de mort.
Selon le père de la victime, son suicide témoigne d'une claire négligence des autorités, qui prive la famille du droit à la justice. "Nous ne comprenons pas comment la police a pu échouer à protéger Ram Singh. Ils savaient qu'il était l'accusé principal dans l'affaire de ma fille", a dénoncé le père, qui ne peut être nommé pour des raisons juridiques.
"Pourquoi l'ont-ils laissé choisir la façon dont il voulait mourir ? La police a échoué et je me demande ce qu'il va advenir du procès désormais", a-t-il ajouté. La mère de la victime a pour sa part confié son choc en apprenant la nouvelle : "Je voulais simplement la justice pour ma fille. Le principal accusé est mort. Peut-être est-ce la culpabilité qui l'a tué ?", a-t-elle dit.
Le procès devrait se poursuivre
Selon un responsable de la police, qui a requis l'anonymat, le procès devrait toutefois se poursuivre. Ram Singh avait été présenté pour la première fois à un juge le 3 janvier. "Le procès continue. Il n'y a aucune raison pour que le procès en pâtisse", a ajouté le policier, qui a travaillé sur le dossier, précisant que Singh s'était suicidé à 5h15 locales.
Outre Ram Singh, quatre hommes, dont son frère Mukesh, sont actuellement jugés en cour d'assises. Un cinquième auteur présumé, âgé de 17 ans, est jugé séparément par une juridiction pour mineurs et il encourt une peine maximale de trois ans dans un centre pour mineurs délinquants.
Singh, un veuf d'une trentaine d'années originaire du Rajasthan (ouest), était le chauffeur habituel de l'autobus qui servait en temps normal au transport scolaire. Il vivait dans un bidonville de la capitale, Ravi Dass Colony, où ses voisins l'ont décrit comme un bagarreur et un alcoolique. Son corps a été transporté à l'hôpital public Deen Dayal Upadhyay et son frère a été prévenu, a indiqué une source policière.
Le viol collectif, qui a eu un retentissement international, a profondément choqué en Inde et de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer la façon dont la police et la justice méprisaient les affaires d'agressions sexuelles.