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Par marialis2.2 le 28 Février 2013 à 17:56
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- Publié le <time datetime="2013-02-26T09:26" itemprop="datePublished" pubdate=""> 26/02/2013 à 09:26</time>
Dans la tempête de réactions qui a suivi le drame, le président Jacob Zuma a condamné un crime "choquant, cruel et inhumain". L'opposition a organisé une (petite) manifestation devant le Parlement, la Ligue des femmes de l'ANC (le parti au pouvoir) a "appelé à l'action" et la fédération syndicale Cosatu a lancé un vaste brainstorming pour trouver des solutions.
Le viol collectif particulièrement sauvage d'une adolescente sud-africaine, abandonnée mourante après avoir été éventrée, a rappelé à l'Afrique du Sud qu'elle détenait le triste record mondial du nombre de viols, des mouvement de protestation récurrents n'y changeant pas grand-chose.
Deux des auteurs présumés de ce "viol en réunion" devaient comparaître mardi pour demander une libération sous caution.
Le calvaire d'Anene Booysen, le 2 février dans la petite ville de Bredasdorp (sud-ouest), a écoeuré le pays.
Cette jeune fille de 17 ans a été violée en sortant d'un pub par un groupe d'hommes - dont faisait partie son ex-petit ami, selon l'accusation -, éventrée, éviscérée. La victime a été découverte agonisante par des agents de sécurité et elle est morte à l'hôpital quelques heures plus tard, après avoir dénoncé l'un de ses agresseurs.
Mais comme à chaque fois qu'un viol particulièrement affreux suscite l'indignation, le soufflé est vite retombé. Les médias et le public se sont passionnés pour l'affaire du champion handisport Oscar Pistorius, accusé du meurtre de sa petite amie, et ont oublié le drame de Bredasdorp.
"Je crois que l'indignation publique a été largement conduite par les médias, ce qui est aussi un problème car ils ne se concentrent que peu de temps sur un sujet", juge Lucy Holborn, chercheuse à l'Institut sud-africain des relations entre les races (SAIRR).
Dans la tempête de réactions qui a suivi le drame, le président Jacob Zuma a condamné un crime "choquant, cruel et inhumain". L'opposition a organisé une (petite) manifestation devant le Parlement, la Ligue des femmes de l'ANC (le parti au pouvoir) a "appelé à l'action" et la fédération syndicale Cosatu a lancé un vaste brainstorming pour trouver des solutions.
Mais la tâche est rude.
"De nombreux Sud-Africains sont victimes de leur histoire et de leur situation économique. Le chômage et l'abus de drogues ajoutent un ennui enivré à une culture sociale qui semble donner aux hommes un droit aux corps des femmes. Rien de tout ça ne peut être changé du jour au lendemain", s'est désolé dans un éditorial le journaliste Stephen Grootes.
"La brutalité et la cruauté contre des femmes sans défense est inacceptable et n'a pas sa place dans notre pays", a déclaré le président Zuma devant le Parlement le 14 février, appelant à "une unité d'action pour éradiquer ce fléau".
Mais le chef de l'Etat n'a pas annoncé de mesures concrètes. Lui-même a déjà été jugé pour viol, et acquitté. Il a nommé à la tête de la Cour constitutionnelle un juge qui avait réduit les peines de violeurs. Et le centre d'assistance aux victimes a failli fermer il y a quelques mois, faute de moyens.
Toutes les quatre minutes
Des radios ont diffusé pendant quelques heures un "bip" toutes les quatre minutes - soit la fréquence des viols dans le pays - pour sensibiliser la population. Mais certaines statistiques montrent qu'une femme serait violée toutes les 17 secondes en Afrique du Sud. Surtout dans les townships et les zones rurales où certains croient, par exemple, que violer une jeune vierge guérit du sida.
De fait, les statistiques sont effrayantes: 40% des Sud-Africaines seront violées dans leur vie (de même que 3,5% des hommes), plus du quart des hommes admettent avoir déjà commis un viol et le quart des violeurs sont séropositifs.
Les chiffres varient selon les sources, car la majorité des cas ne sont pas rapportés à la police. Seuls 14% des violeurs passeraient en jugement.
La loi prévoit bien la perpétuité pour les viols en réunion ou de mineurs - ce qui n'a pas empêché Jacob Zuma de demander "les plus dures sentences" pour les agresseurs d'Anene Booysen -, mais cette perspective ne semble pas calmer les pulsions de nombreux Sud-Africains.
Dans les jours qui ont suivi le calvaire d'Anene Booysen, une autre adolescente a été violée en réunion et tuée près du Cap, et la police a arrêté dans le Nord-Ouest le violeur et meurtrier présumé d'une "gogo" (grand-mère) de 98 ans.
Pas plus tard que vendredi, un homme a violé un bébé de 2 ans dans le nord du pays. Il était en liberté sous caution après avoir forcé deux femmes, dont une "gogo".
"L'indignation fait quelque chose, elle permet d'attirer l'attention sur le problème, mais ça peut passer très vite", regrette la sociologue Lucy Holborn, estimant que le pays aurait surtout besoin d'une police et d'une justice efficaces, ainsi que de programmes d'éducation dignes de ce nom.
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Par marialis2.2 le 20 Février 2013 à 00:10
Les couvents de la Madeleine, une «honte nationale» selon le Premier ministre irlandais
Mis à jour le 19.02.13 à 22h23 lienLe Premier ministre irlandais Enda Kenny a estimé mardi que les couvents de la Madeleine, où des milliers de jeunes femmes ont été exploitées pendant plus de 70 ans, constituaient «une honte nationale».
Au nom de la République, il a fait publiquement ses excuses aux victimes, des «femmes perdues» aux yeux des religieuses catholiques qui les enrôlaient dans leurs établissements, et dont le sort funeste a été popularisé en 2002 dans le film The Magdalene Sisters. Dans ces couvents, appelés aussi les blanchisseries Magdelene car on y lavait et repassait du linge pour l'Etat et des entreprises privées, les nonnes imposaient un régime de fer aux jeunes femmes placées sous leur férule, souvent parce qu'elles étaient enceintes sans être mariées.
Entre 1922, date de la fondation de la République irlandaise, et 1996, une femme sur dix internées dans ces lieux y est morte. La plus jeune est décédée à l'âge de 15 ans. «C'est une honte nationale pour laquelle je suis profondément désolé et pour laquelle j'offre mes plus sincères et totales excuses», a déclaré le chef du gouvernement au parlement, écouté attentivement dans les travées du public par des survivantes.
Avec Reuters
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Par marialis2.2 le 16 Février 2013 à 18:21
11/02/2013 / ÉGYPTE
Le récit bouleversant d’une agression sexuelle place Tahrir
Capture d'écran de la vidéo filmant la scène. Le cercle rouge montre l'emplacement de la victime, que l'on voit à peine au milieu de ses agresseurs.Les images d’une agression sexuelle place Tahrir le 25 janvier, alors que les Égyptiens commémoraient les deux ans de leur révolution, ont fait le tour du monde. Ce jour là, notre Observateur Mostafa Kandil a tenté d’intervenir pour protéger la victime, assaillie par des centaines d’hommes déchaînés. Il raconte ces quelques minutes d’horreur.Selon les groupes anti-harcèlement locaux, au moins 19 agressions sexuelles ont eu lieu au cours de la seule journée du 25 janvier au niveau de la place Tahrir où des manifestants célébraient les deux ans de la révolution. Ce jour-là, une des victimes a même été violée et mutilée avec un objet tranchant. Une violence extrême qui a indigné nombre d’Égyptiens, mais qui n’étonne plus. En Égypte, le harcèlement sexuel est extrêmement fréquent, notamment dans les grandes villes. Plus de 80 % des femmes en ont été victimes, selon le Centre égyptien pour le droit des femmes.Contributeurs"J’ai toujours entendu parler de harcèlement, mais c’est très différent de vivre les choses de l’intérieur"
Mostafa Kandil est étudiant en dentaire au Caire et membre d’un groupe qui tente, pendant les manifestations, de défendre les femmes victimes de harcèlement sexuel.On était sur la place Tahrir quand on a entendu des cris et des gens sont venus nous alerter sur une agression. Une fois sur place, on a essayé de se frayer un chemin à travers la foule, certains hommes étaient armés de bâtons et de ceintures. La victime était coincée entre ses agresseurs et une clôture.J’ai essayé de calmer la jeune fille en lui répétant : "Je m’appelle Mostafa, je fais partie des groupes contre le harcèlement sexuel." Elle m’a regardé droit dans les yeux et m’a dit "Je t’en prie, aide-moi ! ". Et elle s’est accrochée à moi pendant que la foule nous poussait contre la clôture.Soudain, il y a eu une détonation qui a forcé tout le monde à reculer. Mes camarades et moi avons profité de l’occasion pour nous diriger vers l’une des artères voisines, espérant nous abriter dans le hall d’un immeuble."Par petits morceaux, ils ont commencé à couper les vêtements de la fille"Mais les gars qui nous entouraient nous ont suivi et ont sorti des couteaux. Ils ont commencé à couper les vêtements de la fille. Je sentais que j’étais en train de la perdre, des gens la tiraient de tous les côtés.Quelques instants plus tard, la fille n’avait plus de t-shirt. Je la tenais encore par le bras et elle essayait de s’accrocher à moi. Des hommes la tiraient : l’un par la jambe, l’autre par les cheveux, etc. Des centaines de personnes étaient attroupées autour de nous et au milieu de cette foule, je ne voyais plus qu’un ou deux membres de notre groupe.Sous cette pression, la fille a fini par tomber et je l’ai perdue. Un ou deux jeunes hommes ont essayé de s’allonger sur elle, je ne sais pas s’ils essayaient de la protéger ou voulaient au contraire l’agresser. Malgré les coups qui fusaient, mes camarades et moi avions réussi à la relever. C’est alors que j’ai reçu un coup de bâton sur la tête.J’ai perdu mon équilibre et j’ai été éjecté du cercle. Je me suis touché la tête, il y avait du sang. J’ai essayé de me ressaisir et je suis allé chercher la fille à nouveau. Quand je suis arrivé à son niveau, un jeune homme a sorti un couteau de cuisine et m’a forcé à reculer."Je voyais la fille assise sur le trottoir, pliée en deux, entourée par la foule"Je ne sais plus comment j’ai pu faire pour revenir à nouveau aux côtés de la jeune fille. Je l’ai prise à nouveau par le bras et nous nous sommes dirigés avec mes camarades vers la place. Soudain, quelqu’un a crié dans la foule "Revenez, espèce de fils de *** !" et il a lancé un cocktail molotov en notre direction. Le feu a pris sur nos vêtements. La fille elle n’avait plus que son pantalon. Nous sommes partis vers un bâtiment de la place Tahrir. À ce moment-là, j’ai senti une main me tirer par derrière, puis quelqu’un qui essayait de mettre sa main dans mon pantalon. Je ne sais pas pourquoi cet homme a fait ça. Je l’ai repoussé et il est parti.Nous sommes arrivés au niveau d’une autre clôture. J’ai reçu des coups et j’ai été jeté de l’autre côté du grillage. Je voyais la fille assise sur le trottoir, pliée en deux, entourée par la foule. J’ai sauté par-dessus la clôture pour revenir auprès d’elle et essayer de l’amener jusqu’au KFC de la place Tahrir, avec l’aide de deux camarades du groupe, mais on n’a pas pu la dégager de la foule.Soudain, un des vendeurs de la place nous a demandé si on faisait partie du groupe de lutte contre le harcèlement sexuel. Quand on dit oui, il s’est emparé d’une bombonne de gaz, a allumé une flamme et s’est mis à menacer les agresseurs afin qu’ils s’éloignent de la fille. Deux jeunes qui étaient à ses côtés lui ont passé leur chemise et leur pantalon. Ils l’ont ensuite fait passer de l’autre côté de la clôture. Mais la flamme s’est éteinte et les hommes sont revenus vers nous."Je savais juste que j’allais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour la protéger, malgré les quelques centaines de personnes qui nous entouraient"Alors que nous nous dirigions vers le KFC de la place Tahrir, la foule nous a rattrapés et nous a poussés à l’intérieur d’un immeuble voisin. Deux de mes camarades essayaient de m’aider à protéger la fille, malgré les coups. Quelqu’un a profité de la confusion générale pour glisser sa main dans la poche de mon pantalon pour prendre mon téléphone portable. Je l’ai frappé en criant "au voleur !" afin de détourner l’attention des gens autour de nous.Je me rappelle avoir regardé la fille dans les yeux et lui avoir dit à nouveau : "Je suis du groupe de lutte contre le harcèlement sexuel et je vais te sortir de là. Je le ferai, je le ferai !". Au fond, je n’étais pas sûr de pouvoir y arriver, car il y avait des dizaines de personnes qui nous entouraient.C’est là que j’ai réalisé que si cette foule l’attaquait, c’est parce qu’elle voyait que c’était une fille. J’ai donc enlevé mon sweat-shirt et je lui ai demandé de le mettre et de se couvrir la tête avec la capuche. On a réussi à traverser la foule en la faisant passer pour un garçon. On avait si peu d’espace autour de nous que l’on arrivait à peine à respirer.Je l’ai tenue par le dos et nous nous sommes dirigés doucement vers le KFC. Personne ne se rendait compte au départ qu’il s’agissait d’une fille. En arrivant au KFC, on a découvert qu’il était fermé, nous avons donc continué à avancer. Mais une voix dans la foule a crié que la fille s’est enfuie et ils se sont remis à nos trousses. J’ai vu un immeuble à quelques mètres de nous. Le concierge était en train de fermer les portes en voyant la foule qui approchait. Nous avons couru en sa direction. La jeune fille est tombée à plusieurs reprises, et à chaque fois je la relevais et je la poussais vers la porte. Nous avons finalement réussi à nous glisser à l’intérieur de l’immeuble et la porte s’est refermée derrière nous. Je suis tombé par terre, essoufflé. Une dame est sortie de son appartement, elle a essayé de nous calmer et nous a offert de l’eau."Je ne l'ai plus revue depuis, je sais juste que mes camarades se sont occupés d’elle"La jeune fille a fondu en larmes, elle me tenait le bras et me demandait de ne pas la laisser toute seule. Dehors, des centaines de personnes étaient en train de crier, armes à la main. Certains disaient qu’ils étaient ses cousins et voulaient entrer. Elle était terrorisée.Nous sommes restés un moment dans la loge du concierge. Elle s’est allongée sur le lit. J’ai appelé un de mes camarades du groupe pour qu’il nous envoie des vêtements et appelle une ambulance, mais nous nous sommes rendus compte qu’il était hors de question de faire sortir la fille avec la foule furieuse qui était dehors. Le concierge m’a alors proposé de la faire passer par une porte dérobée qui reliait l’immeuble à la cuisine du KFC. Elle est alors partie avec des camarades de mon groupe et ils se sont occupés de la mettre en sécurité. Je ne l’ai pas revue depuis.J’ai toujours entendu parler de harcèlement, mais c’est très différent de vivre les choses de l’intérieur. Je n’imaginais pas du tout l’enfer que ça pouvait être. Depuis novembre, on a vraiment l’impression que des groupes d’hommes se retrouvent exprès lors des manifestations pour agresser les femmes. Après avoir vécu ça, je n’ai qu’un mot à dire à toutes les filles de ce pays qui ont été harcelées et agressées : vous êtes les plus fortes et les plus admirables.
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Par marialis2.2 le 12 Février 2013 à 21:27Dernière modification : 12/02/2013 lien
- Crimes sexuels - Égypte
L’agression sexuelle devient un enjeu politique en Égypte
© Doaa EladlFace à la multiplication des agressions de femmes égyptiennes dans la rue, le Sénat s’est positionné : les femmes sont considérées comme "100 % responsables" de ce qui leur arrive. Les activistes répondent en créant des milices d’intervention.
Par Priscille LAFITTE (texte)Les violences dirigées contre les femmes égyptiennes durant les dernières manifestations anti-Morsi ont été balayées d’un revers de main par les élus à la commission des droits de l’Homme du Sénat, lundi 11 février. Les femmes qui manifestent sur la place Tahrir "savent pertinemment qu’elles sont au milieu de voyous. Elles devraient se protéger avant d’exiger que le ministère de l’Intérieur le fasse. Si elle s’expose en de telles circonstances, la femme porte la responsabilité à 100 %", a déclaré le général Adel Abdel-Maksoud Afifi, issu des rangs du parti salafiste Hizb el-asala (le parti de l’authenticité), rattaché au principal parti salafiste Al-Nour.
Aux déclarations du général Afifi se sont ajoutées, lundi, celles du chef adjoint du département de la sécurité publique, Abdel Fattah Othman. Il a estimé devant le Sénat que la présence de forces de l’ordre pour protéger les femmes sur la place Tahrir était une question "sensible", en suggérant que la sécurité de ses propres hommes ne serait pas assurée. La loi égyptienne prévoit des peines pénales en cas de viol, mais ne mentionne pas les cas d’agressions sexuelles, a précisé Abdel Fattah Othman. Le Premier ministre avait promis, en octobre dernier, un durcissement du dispositif législatif, une promesse restée lettre morte jusqu’à présent.
La tension autour du sujet est telle que chaque force politique doit se positionner. Avant les déclarations du Sénat et du représentant de la police, un prêcheur islamiste, Abu Islam, a déclaré, début février sur la chaîne de télévision privée al-Oum, que les "femmes se rendant à Tahrir sont des croisées et des veuves qui ne cherchent qu’à se faire violer". Ses propos ont suscité l’indignation de l’opposition. Le Front national du Salut, principale force politique d’opposition aux Frères musulmans, a publié un communiqué pour soutenir les victimes et critiquer le ministère de l’Intérieur pour son manque d’intervention.
Prise de conscience des hommes
La question des violences sexuelles en Égypte prend des proportions inédites depuis la date anniversaire des deux ans de la révolution, le 25 janvier dernier, quand le nombre d'agressions a atteint un triste record : 19 cas enregistrés sur la place Tahrir. Amnesty International, dans un rapport publié le 6 février, atteste que le nombre d’actes de violence a enflé depuis plusieurs mois. "On en parle de plus en plus, rapporte Sonia Dridi, correspondante de FRANCE 24 au Caire. D’abord parce que les femmes sont encouragées à témoigner, que le sujet est de moins en moins tabou. Mais aussi parce que les agressions se multiplient. Sous Moubarak, le viol était une menace connue des Égyptiennes, mais pas au point de les dissuader de descendre dans la rue. Depuis plusieurs mois, on sent nettement le danger. Je ne peux plus me promener seule sur la place Tahrir à partir de 23h, ce que je pouvais aisément faire il y a encore un an."
La conjonction des faits pousse à croire que ces agressions sont préméditées. "À voir les jeunes se mouvoir en groupe et fondre sur leur victime, cela semble organisé, affirme Sonia Dridi. Mais personne n’a encore désigné de responsable clair. Tout le monde a son idée : il pourrait s’agir d’anciens caciques de Moubarak qui veulent semer le chaos et décrédibiliser Morsi, il pourrait s’agir d’islamistes extrémistes..."
En réponse à ces attaques, les jeunes Égyptiens se prennent en main. Dans la rue, des foules d’hommes et de femmes défilent avec pour slogan : "stop au harcèlement sexuel". Début février, des manifestantes défilaient un couteau à la main. Mardi soir, des activistes et des associations ont donné rendez-vous devant toutes les ambassades égyptiennes à travers le monde, ainsi que sur l’avenue Talaat Harb qui mène à la place Tahrir, au Caire. Non-seulement les femmes défilent, mais également des hommes, nombreux à avoir pris conscience du phénomène. "Après mon agression, en octobre dernier, j’ai reçu des centaines de messages de soutien, en particulier d’hommes", se souvient Sonia Dridi.
À défaut de protection policière lors de ces manifestations, des milices civiles s’organisent sur Twitter : des groupes comme @TahrirBodyguard et @OpAntiSH fédèrent des jeunes hommes qui tentent d’intervenir au plus vite lorsqu’ils sont alertés d’une agression – lire le récit d’un jeune activiste sur les Observateurs -, et proposent des cours d’autodéfense aux femmes le jeudi soir.
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Par marialis2.2 le 7 Février 2013 à 23:08
07/02/2013 / ÉGYPTE lien
Les Égyptiennes sortent les couteaux contre les agressions sexuelles
Tahrir, c’est le symbole de la révolution égyptienne. Mais, depuis ces derniers mois, cette place du centre du Caire est aussi devenue le triste théâtre d’un nombre impressionnant d’agressions sexuelles. Et c’est en manifestant armées que des Égyptiennes ont décidé de dénoncer cette violence endémique.Selon les groupes anti-harcèlement locaux, 19 agressions sexuelles ont eu lieu au cours de la seule journée du 25 janvier au niveau de la place Tahrir où des manifestants célébraient les deux ans de la révolution. Ce jour-là, une des victimes a été agressée par une foule et violée avec un objet tranchant. Une violence extrême qui a indigné nombre de personnes en Égypte, un pays où le harcèlement sexuel est courant, notamment dans les grandes villes. Plus de 80 % des femmes en ont été victimes selon le Centre égyptien pour le droit des femmes.Dans un communiqué publié cette semaine, l’organisation Amnesty International exhorte les autorités égyptiennes à tout faire pour que les auteurs d’agressions sexuelles soient jugés. S’adressant au président Mohamed Morsi, l’organisation a, par ailleurs, demandé à ce que des "mesures radicales soient prises pour mettre un terme à cette culture de l’impunité". Les activistes égyptiens exigent quant à eux une protection policière renforcée ainsi que la mise en place d’une unité spéciale en charge des violences sexuelles.
Contributeurs"L’objectif des violeurs, c’est qu’on ne descende plus dans la rue"
Sally Zohney milite pour le droit des femmes. Elle vit au Caire.En écoutant les médias parler de la série de viols du 25 janvier, on avait l’impression que les femmes n’avaient plus d’autre choix que de cesser de manifester place Tahrir. Mais c’est justement l’objectif des violeurs et des agresseurs. Nous avons donc voulu leur montrer que ça ne marcherait pas en allant manifester et en appelant le gouvernement à renforcer la protection des manifestants. Nous avons marché au cri de 'Tant que le corps des femmes ne vaudra rien, nous protesterons contre le président'.Actuellement, la loi n’arrive pas à nous protéger. Les policiers expliquent aux femmes agressées qu’elles méritent ce qui leur est arrivé, car ce sont elles qui ont décidé de sortir manifester. Et comme le gouvernement laisse régner ce climat d’impunité, ça alimente le phénomène."Les femmes armées voulaient montrer que, désormais, elles sauraient répliquer"Le message des dizaines de femmes qui brandissaient des bâtons ou des couteaux de cuisine, c’était de montrer qu’elles sauraient désormais se défendre en cas d’agression. J’avoue que c’était effrayant, mais je comprends leur démarche.Heureusement, personne n’a attaqué le cortège. Nous étions escortées par des bénévoles, dont beaucoup de membres d’OpAnti-Sexual Harassment. Ils ont formé une sorte de bouclier humain autour de nous. Étant donné que des manifestations pour le droit des femmes ont déjà été attaquées, nous sommes toutes un peu paranoïaques.Il y avait des jeunes et des adultes, mais aussi des parents en colère qui nous ont crié leur soutien et leur fierté. Une victime de viol qui avait raconté son histoire aux médias est venue. Sa présence signifiait beaucoup pour nous. Nous avons envoyé un message fort : les femmes sont de retour dans les rues, même celles qui ont subi des attaques.Mais il n’y a pas que les manifestations. Le harcèlement sexuel est un problème quotidien. Ne serait-ce que sur la route vers le rassemblement, un homme a essayé de me toucher la poitrine. J’ai réussi à le repousser mais c’est éreintant de devoir toujours être sur le qui-vive, de vérifier qui est derrière, devant ou à côté de vous.
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