• Festival de l’Abbaye de Fontfroide 2012 : pour Montserrat…

     

     

    Festival de l’Abbaye de Fontfroide 2012 : pour Montserrat…

     

    Jordi Sa­vall, Hes­pè­rion XXI, La Ca­pella Reial de Ca­ta­lu­nya et de nom­breux mu­si­ciens in­vi­tés se re­trou­ve­ront à l’Ab­baye de Font­froide du 15 au 19 juillet pour le 7e Fes­ti­val Mu­sique et His­toire pour un Dia­logue In­ter­cul­tu­rel, une édi­tion dé­diée à la mé­moire de Mont­ser­rat Fi­gue­ras.

    PAR Clotilde Maréchal | FESTIVALS | 2 juillet 2012
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    Le sep­tième Fes­ti­val Mu­sique et His­toire pour un Dia­logue In­ter­cul­tu­rel se dé­rou­lera dans le cadre ma­gique de l’Ab­baye de Font­froide du 15 au 19 juillet. Une édi­tion pleine d’émo­tion car en­tiè­re­ment dé­diée à la mé­moire de Mont­ser­rat Fi­gue­ras, dis­pa­rue le 23 no­vembre 2011. Elle qui a été, tout au long de ces six pre­mières an­nées, la vé­ri­table âme du fes­ti­val, en tant qu’ins­pi­ra­trice de la pro­gram­ma­tion et comme chan­teuse et mu­si­cienne faite d’amour in­fini et de grâce, de sen­si­bi­lité ex­trême et de gé­né­ro­sité. Mont­ser­rat Fi­gue­ras l’illu­mi­nait de sa pré­sence, de sa voix, de son hu­ma­nité et de sa lu­mière qui ca­res­sait les mé­lo­manes. C’est cette lu­mière qui donne la force à l’équipe du fes­ti­val de conti­nuer sans sa pré­sence et qui ai­dera à com­bler le grand vide qu’elle laisse, avec les pro­jets qu’elle au­rait sou­haité réa­li­ser…

    Le Fes­ti­val Mu­sique et His­toire pour un Dia­logue In­ter­cul­tu­rel dé­bu­tera donc di­manche 15 juillet dans Eglise Ab­ba­tiale à 21h30 avec le pro­gramme Ju­di­cii Si­gnum / Pè­le­ri­nages de l'âme : un dia­logue des âmes qui réunira La Ca­pella Reial de Ca­ta­lu­nya, les mu­si­ciens in­vi­tés de Tur­quie, d’Ar­mé­nie, de Grèce, du Maroc ainsi que ceux d’Hes­pè­rion XXI di­ri­gés par Jordi Sa­vall à la vielle. Ce der­nier, a com­posé ce pro­gramme en fai­sant ré­fé­rence aux pre­miers vers des Si­bylles d’ori­gines di­verses, dont lui et Fi­gue­ras se sont fait une spé­cia­lité tout au long de leur car­rière com­mune. Les si­bylles étaient des pro­phé­tesses de l’An­ti­quité dont la fi­gure a per­duré bien après cette pé­riode et dont le rôle était d’an­non­cer les évé­ne­ments mar­quants de leur temps.

    Le len­de­main, lundi 16 juillet, tou­jours à 21h30 mais cette fois dans le ré­fec­toire, les fes­ti­va­liers pour­ront en­tendre The Teares Of The Muses : Eli­za­be­than Consort Music (Fan­tai­sies, In No­mines et Danses) consa­cré à l’âge d’or de la mu­sique pour en­semble de violes et luths dans l’An­gle­terre des Tudor, d’Henry VIII et Éli­za­beth IOeuvres d’Henry VIII, Ro­bert White, Cle­ment Wood­cock, John Ta­ver­ner, Ro­bert Par­sons, John Dow­land et Chris­to­pher Tye avec Hes­pè­rion XXI, Rolf Lis­le­vand, Phi­lippe Pier­lot, Sergi Ca­sa­de­munt, Imke David, Lo­renz Duftchs­mid, Xa­vier Puer­tas, Mi­chael Beh­rin­ger, Pedro Es­te­van et Jordi Sa­vall au des­sus de viole et à la di­rec­tion.

    Tou­jours au ré­fec­toire, mardi 17 juillet cette fois, à 21h30, Le Temps re­trouvé réunira Arianna Sa­vall, Fer­ran Sa­vall, Haig Sa­riyou­koumd­jian, Hakan To­ckal, Di­mi­tri Pso­nis, Driss el Ma­loumi, Pedro Es­te­van et Jordi Sa­vall. Avec ce concert en sou­ve­nir du pro­gramme Du Temps et de l’Ins­tant qu’ils avaient créé et in­ter­prété en fa­mille en 2004, Arianna, Fer­ran et Jordi Sa­vall ren­dront un cha­leu­reux hom­mage à Mont­ser­rat Fi­gue­ras. Chants mé­dié­vaux, ro­mances sé­fa­rades, chan­sons po­pu­laires de Ca­ta­logne et les créa­tions d’Arianna et de Fer­ran com­plé­tées par des œuvres ins­tru­men­tales et des im­pro­vi­sa­tions sur des os­ti­na­tos, de­vien­dront un hom­mage émou­vant à celle qui fût leur muse, com­pagne, mère et par des­sus tout, cette mer­veilleuse voix de l’émo­tion im­mor­ta­li­sée dans tous les dif­fé­rents en­re­gis­tre­ments de ce riche et tou­chant hé­ri­tage qu’elle a laissé… A noter qu'Arianna Sa­vall (avec Pet­ter Ud­land Jo­han­sen) pu­blie ces jours-ci un nou­vel album chez ECM in­ti­tulé Hi­rundo Maris, mot latin pour dé­si­gner une hi­ron­delle de mer (la Sterne). Car tel le vol no­made de cet oi­seau, le quin­tet de la har­piste est un groupe qui s’ins­pire en par­tie de mu­sique an­cienne et en par­tie de mu­siques tra­di­tion­nelles et qui dé­rive sur des cou­rants mu­si­caux entre Nor­vège et Ca­ta­logne.

    Avec La Rê­veuse don­née mer­credi 18 juillet dans le ré­fec­toire à 21h30, le pu­blic dé­gus­tera la viole au temps de Marin Ma­rais, Mon­sieur de Sainte Co­lombe, Mon­sieur de Machy et Jean-Sé­bas­tien Bach. Une viole de gambe tenue ce soir-là par un cer­tain Jordi Sa­vall…

    Cette édi­tion 2012 se ter­mi­nera en beauté, jeudi 19 juillet, en l’Eglise Ab­ba­tiale, à 21h30, avec Jeanne d'Arc, in­ter­prété par Hes­pè­rion XXI, La Ca­pella Reial de Ca­ta­lu­nya, Ré­ci­tants Louise Moaty, René Soso, Pas­cal Ber­tin, sous la di­rec­tion de Jordi Sa­vall. Ce pro­gramme est consti­tué de mu­siques de l'époque, mais aussi de mu­siques nou­velles, créées en 1993 pour illus­trer cette épo­pée à l'oc­ca­sion des films Jeanne la Pu­celle. Ba­tailles et Pri­sons réa­li­sés par Jacques Ri­vette et celles pré­pa­rées en 2011 pour le concert donné le 11 no­vembre à la Cité de la Mu­sique, à Paris. C'est pour rendre hom­mage à l'in­croyable épo­pée de Jeanne, à l'oc­ca­sion de la cé­lé­bra­tion des six cents ans de sa nais­sance, que Jordi Sa­vall et ses mu­si­ciens avaient voulu pré­pa­rer et réa­li­ser ce pro­jet : une ap­proche dif­fé­rente de la vie de cette jeune fille, in­jus­te­ment brû­lée vive à dix-neuf ans…

    Grand maître du ba­roque ayant sou­vent joué ces œuvres et les ayant en­re­gis­trées, Jordi Sa­vall donne au pu­blic six concerts de ces mu­siques splen­dides, avant d'al­ler écou­ter, sur le Grand Canal, leur exé­cu­tion (bande so­no­ri­sée) avec les ef­fets py­ro­tech­niques et les jeux d'eau du spec­tacle Feux d'Ar­ti­fice Royaux, mis en scène par Groupe F.

    Dans l’uni­vers de la mu­sique ac­tuelle, Jordi Sa­vall tient une place assez ex­cep­tion­nelle. De­puis plus de trente ans, il fait connaître au monde des mer­veilles mu­si­cales aban­don­nées dans l’obs­cu­rité et l’in­dif­fé­rence : jour après jour, il les lit, les étu­die, et les in­ter­prète, avec sa viole de gambe ou comme chef d’or­chestre. C’est un ré­per­toire es­sen­tiel rendu à tous les mé­lo­manes cu­rieux et exi­geants. Un ins­tru­ment, la viole de gambe, d’un raf­fi­ne­ment au-delà du­quel il n’y a que le si­lence, a été sous­trait aux seuls happy few qui le ré­vé­raient. Avec trois en­sembles mu­si­caux fon­dés avec Mont­ser­rat Fi­gue­ras, dis­pa­rue le 23 no­vembre 2011, – Hes­pè­rion, La Ca­pella Reial de Ca­ta­lu­nya et Le Concert des Na­tions – les deux in­ter­prètes ont créé un uni­vers rem­pli d’émo­tions et de beauté, of­fert à tous ces pas­sion­nés de mu­sique.

      

    Sa­vall est l’une des per­son­na­li­tés mu­si­cales les plus po­ly­va­lentes de sa gé­né­ra­tion. Concer­tiste, pé­da­gogue, cher­cheur et créa­teur de nou­veaux pro­jets mu­si­caux et cultu­rels, il se situe parmi les ac­teurs es­sen­tiels de l’ac­tuelle re­va­lo­ri­sa­tion de la mu­sique his­to­rique. Sa par­ti­ci­pa­tion au film d’Alain Cor­neau Tous les ma­tins du monde, son in­tense ac­ti­vité de concerts (en­vi­ron 140 par an), sa dis­co­gra­phie (six en­re­gis­tre­ments par an) avec la créa­tion d’Alia Vox, son propre label, prouvent que la mu­sique an­cienne n’est en rien éli­tiste et qu’elle peut in­té­res­ser, dans le monde en­tier, un pu­blic chaque fois plus jeune et plus nom­breux.

    Comme bien des mu­si­ciens, Jordi Sa­vall a com­mencé sa for­ma­tion à six ans au sein d’un chœur d’en­fants à Igua­lada (Bar­ce­lone), sa ville na­tale, la com­plé­tant par des études de vio­lon­celle, ter­mi­nées au Conser­va­toire de Bar­ce­lone en 1964. Un an plus tard, il com­mence en au­to­di­dacte l’étude de la viole de gambe et de la mu­sique an­cienne (Ars Mu­si­cae), et se per­fec­tion­nera à par­tir de 1968 à la Schola Can­to­rum Ba­si­lien­sis en Suisse. En 1973, il suc­cède à son maître Au­gust Wen­zin­ger à Bâle, y donne des cours et des mas­ter-class. Au cours de sa car­rière, il a en­re­gis­tré plus de 170 CD.

    Parmi les dis­tinc­tions et titres que Sa­vall a reçus, men­tion­nons : of­fi­cier dans l’ordre des Arts et des Lettres (1988), la Creu de Sant Jordi (1990), « mu­si­cien de l’an­née » du Monde de la Mu­sique (1992) et « so­liste de l’an­née » des Vic­toires de la Mu­sique (1993), Mé­daille d’or des Beaux-Arts (1998), membre d’hon­neur du Kon­zer­thaus de Vienne (1999), doc­teur ho­no­ris causa de l’Uni­ver­sité Ca­tho­lique de Lou­vain (2002) et de l’Uni­ver­sité de Bar­ce­lone (2006), Vic­toire de la Mu­sique pour l’en­semble de sa car­rière (2002) et, en 2003, la Mé­daille d’or du Par­le­ment de Ca­ta­logne, le Prix d’hon­neur de la Cri­tique de disque al­le­mande. Plu­sieurs Midem Clas­si­cal Awards lui ont été dé­cer­nés (1999, 2000, 2003, 2004, 2005, 2006).

      

    En 2006, l’al­bum Don Qui­jote de la Man­cha : Ro­mances y Músicas a non seule­ment été ré­com­pensé dans la ca­té­go­rie « mu­sique an­cienne », mais il a aussi créé l’évé­ne­ment en étant élu « disque de l’an­née ». Dans l’ou­vrage La­chrimæ Ca­ra­vag­gio s’unissent de façon no­va­trice la lit­té­ra­ture, la mu­sique et la pein­ture en un album dédié à ce peintre gé­nial et in­for­tuné : sept larmes et sept stances, avec de la mu­sique d’époque et de Jordi Sa­vall, sont un contre­point mu­si­cal à sa vie, telle une « bande ori­gi­nale ima­gi­naire », tan­dis que sept de ses der­nières pein­tures sont com­men­tées par Do­mi­nique Fer­nan­dez de l’Aca­dé­mie Fran­çaise.

    En 2008, il a été nommé Am­bas­sa­deur de l’Union Eu­ro­péenne pour un dia­logue in­ter­cul­tu­rel et, avec Mont­ser­rat Fi­gue­ras, Ar­tistes pour la paix dans le cadre du pro­gramme des Am­bas­sa­deurs de bonne vo­lonté de l’UNESCO. Dans le cadre de l’an­née eu­ro­péenne 2009, Sa­vall a été nommé Am­bas­sa­deur de la créa­ti­vité et de l’in­no­va­tion par l’Union Eu­ro­péenne. En juillet, le Conseil Na­tio­nal de la Culture et des Arts de Ca­ta­logne lui a dé­cerné le Prix Na­tio­nal de la Mu­sique. En 2010, en com­pa­gnie de Mont­ser­rat Fi­gue­ras, il a reçu le Prix Mé­di­ter­ra­née remis par le Centre Mé­di­ter­ra­néen de Lit­té­ra­ture à Per­pi­gnan et le Midem Clas­si­cal Award 2010 du meilleur disque clas­sique de mu­sique an­cienne, ainsi que le Prae­to­rius Mu­sik­preis Ger­many en no­vembre 2010 pour le livre-disque Jé­ru­sa­lem.

    Le site de Jordi Sa­vall

    Le site de l’Ab­baye de Font­froide

     

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