• Fillon a-t-il sollicité l?Élysée pour faire chuter Sarkozy ?

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    Fillon a-t-il sollicité l’Élysée pour faire

    chuter Sarkozy ?

     
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    <figcaption>© AFP | François Fillon (à gauche) et Jean-Pierre Jouyet</figcaption></figure>

    Vidéo par FRANCE   Texte par Charlotte BOITIAUX 

    Dernière modification : 09/11/2014

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    "Le Monde" a affirmé samedi détenir des preuves selon lesquelles l’ex- Premier ministre UMP a demandé, en juin, à Jean-Pierre Jouyet, porte-parole de l’Élysée, d’accélérer les procédures judiciaires à l’encontre de Nicolas Sarkozy. Récit.

    Que s’est-il exactement passé pendant ce fameux déjeuner du 24 juin 2014 entre le secrétaire général de l’Élysée, Jean-Pierre Jouyet, et l’ancien Premier ministre UMP François Fillon ? D’après les révélations des deux journalistes du "Monde", Francis Lhomme et Gérard Davet, l’ancien hôte de Matignon aurait, ce jour-là, pressé Jouyet, un de ses amis qui fut également secrétaire d’État dans son gouvernement, d’abattre politiquement Nicolas Sarkozy.

    De quelle manière ? Dans leur livre à paraître "Sarko s’est tuer", et dans leur article très détaillé, publié samedi 8 novembre, les deux journalistes expliquent que François Fillon a incité le secrétaire général de l’Élysée à "taper vite" sur l’ancien président de la République afin d’accélérer les poursuites judiciaires à son encontre. À l’époque, l’affaire Bygmalion bat son plein. Fillon en aurait donc profité pour essayer de manœuvrer contre son rival : surfer sur le scandale pour pousser François Hollande, par l'intermédiaire de Jouyet, à peser sur l'affaire judiciaire concernant les dépassements de frais de campagne de 2012 de Sarkozy*. "C’est de l’abus de bien social Jean-Pierre", lui aurait lancé Fillon, "c’est une faute personnelle, l’UMP n’avait pas à payer […] Jean-Pierre, tu as bien conscience que si vous ne tapez pas vite, vous allez le laisser revenir. Alors agissez !".

    >> À lire sur France 24 : Enquête sur le paiement par l'UMP des pénalités infligées à Sarkozy sur ses comptes de campagne 2012

    Révélations explosives

    En moins de 24 heures, l’affaire fait la une des médias français. Il faut dire que les révélations sont explosives : un ancien Premier ministre UMP qui "complote" avec le plus proche collaborateur de François Hollande, un président socialiste, en vue d’abattre un adversaire de sa propre famille politique, ça fait mauvais genre. L’affaire prend déjà une tournure judiciaire et François Fillon, conscient de l’image désastreuse que cette affaire va lui coller sur le dos, porte plainte pour diffamation contre "Le Monde" et contre ses deux journalistes.

    Seulement voilà, le binôme Lhomme-Davet, autant réputés pour leur sérieux que pour leur professionnalisme, avaient, eux aussi, "blindé" leur version. Sereins, ils ont donc affirmé détenir… un enregistrement audio prouvant la nature de leur allégation ! La conversation enregistrée, non diffusée, n’est pas celle du déjeuner, mais celle d’une interview de Jean-Pierre Jouyet, interrogé au palais présidentiel, le 20 septembre. Selon Francis Lhomme et Gérard Davet, le secrétaire général de l’Élysée a, de son plein gré, rapporté les propos de Fillon et les deux journalistes affirment avoir enregistré l’entretien avec l’assentiment de l’intéressé.

    >> À lire sur France 24 : Fillon veut "court-circuiter Sarkozy et se positionner pour 2017"

    Une information doublement gênante pour François Fillon : non seulement l’ancien Premier ministre, qui s’est toujours présenté comme un homme intègre face à Nicolas Sarkozy, revêt aujourd’hui l’habit du traître – ou du moins du rival déloyal –, mais il risque surtout de mettre en grave péril sa candidature pour la présidentielle de 2017. Si les enregistrements du "Monde" sont avérés et si la voix de Jouyet est authentifiée, quelle serait sa ligne de défense ? Fillon accusera-t-il aussi son ami de diffamation?

    Le beau rôle de François Hollande

    Jusqu’à présent, le secrétaire général de l’Élysée a adopté la même stratégie que Fillon : nier les allégations du "Monde". Mais son implication dépasse la sphère personnelle pour porter atteinte à la plus haute institution de l’État : un ami intime du président de la République entretenant des relations "troubles" avec un ancien ministre de droite, "c’est très grave", a confié un membre de l’exécutif à l’AFP, sous couvert d’anonymat."C'est une affaire d'État", a lancé, de son côté, Henri Guaino, un proche de Sarkozy, au micro de Europe 1. En outre, un porte-parole de la présidence discutant avec un tiers d’un possible concours de l’État sur des procédures judiciaires en cours, laisse sous-entendre que la séparation des pouvoirs n’est qu’un leurre démocratique.

    Le palais présidentiel, sollicité samedi par l'AFP, est resté silencieux. Mais un proche du président souligne que François Hollande s'est toujours tenu scrupuleusement au respect de l'indépendance de la justice.

    Le chef de l'État n'est pas mis en cause dans l’article du "Monde". Selon les propos rapportés de Jean-Pierre Jouyet, François Hollande a opposé un non catégorique à toute intervention de sa part dans cette affaire. "François (Hollande) m'a dit: ‘Non, non, on ne s'en occupe pas’", relate le quotidien. Le chef de l’État semble être le seul à ressortir doublement gagnant de cette affaire : en honorant la fonction présidentielle et en refusant d’interférer dans le domaine de la justice, François Hollande a par la même occasion démenti l’existence d’un "cabinet noir" à l’Élysée, dont le but serait de tirer les ficelles dans les procédures judiciaires lancées contre Nicolas Sarkozy.

    Avec AFP

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