La manifestation de soutien à Alexeï Navalny
tourne court à Moscou
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Alexeï Navalny, opposant numéro un au Kremlin, a été brièvement arrêté mardi soir par la police. Il se rendait à la manifestation de soutien organisée par ses partisans après sa condamnation pour escroquerie. Au moins 130 personnes ont été interpellées.
Alexeï Navalny est assigné depuis février à résidence et n'avait pas le droit de se rendre à ce rassemblement, prévu sur la place du Manège, à deux pas du Kremlin.
En doudoune sombre et bonnet gris, il descendait une avenue, entouré de ses partisans. Il a alors été arrêté par plusieurs policiers et jeté dans un car garé à proximité de la place du Manège, autour de laquelle la présence des forces de l'ordre était impressionnante, selon les images de la télévision indépendante Dojd.
L'opposant a ensuite indiqué su Twitter avoir été conduit à son domicile par des policiers, dont plusieurs sont restés à la porte de son appartement pour l'empêcher de ressortir.
Au total, plus de 130 personnes ont été arrêtées lors de la manifestation, selon une ONG, considérée comme fiable en ce qui concerne les bilans des interpellations en Russie.
La police, qui a quadrillé le centre de la capitale, plaçant barrières métalliques, filtrant les passages et fermant des sorties de métro, a confirmé une centaine d'arrestations. Vers 19h30 (heure suisse), la manifestation était terminée.
Une réunion similaire en plein centre de Saint-Pétersbourg, deuxième ville de Russie, a réuni mardi soir quelque 600 personnes. Elle s'est déroulée sans incident majeur, selon une journaliste de l'AFP.
"C'est quoi cette saloperie?"
Quelques heures plus tôt, au terme d'une lecture inhabituellement rapide du jugement, le tribunal de Moscou a reconnu coupable d'escroquerie les deux frères Navalny dans l'affaire "Yves Rocher".
Mais alors qu'Alexeï, au centre de toutes les attentions, a écopé d'une peine avec sursis de trois ans et six mois de prison, son petit frère Oleg, moins en vue, s'est vu infliger trois ans et demi de prison ferme.
L'opposant à Vladimir Poutine a explosé à l'énoncé du jugement, martelant la table de ses poings en lançant à la cour: "Pour quel motif vous le mettez en prison' C'est quoi cette saloperie? C'est pour me punir davantage?"
Il a ensuite fustigé un pouvoir qui ne "cherche pas seulement à détruire les opposants" mais aussi "ses proches (...) Ce régime ne mérite pas d'exister, il doit être détruit", a-t-il dit.
"No comment" du pouvoir
Ces condamnations constituent d'autant plus une surprise que le parquet russe avait requis au départ une peine de 8 ans de prison pour Oleg Navalny, une sanction moindre que celle requise contre son frère, l'opposant politique, qui risquait lui dix ans de prison.
Le Kremlin a nié toute responsabilité dans ces poursuites judiciaires. Le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, n'a pas voulu commenter le verdict mardi et a assuré que le président russe en prendrait connaissance en lisant la presse.
Services surfacturés
Alexeï Navalny est accusé par ses détracteurs d'être soutenu par l'Occident. Avocat de formation, ce blogueur de 38 ans, pourfend la corruption des élites russes.
Il était poursuivi avec son frère pour avoir escroqué une filiale russe de la société française de cosmétiques Yves Rocher en surfacturant leurs services alors qu'ils géraient une entreprise de transports. Il était assigné à résidence depuis février dernier.
Détournement de roubles
Les deux frères ont tous deux été reconnus coupables d'avoir détourné 27 millions de roubles (460'000 francs au cours de mardi) au détriment de la filiale russe d'Yves Rocher. Ils ont aussi été condamnés à verser des indemnités de 4,4 millions de roubles (environ 75'000 francs) à la firme.
L'entreprise française de cosmétiques avait pourtant indiqué par la voix de Christian Melnik, directeur financier de sa filiale russe, n'avoir subi "aucun dommage" à la suite de sa collaboration avec la société de transports des frères Navalny, Glavpodpiska.
(ats / 30.12.2014 21h02)