La présidence et l'armée nigérianes ont annoncé, vendredi 17 octobre, avoirconclu un accord de cessez-le-feu avec la secte islamiste Boko Haram. « Ils ont accepté de libérer les jeunes filles » enlevées dans leur lycée il y a six mois, a déclaré le premier secrétaire de la présidence, Hassan Tukur.
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François Hollande a de son côté affirmé avoir reçu des « informations » sur la libération des lycéennes, qui pourrait arriver « dans les heures ou les jours qui suivent ».
NÉGOCIATIONS EN SOUS-MAIN
Le 15 avril, des hommes armés avaient pris d'assaut l'internat du lycée public pour filles de Chibok, mettant le feu à plusieurs bâtiments, avant de tirer sur les soldats qui gardaient l'établissement. Ils avaient ensuite obligé 276 jeunes filles âgées de 12 à 17 ans à sortir et les avaient fait monter dans des camions, avant de s'enfoncer dans la végétation dense de cette région reculée. Plusieurs dizaines d'adolescentes avaient réussi à s'enfuir.
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Des négociations en sous-main ont été engagées depuis plusieurs mois entre les autorités et la secte islamiste. Marc-Antoine Pérouse de Montclos, chargé de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), appelle toutefois à la prudence. « Il faut les remettre dans le contexte de la campagne pour les élections générales dans le pays. (…) Et la crédibilité des autorités a été sérieusement entamée par l'annonce, à trois reprise, de la mort du chef de Boko Haram, Aboubakar Shekau », rappelle le chercheur.
D'autres doutes ont été émis à l'encontre de Danladi Ahmadu, que le secrétaire de la présidence présente comme son interlocuteur au sein de Boko Haram, et qui a donné une interview à la radio vendredi matin. « Je n'ai jamais entendu parler de ce monsieur, et si Boko Haram voulait déclarer un cessez-le-feu, cela viendrait de leur chef, Aboubakar Shekau », a estimé Shehu Sani, un spécialiste de Boko Haram qui a négocié à plusieurs reprises avec le groupe islamiste aux côtés du gouvernement nigérian.
Dans le même temps, le ministère camerounais de la défense a annoncé que de violents combats s'étaient déroulés mercredi et jeudi dans l'extrême-nord duCameroun, près de la frontière avec le Nigeria, tuant « huit soldats camerounais »et « 107 combattants de la secte » Boko Haram.
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