Les promesses de campagnes ont un coût. Afin de respecter celle d’embaucher 65.000 fonctionnaires dans les administrations clefs – Education, Justice, police et gendarmerie – le gouvernement est obligé de réduire la masse salariale des autres.
Autre promesse : conserver un nombre stable de fonctionnaires. Afin d’y parvenir, Jean-Marc Ayrault a adressé aux membres du gouvernement des lettres de cadrage afin d’élaborer le budget pluriannuel 2013-2015. Dans un communiqué, Matignon explique que "des efforts de -2,5 % par an seront nécessaires afin de respecter cet objectif de stabilité". Comprendre : si on embauche à gauche de l'équation, il faut réduire à droite.
Tous les ministères sont concernés, y compris ceux qui "interviennent dans un domaine prioritaire pour leurs emplois situés en dehors de ce champ". Autrement dit, si on embauche des professeurs dans l’Education, cela n’empêche pas la diminution du nombre de fonctionnaires dans les autres secteurs du ministère de tutelle. Il revient à chaque ministre de présenter les mesures nécessaires pour parvenir aux objectifs fixés par le Premier ministre, sans toutefois détériorer "l’efficacité du service public".
Diminuer les coûts de fonctionnement
La masse salariale n’est pas la seule à être touchée par la rigueur. Les dépenses de fonctionnement et d’intervention des ministères sont également dans le collimateur de Jean-Marc Ayrault. Le Premier ministre demande à son gouvernement de réduire globalement le montant de 7 % en 2013 par rapport à 2012, 4 % en 2014 par rapport à 2013 et 4 % en 2015 par rapport à 2014.
"Le Figaro" du 21 juin avait révélé ces chiffres. Matignon avait alors démenti, et François Hollande, au sommet de Rio, s'était exclamé : "Si c'était le cas, j'en aurais été informé tout de même !" D’après le quotidien, la diminution serait plus importante que sous la présidence précédente car elle correspondrait au non-remplacement de deux départs à la retraite sur trois contre un sur deux précédemment.
A une différence près : le gouvernement actuel souhaite maintenir le nombre de fonctionnaire stable alors que l’ancien a supprimé de plus de 150.000 postes dans la fonction publique d'Etat sur les 2,4 millions qu’elle emploie (sur un total de 5,3 millions de fonctionnaires).
Les ténors de l’UMP se sont immédiatement emparés de ces chiffres pour attaquer comme le montre ce tweet de Valérie Pécresse :
Baisse des crédits des opérateurs : la rigueur de gauche s'annonce beaucoup plus dure que la RGPP. C'est la facture des cadeaux électoraux"
Toutefois, Michel Sapin, est intervenu sur i-Télé pour modérer les propos de l’opposition. "Le fait de maintenir le nombre de fonctionnaires alors qu'il diminuait très fortement dans les années précédentes, ce n'est pas une saignée, c'est une manière de faire en sorte que le potentiel qui permet d'avoir un service public de qualité soit maintenu en France", a déclaré le ministre du Travail.
Il a également précisé que cette annonce "n’est pas un tournant car c'est très exactement ce qui a été dit pendant la campagne". Et de rappeler que François Hollande avait annoncé que "nous n'avons pas les moyens d'augmenter le nombre de fonctionnaires en France".