Imaginons… Vous êtes étudiant à Rennes, ou jeune actif, et vous habitez à Saint-Brieuc. Avec la dernière flambée des prix de l’essence il vous en coûtera environ une vingtaine d’euros, selon Michelin, pour réaliser l’aller-retour. Un sacré budget quand on est étudiant ou quand on commence à travailler. Mais pourquoi les prix de l’essence sont aussi élevés ? Comment sont-ils fixés en France ? Et comment faire pour alléger son budget carburant ? Voici quelques pistes.

Pourquoi l’essence est-elle si chère ?

Les prix de l’essence à la pompe (SP 98 et SP 95) ont, pour la quatrième semaine consécutive, atteint des records. Le prix moyen du litre de super sans plomb 95 a grimpé vendredi à un niveau record de 1,60 €, tandis que celui du gazole a atteint son plus haut niveau pour 2012 à 1,44 €, se rapprochant de son record historique du printemps 2008 (1,45 €), selon des données publiées lundi par le ministère du Développement durable. Bref, l’essence coûte de plus en plus cher. Mais pourquoi ?

La première raison qui explique cette flambée des prix, c’est la parité euro/dollar qui évolue en défaveur des pays de la zone euro, depuis le début de la crise de la dette. Mais la principale raison de la montée des prix, c’est la situation en Iran. Les menaces de frappes israéliennes contre l’Iran ainsi que la décision de ce dernier de stopper ses livraisons à certains pays occidentaux favorisent la montée du cours du pétrole.

Comme l’expliquait Jean-Louis Schilansky, Président de l’Union française des industries pétrolières, dans une interview à Ouest-France : « Une prime de risque est intégrée dans le prix du brut iranien. La production iranienne, c’est 3,9 millions de barils par jour, soit un peu plus de 4 % de la production mondiale. Mais surtout, 15 millions de barils transitent tous les jours par le Détroit d’Ormuz, c’est-à-dire dix fois la consommation française. Les tensions sur le secteur expliquent les tensions sur le marché. Il faudrait que la situation se détende. »

Comment est fixé le prix de l’essence en France ?

Pour calculer le prix de l’essence en France, il s’agit de se livrer à une simple addition… On prend :

- le prix du pétrole brut fixé par les cours mondiaux (celui-ci varie en fonction de la situation politique et économique internationale).

- le prix après raffinage, c’est-à-dire le prix après qu’une compagnie pétrolière l’ait transformé en quelque chose d’exploitable : essence, etc...

- Des compagnies pétrolières qui y ajoutent, ensuite, une taxe de distribution (environ 15 % du prix total).

- Ensuite, viennent les taxes de l’Etat, qui représentent environ 60 % du prix total de l’essence. D’abord, la TIPP (taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers), qui s’applique à tout produit destiné à être utilisé et mis en vente comme carburant pour moteur. Celle-ci est fixe et perçue sur chaque litre vendue.

- Enfin, les carburants sont soumis à une TVA (taxe sur la valeur ajoutée) à 19,6 % qui s’applique sur l’ensemble des éléments précédents.

Quelle évolution pour les prix de l’essence ?

Les observateurs ne sont pas optimistes. Beaucoup prédisent le passage à 2 € de l’essence à plus ou moins moyen terme. Interrogé, en mai dernier, sur un possible passage du sans-plomb à 2 €, le PDG DE Total, Christophe de Margerie avait répondu que la « vraie question » n’était pas de se demander si ce changement allait avoir lieu, « mais plutôt quand »

Pascal Perri, professeur de sciences économiques chez Negocia-Advancia, élabore différentes hypothèses dans, Le Nouvel Observateur : « Premier cas de figure : Israël et l’Iran rentrent en conflit, mais Téhéran ne met pas ses menaces à exécution pour le moment (et il est peu probable qu’elle le fasse). La production d’Arabie Saoudite compense le manque à gagner iranien. Dans ce cas, le conflit reste localisé. Les prix augmentent sans exploser. »

Deuxième cas de figure : « Le conflit s’étend dans la région, au risque de la déstabiliser. L’Iran joue sur ses relais, notamment en Palestine, au Sud-Liban et en Irak. Le Proche-Orient bascule dans la violence. C’est le scénario de la terreur, toujours imaginable dans cette région […] Dans le cas extrême, c’est-à-dire le conflit régional, le baril passe au-dessus des 200 dollars et le prix du litre de super au-delà des deux euros. »

Comment faire pour payer moins ?

Autant être clair, il ne faut pas vraiment s’attendre à une baisse des prix de l’essence. D’abord, parce qu’en période de crise, l’Etat n’est pas prêt à réduire des taxes qui lui rapporte plusieurs milliards d’euros (ce que propose François Hollande). Ensuite, parce que les compagnies pétrolières ne sont pas vraiment prêtes, non plus, à réduire leurs marges (lire ici cet article de Ouest-France, qui explique très bien les choses).

Pour que les prix baissent, il faudrait aussi, comme l’explique Jean-Louis Schilansky, Président de l’Union française des industries pétrolières : « Que les producteurs investissent pour trouver des nouveaux gisements. Plus il y aura de pétrole sur le marché, plus les prix seront bas. »

La première solution, ce serait bien sûr d’acheter des voitures qui consomment moins. Mais quand on est étudiant ou jeune actif on n’a pas toujours les moyens d’investir dans des modèles hybrides, ou pas, qui consomment moins. La solution la plus économique reste le covoiturage. Il existe de nombreux sites (type covoiturage.fr) qui proposent des services très performants.

Mais pour le covoiturage, le bouche à oreille est aussi une solution. Prenons ainsi l’exemple d’une de nos internautes, résidante à Rennes, mais qui travaille à côté de Vitré. Elle a mis presque deux mois avant de savoir que deux de ses collègues habitaient à moins de cinq minutes de chez elle. Depuis, elles « covoiturent » ensemble et économisent plus de cent euros en essence par mois chacune. N’hésitez donc pas à poster des annonces à la fac ou sur votre lieu de travail vous seriez surpris.

Le train peut aussi être une solution : notamment à travers les abonnements ou tout simplement si vous possédez la carte 12/25 ans de la SNCF.