Israël et les islamistes palestiniens du Hamas ont franchi un point de non-retour. Les affrontements ont atteint une telle intensité que la situation semble désormais échapper à tout contrôle. Les deux côtés se préparent à frapper encore fort, au point qu'une opération terrestre de l'armée israélienne dans la bande de Gaza apparaît de plus en plus comme un scénario inéluctable. Le Hamas, malgré tous les coups qui lui sont assénés, ne baisse pas la garde. Au contraire, le mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza, après avoir attaqué de nouveau à Tel-Aviv, dont les habitants ont dû se précipiter dans les abris au son des sirènes pour la deuxième journée consécutive, a battu un «record»: il a pour la première fois réussi à tirer une roquette près de Haïfa, soit à une distance de 160 km. Deux roquettes sont également tombées dans la soirée près du site nucléaire de Dimona, au sud du pays.
<figure itemscope="" itemtype="http://schema.org/ImageObject"></figure>Le Hamas a ainsi mis à exécution ses menaces de frapper toutes les principales villes israéliennes. «Un pays sous le feu», ce logo utilisé par une des chaînes de télévision, qui ont bouleversé leur programme en diffusant des informations non-stop, résume à lui seul le sentiment de la population. De son côté, l'aviation israélienne n'est pas en reste. Elle a effectué plus de 200 raids dans la bande de Gaza et attaqué 550 cibles. Là aussi, il s'agit d'un chiffre sans précédent.
Parmi les objectifs visés figurent des sites de lancement de roquettes, des postes de commandement des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche militaire du Hamas, ainsi que des maisons de chefs de l'organisation islamique. Le bilan de ce pilonnage systématique s'est alourdi d'heure en heure, avec 44 morts, dont 9 enfants, 6 femmes et près de 400 blessés, selon les services médicaux palestiniens. Mahmoud Abbas, le président palestinien, le grand rival du Hamas, a accusé Israël de se livrer à un «génocide».
<aside></aside>«Il est presque impossible de savoir comment mettre un terme à la confrontation, qui a pris des proportions monstrueuses»
Alex Fishman
La tension est telle qu'aucun des protagonistes ne semble en mesure d'arrêter les frais dans les prochains jours et ce d'autant plus qu'aucun intermédiaire accepté par les deux parties ne paraît en mesure de négocier un cessez-le-feu. Au contraire, l'heure est à l'escalade. Les dirigeants israéliens ne font plus mystère de leur plan d'envahir la bande de Gaza, que l'État hébreu a évacué en 2005.
<figure itemscope="" itemtype="http://schema.org/ImageObject"></figure>Youval Steinitz, le ministre chargé des services des renseignements, affirme ouvertement qu'une «telle option se rapproche». «Il se peut que nous soyons obligés de prendre le contrôle temporairement de la bande de Gaza pendant quelques semaines pour démanteler l'armée terroriste que le Hamas a formée, même si le prix à payer pour nous est élevé», a prévenu ce proche de Benyamin Nétanyahou, en imaginant la poursuite des tirs de roquettes et d'éventuelles pertes humaines parmi les soldats. Sur le terrain, les 40.000 réservistes rappelés sous les drapeaux ont commencé à remplacer les soldats du contingent sur les autres fronts, afin de pouvoir déployer des renforts le long de la bande de Gaza où des cohortes de blindés, des canons, des pièces d'artillerie ont également été placés bien en vue, tandis qu'en mer la marine israélienne multiplie les patrouilles. Simple mesure d'intimidation ou réelle menace? Difficile de trancher.
«Il est presque impossible de savoir comment mettre un terme à la confrontation, qui a pris des proportions monstrueuses», souligne Alex Fishman, commentateur militaire du Yédiot Aharonot, le quotidien le plus vendu, qui affichait en une la photo de passants de Tel-Aviv apeurés et à terre, tentant de se protéger dans un Abribus au moment d'une attaque de roquettes. Selon lui, si des civils israéliens sont blessés ou tués, «aucun gouvernement ne pourra résister à la pression populaire pour entrer dans la bande de Gaza, et nous sommes très proches d'avoir atteint ce point». Un autre éditorialiste estime que les islamistes palestiniens se sont engagés dans cette confrontation en pensant que le gouvernement de Benyamin Nétanyahou «bluffait» et ferait tout pour éviter une guerre. Un diagnostic qui pourrait être totalement faux et coûter très cher au Hamas.