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Grèce : Alexis Tsipras fait le ménage pour ressouder son gouvernement
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pour ressouder son gouvernement
Le Premier ministre grec a remanié son gouvernement en écartant les ministres opposés aux réformes exigées par les créanciers de la Grèce.
</header>Le Premier ministre grec Alexis Tsipras au Parlement grec, le 16 juillet 2015 (Thanassis Stavrakis/AP/S)<aside class="top-outils"></aside><aside class="inside-art" id="js-article-inside-art"><section class="social-buttons js-share-tools"></section></aside></article><aside class="inside-art" id="js-article-inside-art"><section class="obs-article-brelated">
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C'est dans une atmosphère de fin du monde, alors que des incendies ravageaient la région Attique, dégageant une épaisse fumée, qu'Alexis Tsipras, Premier ministre grec et chef du parti de la gauche radicale, a tranché dans le vif. La veille, face aux députés de son parti, Syriza, le chef du gouvernement grec avait piqué une colère qui annonçait le remaniement ministériel de ce vendredi 17 juillet : "Je ne permettrai à personne, après les six derniers mois [de dures négociations avec les créanciers européens] que j'ai passés, de prétendre que son dilemme de conscience est plus lourd que le mien".
Le chef du gouvernement grec, élu sur la promesse de mettre fin à l'austérité, avait alors appelé à approuver au Parlement des mesures de rigueur du plan de renflouement européen qu'il a dit désapprouver lui-même. Le dilemme moral d'Alexis Tsipras était le suivant : accepter le "diktat" des créanciers ou bien sortir de l'euro. Mais 39 députés de Syriza (sur 149) n'ont pas suivi leur Premier ministre. Ils ont fait défection, obligeant Alexis Tsipras à s'appuyer sur l'opposition modérée pour faire passer le texte.
Tsipras reprend la main
Parmi ces rebelles, des ministres et des vice-ministres. Ce sont eux qui font les frais du remaniement de vendredi. Leader de la "plateforme de gauche", la tendance radicale de Syriza qui s'est opposée à l'accord au sein du parti, qui préférait une sortie de la monnaie unique européenne à l'accord, le ministre de l'Energie et des Infrastructures Panagiotis Lafazanis, est la plus symbolique et importante des victimes. La ministre adjointe aux Finances Nadia Valavanis, qui avait présenté sa démission, le ministre délégué au Travail, Dimitris Stratoulis ainsi que le ministre délégué à la Défense, Costas Isychos, ont également fait les frais de cette reprise en main.
Alexis Tsirpras a annoncé le maintien à son poste, en gage de bonne volonté, du ministre des Finances, Euclide Tsakalotos, apprécié des créanciers, autant que son prédécesseur le baroque Yanis Varoufakis était détesté. Alexis Tsipras a fait une innovation discrète mais notable. Il a créé un secrétariat d'Etat aux Recettes fiscales, confié à Tryfon Alexiadis, président du Syndicat des agents du fisc. C'est une façon de marquer sa volonté de placer un vrai spécialiste pour résoudre l'immense problème de la rentrée des impôts, une des causes du déficit budgétaire et de la dette, donc de la crise grecque. A ce jour, moins de 55% des contribuables grecs auraient rempli leur déclaration d'impôt, plus de deux mois après la date limite…
Un gouvernement minoritaire
Après avoir ressoudé son gouvernement, Alexis Tsipras semble vouloir temporiser avec les députés fondeurs de Syriza et avec le parti en ébullition. Il semble plus en train de limiter les dégâts que de crever l'abcès. Ainsi il n'aurait pas l'intention de demander aux parlementaires rebelles de démissionner, se contentant d'un gouvernement minoritaire, soutenu par l'opposition et une partie des parlementaires de Syriza.
Quant au parti lui-même, qui a majoritairement basculé dans le camp des frondeurs, la coalition d'extrême gauche semble hésiter à déclencher les hostilités contre Alexis Tsipras, qui, malgré tout, reste l'homme politique le plus populaire de Grèce. "Il serait même élu contre son parti", ironise un observateur. Alexis Tsipras semble avoir décidé de tenir dans cette position instable jusqu'à l'automne, après avoir fait entièrement adopter le plan de renflouement. Mais si la rébellion enfle, si les défections s'amplifient, il pourrait être obligé d'en appeler aux urnes bien plus tôt.
Jean-Baptiste Naudet avec Pavel Kapantais à Athènes
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