-
Guérini risque de perdre son immunité parlementaire
Guérini risque de perdre son immunité parlementaire
Mots clés : Justice, Marseille, Jean-Noël Guérini, Alexandre Guérini, PS
Par Aliette de Broqua Mis à jour <time class="updated" datetime="20-02-2012T15:01:00+02:00;">le 20/02/2012 à 15:01</time> | publié <time datetime="20-02-2012T13:24:00+02:00;" pubdate="">le 20/02/2012 à 13:24</time> Réactions (22)
Jean-Noël Guérini pourrait perdre son immunité parlementaire. Crédits photo : BORIS HORVAT/AFPLe juge Duchaine a demandé la levée de l'immunité parlementaire du sénateur socialiste président du conseil général des Bouches du Rhône, qui a demandé le dépaysement du dossier.
En engageant un bras de fer avec le juge Duchaine, Jean-Noël Guérini pourrait bien voir sa manœuvre se retourner contre lui. Le juge marseillais a en effet demandé la levée de l'immunité parlementaire du sénateur socialiste président du Conseil général des Bouches du Rhône. La demande devrait être transmise à Paris en début de semaine, selon le parquet général d'Aix-en-Provence.
Le juge qui a mis en examen l'élu le 8 septembre dernier pour «association de malfaiteurs, prise illégale d'intérêt, trafic d'influence et complicité d'obstacle à la manifestation de la vérité» l'avait convoqué lundi dernier pour un deuxième interrogatoire et une confrontation avec son directeur de cabinet. Les deux hommes sont notamment soupçonnés d'avoir fait remplacer des ordinateurs de collaborateurs proches, notamment deux secrétaires particulières du président du conseil général, en novembre 2009, quelques jours avant une perquisition des gendarmes qui enquêtent sur cette affaire de marchés publics des Bouches du Rhône présumés frauduleux. Cette instruction vise surtout Alexandre Guérini, le frère cadet de Jean-Noël.
Guérini a demandé le dessaisissement du magistrat
Mais Jean-Noël Guérini a joué la montre. Il a d'abord demandé un délai pour laisser le temps à ses conseils d'étudier de nouveaux documents du dossier d'instruction. Le juge lui a accordé deux jours. Mercredi, Guérini s'est bien rendu dans le bureau du juge mais il a refusé de répondre à ses questions et d'être confronté à son directeur de cabinet. Il a demandé le dessaisissement du magistrat et a déposé une requête en dépaysement du dossier mettant en avant une «violation réitérée du secret de l'instruction, constitutive d'un délit, (qui ) ne permettait pas une bonne et sereine administration de la justice». La presse avait en effet divulgué la date de sa convocation et les principaux motifs.
Guérini avait déjà fait une demande de dépaysement en septembre dernier juste après sa mise en examen. Sans succès.
Mais ces manœuvres en contradiction avec le message plusieurs fois délivré par Guérini clamant son innocence et sa volonté de s'expliquer devant du juge, ont manifestement agacé le magistrat.
Ce dernier a la possibilité de demander au bureau du Sénat de lever l'immunité parlementaire de l'élu pour pouvoir l'entendre sous le régime de la garde à vue. Il peut également demander de pouvoir lui imposer un contrôle judiciaire ou, pire, une détention provisoire.
Le bureau du Sénat peut n'accorder qu'une levée partielle de l'immunité comme il l'avait fait dans le cas de Sylvie Andrieux, une député socialiste de Marseille, mise en examen dans une affaire de détournement de subventions du Conseil régional dont elle était vice présidente.
Le fait que le bureau du Sénat soit désormais à majorité de gauche n'est pas un atout pour Guérini alors que la campagne électorale pour les présidentielles bat son plein. Le PS qui est très critiqué pour la gestion de cette affaire pourrait en profiter pour redorer son blason. Jean-Noël Guérini a en effet refusé de démissionner de la présidence du Conseil général en dépit de la demande officielle des instances nationales du PS qui n'est pas allé au-delà. Il aurait pu inciter les élus socialistes de la collectivité de se désolidariser de Guérini en créant un nouveau groupe à l'assemblée départementale comme l'ont réclamé une poignée d'élus socialistes. Ce qu'il n'a pas fait jusqu'alors.
LIRE AUSSI:
Par Aliette de Broqua
Tags : Justice, Marseille, Jean-Noël Guérini, Alexandre Guérini, PS
-
Commentaires