Les enquêteurs ont communiqué à la presse les principaux éléments dont ils disposent dans l'enquête sur la mort de quatre personnes à Chevaline, en Haute-Savoie. Le procureur de la République d'Annecy Eric Maillaud a tenu une conférence de presse ce jeudi 6 septembre à 14h.
- La scène du crime a été découverte par un cycliste britannique (ancien de la Royal Air Force) qui a retrouvé "un véhicule BMW grosse cylindrée break, moteur en marche", sur ce parking conduisant à des chemins de randonnée dans les hauteurs du lac d'Annecy. "Il voit avancer vers l'avant du véhicule une petite fille qui s'effondre devant lui", explique le procureur, "il la positionne en position latérale de sécurité et alerte les secours".
Le cycliste découvre alors le premier mort, un homme qu'il avait croisé à vélo. "Il fait le tour du véhicule et découvre au sol le cycliste qui l'avait dépassé dans la pente. Le cycliste est au sol, manifestement mort", déclare le procureur. Puis, "il fait le tour du véhicule et coupe le contact. Il découvre trois personnes à l'intérieur du véhicule, manifestement mortes." Un homme et deux femmes, dont une plus âgée.
Trois des personnes sont atteintes d'une balle dans la tête, indique le procureur. On ignore pour l'instant ce qui a tué la quatrième personne, la plus jeune des deux femmes, son corps n'ayant pas encore été examiné par les médecins légistes.
- La fillette blessée n'est pas hors de danger. "Elle doit être réopérée et est placée dans un coma artificiel", précise le procureur. Elle souffre de "contusions extrêmement violentes au niveau du crâne" et d'un impact de balle "au niveau de l'épaule." "On a le sentiment qu'on s'est acharné sur cette petite fille et on pensait certainement qu'elle décéderait."
- La fillette de 4 ans découverte dans la voiture 8 heures après l'arrivée des secours est désormais placée sous protection. Le procureur tient à justifier ce très long délai. Face à ces meurtres "particulièrement hors normes", les enquêteurs ont voulu faire appel "au meilleur des services d'enquête". "Même s'ils ont fait vite -trois ont été héliportés sur zone- il leur a fallu un certain nombre d'heures pour arriver." "Notre rôle est de faire en sorte que l'enquête ne soit polluée par rien (…) les choses doivent se faire de manière méthodique, sans quoi on risque de ne jamais retrouver l'auteur de ces crimes." "Un hélicoptère de la gendarmerie équipé d'une caméra thermique n'a pas détecté le corps de la fillette."
"A 23h, on connaît l'existence de la seconde fillette via une famille qui avait sympathisé" lors du séjour au camping, poursuit le procureur. Les gendarmes entament donc des recherches dans le périmètre autour de la voiture. La fillette était restée dans la BMW, "totalement invisible, muette". "Les pompiers l'ont examinée. Sur un plan physique, elle va bien. Elle était manifestement heureuse d'être dans les bras des enquêteurs. Très vite, elle a demandé où était sa famille. Elle a été hospitalisée dans un service pédopsychiatrique. L'essentiel est de la protéger, de la soutenir."
"La petite de 4 ans a parlé de bruits, de cris", indique le procureur. "Lorsqu'elle sera entendue, elle sera assistée, protégée, aidée. Il va falloir l'entendre très vite mais l'avis des médecins sera demandé."
- Concernant l'identité des victimes, le procureur privilégie la plus grande prudence. Le cycliste retrouvé mort s'appelait Sylvain Mollier, "un jeune père de famille" né en 1967. "Un sportif accompli, très favorablement connu." "Il semblerait que ce soit simplement un cycliste qui a choisi de venir pédaler à cet endroit", dit le procureur.
Et les personnes retrouvées dans le véhicule ? "La plaque d'immatriculation nous a permis de remonter à un propriétaire, "une personne née en Irak" qui "vit en Grande-Bretagne au moins depuis 2002", indique le procureur, mais on ignore si les personnes qui se trouvaient dans la BMW ont un lien avec son propriétaire. "Nous savons qui est le propriétaire du véhicule et que c'est le même passeport qui a permis de réserver le camping" de Saint-Jorioz, non loin de là, où les personnes étaient en vacances.
Les trois corps retrouvés dans la voiture pourraient être le père, la mère et la grand-mère", a aussi déclaré le lieutenant-colonel Benoît Vinnemann. "C'est en tout cas la composition de la famille telle que décrite par les occupants britanniques du camping de Saint-Jorioz qui ont signalé leur disparition mercredi soir".
La femme la plus âgée détenait "un passeport suédois". Le procureur n'a pas souhaité en dire plus dans l'attente d'authentifications par photos et d'expertises ADN.
Le nom du propriétaire a cependant été communiqué par une source proche de l'enquête. Il s'agit d'un homme de 50 ans né à Bagdad, qui est domicilié avec sa famille dans la grande banlieue sud de Londres, à Claygate, dans la région du Surrey. La police britannique s'est rendue à son domicile.
- Sur le ou les armes du crime, le procureur reste prudent. "On penche pour un pistolet automatique", dit-il, soulignant qu'il y a eu "un grand nombre de tirs". Mais il n'exclut pas qu'il y ait eu plusieurs armes.
- "Sur les raisons du drame, on ne sait strictement rien", déclare le procureur. L'absence de balles perdues dans la carrosserie laisse penser à un travail de professionnel.