Le Point.fr - Publié le <time datetime="2014-06-06T12:33" itemprop="datePublished" pubdate="">06/06/2014 à 12:33</time>
<figure itemprop="associatedMedia" itemscope="" itemtype="http://schema.org/ImageObject">
<figcaption>Les troupes canadiennes débarquent à Juno Beach le 6 juin, à 7 h 55. © Mary Evans / SIPA</figcaption></figure>
"Puisque, par vous, un rameau de la vieille souche française est devenu un arbre magnifique, la France, après ces grandes douleurs, la France, après la grande victoire, saura vouloir et saura croire." Ce cri de détresse, adressé par
le général de Gaulle aux Canadiens français le 1er août 1940, n'a pas autant marqué l'histoire que l'appel du 18 juin.
Et pour cause : au moment de cette allocution radiophonique, la "société canadienne-française, profondément conservatrice, se laisse d'abord séduire par la révolution nationale proposée par le maréchal Pétain en espérant
qu'elle puisse essaimer dans la province de Québec".
C'est ce qu'explique au Point Frédéric Smith, historien et auteur deLa France appelle votre secours. Québec et la France libre, 1940-1945. Ce n'est qu'en 1942, lorsque le Canada et les États-Uniscessent leurs relations diploma-
tiques avec Vichy, que la Belle Province se tourne vers De Gaulle. Elle suit de ce fait le gouvernement fédéral et
les soutiens québécois de la résistance. Mais, une fois le ralliement du Québec acté, le Canada, qui ne compte
alors que 12 millions d'habitants, va jouer un rôle crucial pour libérer l'Europe du joug allemand.
Le 6 juin 1944, à 7 h 55, la troisième division d'infanterie canadienne débarque sur la côte normande et prend
d'assaut Juno Beach, qui s'étend de Courseulles-sur-Mer à Saint-Aubin-sur-Mer. Les 7e et 8e brigades d'infanterie, incluant le régiment francophone de la Chaudière, ont trois objectifs à remplir. Ils doivent d'abord contrôler les neuf kilomètres de Juno Beach pour assurer la jonction entre les plages britanniques Gold Beach et Sword Beach.
"Une réussite dont la nation peut être fière"
Mais les 21 000 soldats canadiens (plus de 6 % de la force débarquée totale) ont également pour mission d'effectuer une percée entre Bayeux et Caen, espacées d'une trentaine de kilomètres, et sont censés prendre l'aéroport de Carpiquet, où les Britanniques vont les rejoindre.
Au prix de 359 morts, les Canadiens parviennent à faire une brèche dans le mur de l'Atlantique et à progresser plus que les autres troupes alliées. Et ce, malgré une opposition extrêmement féroce, surpassée seulement par la bataille d'Omaha Beach. Les Allemands les empêchent d'ailleurs d'accomplir leur objectif dans sa totalité, puisque l'aéroport ne sera capturé que le 4 juillet. Pour autant, l'historien John Keegan parle d'"une réussite dont la nation peut être fière".
En souvenir de ce jour, de nombreux Canadiens visitent chaque année la Normandie. Ils vont en particulier se recueillir à Bretteville-sur-Laize et Bény-sur-Mer, les lieux des deux cimetières dédiés à leur nation. Les Normands les plus âgés n'ont pas oublié ces soldats et "la population française se montre très généreuse à l'endroit des Canadiens", précise Frédéric Smith. Il ajoute qu'au long cours "les liens particuliers entre Canadiens, Québécois et Français depuis le 6 juin 1944 s'incarnent de façon plus personnelle qu'officielle", au travers des rencontres ou d'échanges sur des forums spécialisés. Mais, vendredi, c'est officiellement que la nation française remerciera ses libérateurs canadiens, lors d'une cérémonie à 17 h 30 à Courseulles-sur-Mer.