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    Henri Alleg, auteur de "La Question", est mort

    Le Monde.fr | <time datetime="2013-07-18T11:54:47+02:00" itemprop="datePublished">18.07.2013 à 11h54</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-07-18T12:11:29+02:00" itemprop="dateModified">18.07.2013 à 12h11</time>

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    Henri Alleg en décembre 2005 à Toulouse.

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    Connu sous le nom d'Henri Alleg, qu'il avait pris lors de son passage dans la clandestinité pendant la guerre d'Algérie, Harry Salem est mort le 17 juillet en région parisienne trois jours avant son quatre-vingt-douzième anniversaire. Dans son livre La Question qui reste un document majeur sur la torture, il avait témoigné sur les sévices qu'il avait subis, en 1957, entre les mains des parachutistes français.

    Il faut imaginer la scène : Alleg recroquevillé contre le mur, à moitié groggy. Le para a fait le "boulot" : gégène, étouffement par l'eau, brûlures... L'équipe des "spécialistes" lui a balancé une rafale de grossièretés : "On te niquera la gueule " ; de menaces : "On va faire parler ta femme", "Tes enfants arrivent de Paris". Il répond calmement : "Vous pouvez revenir avec votre magnéto [générateur d'électricité], je vous attends : je n'ai pas peur de vous."

    On est en juin 1957, à El Biar, un quartier d'Alger, dans un immeuble désaffecté transformé en centre de torture. La guerre d'Algérie bat son plein d'horreurs. Moins on la nomme par son nom – il faudra attendre 1999 pour cela – plus la sauvagerie se donne libre cours et déborde parfois d'un camp sur l'autre.

    DIRECTEUR D'"ALGER RÉPUBLICAIN"

    La réplique lancée au soldat devenu bourreau n'est pas une bravade. Journaliste depuis 1950, Alleg connaît son Algérie où depuis longtemps, selon les mœurs coloniales, on torture dans les commissariats et les gendarmeries jusqu'à de petits délinquants qui ne veulent pas "avouer". A l'automne 1955, un an après le déclenchement de l'insurrection le 1er novembre 1954, il plonge dans la clandestinité quand le quotidien Alger républicain, dont il est le directeur, est interdit et le Parti communiste algérien (PCA), dont il est membre, dissous.

    Le 12 juin 1957, les parachutistes l'attendent au domicile de Maurice Audin. Celui-ci, jeune assistant en mathématiques, lui aussi militant du PCA, a été arrêté. Il mourra le 21 juin, sous la torture. Le scandale de sa "disparition" aura vraisemblablement sauvé du pire son camarade.

    Rien, hormis un mental d'acier qui apparaîtra au fil des épreuves, ne prédisposait Henri Alleg à devenir un héros, un mot qui n'était pas dans son vocabulaire. Parmi les nombreux ouvrages qu'il a écrits, deux sont de nature très différente mais se complètent admirablement : La Question (Editions de Minuit, 1958), le plus connu, et Mémoire algérienne, plus récent (Stock 2005). Le premier est un récit circonstancié écrit à la prison Barberousse d'Alger, où il a été transféré après son "séjour" à El Biar en juin 1957.

    INTERDIT, AUSSITÔT RÉÉDITÉ

    Léo Matarasso, son avocat, lui a suggéré de raconter ce qu'il a vécu aux mains des parachutistes : "Fais ce que les autres, le plus souvent analphabètes, ne peuvent faire." Les petits bouts de papiers sortent au compte-gouttes, Gilberte l'épouse, à Paris, les tape à la machine. Jérôme Lindon, qui dirige les Editions de Minuit, publie l'ouvrage en février 1958. La Question fait l'effet d'une bombe : soixante mille exemplaires vendus en quelques semaines. Le non-dit qui, en dépit des premières révélations, continuait de régner sur la torture, vole en éclats.

    La sortie a été précédée d'une plainte au procureur de la République dont l'Humanité publiera le texte – aussitôt censuré. La presse, Libération de l'époque, Le Monde, L'Express, France-Observateur, Témoignage chrétien, s'émeuvent également. L'ouvrage interdit dès le mois de mars, quatre grands écrivains s'adressent, en vain, au président René Coty : Malraux, Martin du Gard, Mauriac, Sartre. Il est réédité, en Suisse, avec une postface de Sartre.

    Voir nos  entretiens avec Henri Alleg sur la torture en Algérie

    CROISEMENT DES CULTURES

    Né le 20 juillet 1921 à Londres, de parents juifs russo-polonais, Alleg est un melting-pot à lui tout seul : britannique par sa naissance, il sera français par choix quand sa famille s'installe au nord de Paris, puis algérien par adoption après l'indépendance de 1962. L'envie de bourlinguer le saisit en 1939 au moment où débute la seconde guerre mondiale. Il songe à l'Amérique mais débarque à Alger. Coup de foudre. Il ne quittera plus ce pays.

    Son peuple, s'il en faut un, sera le peuple algérien, celui du cireur de chaussures qui l'appelait "rougi" pour ses taches de rousseur. Le moindre geste de fraternité humaine fait fondre ce petit bonhomme aux yeux rieurs, qui raconte des histoires à n'en plus finir : juives ? arabes ? anglaises ? parisiennes ? Ce croisement des origines et des cultures, hors de toute domination de classe et de "race", c'est très exactement l'idée qu'il se fait de l'Algérie et au nom de laquelle il honnit le colonialisme.

    DANS LE CAMBOUIS DE L'HISTOIRE

    Alger républicain en est le porte-drapeau, ne serait-ce que par deux signatures qui jalonnent son histoire : Albert Camus, le pied-noir, qui veut des Français égaux des deux côtés de la Méditerranée mais ratera la marche suivante, celle de la décolonisation ; Kateb Yacine, le Berbère, qui cultive une Algérie indépendante, multiethnique, multiculturelle, politiquement pluraliste. Cet idéal, Alleg n'hésite pas à le défendre contre l'hégémonisme du FLN quand celui-ci accapare le pouvoir, avec Ben Bella, en juillet 1962. Une nouvelle interdiction d'Alger républicain en 1965, sous Boumediene, provoque son départ pour la France.

    Il signera, en 2000, l'Appel des douze "pour la reconnaissance par l'Etat français de la torture", aux côtés de Germaine Tillion, d'une idéologie pourtant sensiblement différente, parce que le texte indique bien que "la torture est fille de la colonisation". Jusqu'au bout, il avait poursuivi sa recherche éperdue d'un monde d'hommes libres, égaux, et associés – qu'il identifiait au communisme.

    Refusant de "céder du terrain à l'adversaire", il était resté longtemps, en dépit de tout, solidaire des pays socialistes. En désaccord sur ce plan avec le Parti communiste français, il n'avait pas aimé non plus les "dérives social-démocrates" qui, à ses yeux, dénaturaient le marxisme. Endurci par son combat, Henri Alleg avait mis les mains dans le cambouis de l'histoire. D'autres se flatteront d'avoir les mains pures. Mais, pour reprendre une formule de Péguy, "on peut se demander s'ils ont jamais eu des mains"...

    Charles Silvestre, ancien rédacteur en chef de L'Humanité, coordinateur de l'Appel des douze contre la torture

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  • Monde

    UÄŸur Hüküm, une voix turque s’est éteinte

    <time datetime="2013-07-11T19:06:07+02:00" itemprop="datePublished">11 juillet 2013 à 19:06</time> (Mis à jour: <time datetime="2013-07-12T11:33:23+02:00" itemprop="dateModified">12 juillet 2013 à 11:33</time>) lien
     

    Rectificatif une malencontreuse coquille s'est glissée dans la tribune publiée ce matin dans Libération, modifiant le nom d'UÄŸur Hüküm en «Husun». Toutes nos excuses aux intéressés et à l'auteur.

    UÄŸur Hüküm nous a quittés le 4 juillet 2013 à l’âge de 64 ans, une semaine après avoir subi les foudres d’une crise cardiaque. La communauté des ressortissants de Turquie en France a perdu l’une de ses figures de proue. Son nom était connu et sa voix était familière à la plupart des Turcs vivant en France grâce aux émissions en langue turque de RFI et de Radio Soleil.

    UÄŸur Hüküm est arrivé à Paris en 1974. Je l’ai connu quelques mois après, je crois, au local de l’Union des étudiants de Turquie en France, place Saint-Michel. Il venait de la prestigieuse Middle East Technical University d’Ankara. Etant déjà germanophone (lycée allemand à Istanbul) et anglophone (université anglophone), il attaquait l’apprentissage du français avec détermination, tout en commençant à travailler chez Thompson et à militer à la CGT. Il était proche du Parti Ouvrier de Turquie, le seul parti de la gauche turque qui avait réussi l’exploit de faire élire des députés au Parlement en 1965 et 1969. A l’époque, nous étions tous proches ou membres d’une organisation ou d’une mouvance des multiples composantes de la gauche turque.

    UÄŸur, jusqu’à la fin de sa vie, n’a pas renié ses engagements et ses convictions de jeunesse. Il était et il est resté un militant de gauche, sincère et intelligent. UÄŸur est devenu rapidement un point de référence de la communauté des ressortissants de Turquie.

    A côté de son travail de cadre et de son engagement syndical, en poursuivant son ancienne formation de comédien, il a participé à l’aventure du tournage de Yol, le célèbre film de Yılmaz Güney. Il était son premier assistant lors du tournage. En 1991, il a participé à l’aventure de Radio Soleil et a dirigé pendant de longues années ses émissions en turc. En 1993, il devint producteur délégué et chef de service turc de RFI. C’est à cette époque qu’il commença aussi à devenir correspondant de la presse turque. Les lecteurs turcs ont apprécié, pendant de longues années, ses chroniques vives, intelligentes et soucieuses de transmettre, au-delà du simple événement, l’esprit du temps et les pulsions de la société française. Dans ses émissions comme dans ses papiers, on ressentait le souffle de quelqu’un de bon, ne perdant jamais l’espoir sur l’avenir, tout en restant lucide des dangers du présent.

    Ceux qui ont connu UÄŸur Hüküm garderont de lui le souvenir de son sourire d’ange. Nous partageons la douleur de ses enfants, Zeynep et Sinan, de Defne, sa compagne. Nous avons perdu un homme bon, un homme de bien.


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  • 14 juillet 2013 - 19H16  lien

    La "rando des passeurs" sur les traces des résistants franc-comtois

    Une baraque en bois en pleine forêt, à quelques mètres de la frontière franco-suisse: pendant la deuxième guerre mondiale, les passeurs y déposaient les juifs en fuite et c'est aujourd'hui l'étape obligée d'une randonnée qui retrace leurs périples.

    Une baraque en bois en pleine forêt, à quelques mètres de la frontière franco-suisse: pendant la deuxième guerre mondiale, les passeurs y déposaient les juifs en fuite et c'est aujourd'hui l'étape obligée d'une randonnée qui retrace leurs périples.

    Des touristes devant le "Rendez vous des sages" à la Chapelle-des-Bois, le 30 juin 2013

    Des touristes devant le "Rendez vous des sages" à la Chapelle-des-Bois, le 30 juin 2013

    Des touristes près du "Rendez vous des sages" à la Chapelle-des-Bois, le 30 juin 2013

    Des touristes près du "Rendez vous des sages" à la Chapelle-des-Bois, le 30 juin 2013

    AFP - Une baraque en bois en pleine forêt, à quelques mètres de la frontière franco-suisse: pendant la deuxième guerre mondiale, les passeurs y déposaient les juifs en fuite et c'est aujourd'hui l'étape obligée d'une randonnée qui retrace leurs périples.

    "On emmenait les juifs jusqu'au chalet du Rendez-vous des Sages, côté suisse, où ils ne pouvaient plus se perdre. Une fois là, on savait qu'ils ne risquaient plus rien et ils pouvaient descendre dans la vallée", se souvient Bernard Bouveret.

    Ce grand gaillard de 89 ans, à l'allure fière et aux yeux bleus intenses, est l'un des derniers passeurs franc-comtois encore en vie. Il avait seulement 17 ans lorsqu'il a été recruté par les services de renseignement suisses qui avaient besoin d'un homme de confiance de l'autre côté de la frontière, dans le Doubs.

    Les petits chemins de terre au milieu des sapins et des épicéas de la forêt du Risoux, à Chapelle-des-Bois (Doubs), Bernard Bouveret les connaît comme sa poche.

    "J'ai commencé à passer des lettres et des renseignements, puis de la poudre et des grenades. J'ai fini par passer des gens qui fuyaient le STO (service du travail obligatoire) et des juifs", raconte-t-il.

    Bernard Bouveret ne sait pas combien de personnes il a aidé à gagner la Suisse, mais il se souvient de cette famille d'une dizaine de personnes, des grands-parents aux petits-enfants, ou de cette dame mal chaussée qui ne pouvait plus avancer, ni reculer sur le Gît de l'échelle, un passage abrupt dans une falaise difficile d'accès.

    "C'est en 1943 qu'on a passé le plus de monde. Il y avait beaucoup d'enfants, il fallait les porter sur nos épaules et leur parler tout bas pour les mettre en confiance et éviter qu'ils pleurent, pour ne pas être repérés", dit M. Bouveret, la langue déliée après des années de silence sur ses activités clandestines.

    "On préférait les nuits sans lune, nos yeux étaient habitués à l'obscurité et nous connaissions les chemins par coeur. Pour éviter les Allemands, on changeait régulièrement de passages", ajoute l'ancien bûcheron.

    "Une randonnée pour faire connaître l'histoire"

    Ces fameux passages, l'association "Le mur aux fleurs de lys" en a fait une randonnée.

    Une fois par an, l'association qui tient son nom de l'emblème du roi de France dont sont frappées de nombreuses bornes frontières, organise une journée de randonnée retraçant les périples de Bernard Bouveret et de ses compagnons. Une randonnée permanente, dont la carte est disponible sur son site (http://randopasseurs.d-klik.eu/) est par ailleurs balisée toute l'année.

    "C'est une randonnée pour faire connaître l'histoire de la région et rendre hommage à Bernard, aux derniers passeurs encore en vie et à tous ceux qui ont disparu", explique le président de l'association Alain Nicod, 58 ans.

    Le 30 juin dernier, plus de 400 personnes ont participé à la randonnée annuelle, durant laquelle ils ont pu saluer M. Bouveret.

    Trois circuits de 8 à 25 kilomètres étaient proposés, passant par les lieux clés de la Résistance franc-comtoise. Comme la ferme des Blondeau-Zizi, tenue par Nénette, 15 ans en 1943, et refuge des passeurs après leurs équipées nocturnes, ou encore le chalet du Rendez-vous des Sages, situé à 1.350 mètres d'altitude à quelques mètres du petit mur de pierres sèches qui matérialise la frontière.

    "Chapelle des Bois était en zone interdite, mais c'est l'un des endroits où ça passait le mieux. Il y avait plusieurs équipes de passeurs qui risquaient leur peau", précise M. Nicod.

    En avril 1944, Bernard Bouveret avait finalement été arrêté par la Gestapo avec son père. Ils sont revenus en France après avoir passé un an au camp de concentration de Dachau (Allemagne)


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  • L'accordéoniste André Verchuren est mort

    Créé le 10/07/2013 à 22h38 -- Mis à jour le 10/07/2013 à 22h43
    L'accordéoniste André Verchuren, le 26 avril 1991.
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    L'accordéoniste André Verchuren, le 26 avril 1991. APESTEGUY/SIPA

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    MUSIQUE - Le musicien, qui a vendu des dizaines de millions de disques durant sa carrière, était âgé de 92 ans...

    L'accordéoniste André Verchuren est mort mercredi soir à Chantilly (Oise) d'un arrêt cardiaque à l'âge de 92 ans, a annoncé à l'AFP son fils Harry Williams Verchuren.

    L'interprète de tubes tels que «Les Fiancés d'Auvergne», «Le Chouchou de mon coeur» ou «La Saint-Hubert», fils et petit-fils d'accordéonistes, avait arrêté de faire des galas à 91 ans, a précisé son fils.

    Avant de devenir l'accordéoniste le plus célébre du monde, André Verchuren, issu d'une famille originaire de Belgique, avait été Résistant durant la Seconde Guerre mondiale et avait même été déporté dans un camp en Allemagne nazie.

    Avec AFP

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    Albert Simon, Monsieur météo d'Europe 1,

    est mort

    Par , publié le <time datetime="2013-07-05 20:19:44" itemprop="datePublished" pubdate="">05/07/2013 à 20:19    </time>lien <time datetime="" itemprop="dateModified"></time>

     

    Le célèbre journaliste météo à la voix éraillée Albert Simon est décédé ce vendredi, a annoncé Europe 1, la radio sur laquelle il avait officié de nombreuses années. 

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    Il régna sur le beau et mauvais temps durant les années 70 et 80, sur les ondes d'Europe 1. Albert Simon, journaliste météo de radio à la célèbre voix éraillée, est mort ce vendredi, a-t-on appris auprès de la station. 

    Albert Simon, qui était né en 1920, avait été hospitalisé ces derniers jours, alors qu'il était depuis des années dans une maison de retraite de la région parisienne. 

    Albert Simon avait débuté à Europe 1 dans les années 50, écrivant des bulletins météo qui étaient ensuite lus par des présentateurs. Puis dans les années 70, la direction de la chaîne eut l'idée de le mettre à l'antenne, faisant de sa voix caractéristique l'un des emblèmes de la station comme à l'époque l'astrologue Mme Soleil ou le scientifique Albert Ducrocq

    Il avait quitté Europe 1 en 1986, remplacé alors par Laurent Cabrol, qui officie encore aujourd'hui à la météo. 

    Ses obsèques auront lieu lundi, selon la station. 

    Avec
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