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    Démesurément Cantona

    Cet homme-là n'a peur de rien. Ni de suivre, à 15 ans, son destin de footballeur, ni de s'exiler pour mieux rebondir, ni de tout quitter en pleine gloire pour devenir comédien. Alors, Cantona candidat ? L'énormité de l'annonce collait au personnage. Et même si c'était pour de faux, il n'hésitera pas à en remettre une couche la semaine prochaine, avant la clôture des signatures. Pour la bonne cause, celle des mal-logés. Par Dominique de Saint Pern/ Illustrations Jean-Baptiste Talbourdet

     

    Looking for eric ? Facile. Il est partout. Sur scène depuis cinq mois avec Ubu enchaîné, en dos de kiosque et en polo pour une pub avec sa femme, et même là où l'on n'a pas l'habitude de le voir, dans les bacs, pour un album dont il a écrit les paroles. Ajoutons que, dès le mois de mai prochain, il s'installera à Manhattan huit mois par an pour diriger le NY Cosmos, la mythique équipe de foot américaine, plongée dans le coma depuis 1985, qu'il compte bien réanimer. Sans oublier son irruption dans la présidentielle, en janvier dernier, pour obliger, au nom de la Fondation Abbé Pierre, les candidats à faire du mal-logement la priorité de la campagne.

    Vous avez aimé Cantona dans le rôle - fugace - du candidat à la présidentielle ? Vous le retrouverez vers le 14 mars dans la version 2. On le sait, les priorités des politiques peuvent être fluctuantes, la Fondation a donc décidé d'offrir une piqûre de rappel avec, à la veille de la clôture des candidatures, un nouveau happening. Plus sobre, paraît-il.

    Looking for Eric, d'accord, mais lequel ? L'enfant prodige, le bad boy, le poète, le mythe, le comédien, la personnalité engagée ? Ou le bonhomme, tout simplement ? Cantona seul dans une pièce, ça fait déjà beaucoup de monde. En l'observant qui s'installe dans un fauteuil cabriolet d'un bar d'hôtel, en blouson, bandana à moitié noué autour d'un cou de taureau, l'oeil noir et le sourire en attente de savoir où il a mis les pieds, on se demande comment ce type plus grand que la vie va réussir à s'installer dans une chose si minuscule.

    La veille, au Théâtre des Célestins, à Lyon, il était Ubu enchaîné. La suite de la pièce de Jarry Ubu roi, mise en scène par Dan Jemmett, cloue Ubu au sol, l'enferme dans une cage et l'assied sur un trône qu'il ne quittera pas. Cantona, l'homme aux crampons de vent, n'a pour s'exprimer que ses bras, sa voix, le vocabulaire pantagruélique de Jarry et l'énergie effrénée voulue par le metteur en scène. Il y est réjouissant, drôle, féroce, souverain en ex-roi de Pologne goûtant à l'esclavage, en homme-tronc préoccupé de nourrir son "cornegidouille", son bide d'ogre, des horreurs du monde. Mais qu'ont-ils tous à vouloir l'immobiliser de force sur un plateau ? Un crime déjà perpétré par son épouse Rachida Brakni, pour la mise en scène de Face au paradis, il y a deux ans. Il se marre : "C'est qu'on est aux ordres nous, hé, on est les marionnettes. Bon, la première fois, j'étais allongé, là, je suis assis... Je vais finir par me lever, un jour !" Dan Jemmett ne s'y est pas trompé : "Il faut une sacrée présence, une formidable force vitale pour réussir ça."

    Pour qui a connu les clameurs et les huées, les chants et la ferveur, l'entrée en scène n'aurait-elle pas un parfum d'austérité ? Rappel à l'usage des jeunes générations : la gloire d'Eric Cantona, footballeur, fut à peine humaine. 1992-1997 : des stades entiers se couvraient de drapeaux tricolores, prairies ondulant de bleu-blanc-rouge ; 80 000 supporteurs anglais entonnant La Marseillaise pour lui, le dieu de Manchester United aux volées d'anthologie, aux buts quasi métaphysiques, l'attaquant fantasque, imprévisible. Alors ? "Là, on entre et c'est le silence. J'adore le silence. J'adore tous ces petits moments avant que ça commence. Le brouhaha, puis une voix un peu plus aiguë, le bruissement des conversations... C'est bon, ça, c'est super bon de se dire : dans cinq minutes, plus personne ne parlera, ils seront à l'écoute ! Ça crée une excitation, une adrénaline... C'est pour ça qu'on est là, pour ça qu'on le fait." Le tout dit avec un accent qui sent la garrigue et fait claquer les mots.

    L'adrénaline... Ça collerait avec cette histoire de course à l'Elysée. Le 10 janvier dernier, l'espace de quelques heures, le monde entier a cru que cet homme-là se présenterait à la présidentielle. L'effet Coluche, sans doute. Ou quelques résidus de l'arrogance et de la mégalomanie que certains lui prêtaient quand il lévitait au zénith du foot. Connaissant ses sorties inspirées, comme dictées par quelque dieu du surréalisme qui aurait malaxé mouettes et sardines, il était plausible d'imaginer Eric Cantona se réveillant un matin et disant à son épouse : "Rachida, j'ai fait un rêve. Je dois devenir président de la République." L'artiste anglais Michael Browne l'avait bien immortalisé en Messie, dans sa toile inspirée de La Résurrection de Piero della Francesca ! Plus prosaïquement, la Fondation Abbé Pierre cherchait un moyen de booster sa pétition en ligne, "Carton rouge au mal-logement". Le début de la campagne présidentielle était une période propice pour peser sur les priorités des candidats. L'idée d'un appel aux maires pour réunir 500 signatures et présenter une candidature s'est imposée. Mais qui, parmi les parrains du Comité ? "Il n'y en avait qu'un seul : Eric. Grande gueule, politiquement engagé, une sensibilité sociale affichée et, compte tenu de son image, capable de jouer avec l'ambiguïté d'une candidature. On l'a appelé, il s'est marré : "D'accord, mais je ne veux pas que ça dure... On va le faire croire deux ou trois jours, pas plus..."", explique Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation. "C'est une stratégie de combat, explique Cantona. Il faut garder les yeux ouverts sur les 10 millions de Français qui souffrent du mal-logement. Ce combat, nous le menons avec nos moyens. Il se trouve que j'ai une voix qui porte. Non qu'elle ait plus de valeur que celle d'un autre citoyen, mais les médias l'entendent." Sur tous les continents. "Jusqu'ici, seule la mort de l'abbé Pierre avait provoqué autant de demandes de la presse internationale", explique Patrick Doutreligne. Tous les pays du foot ont dressé l'oreille. Cantona président ? Impact maximum pour la cause. Résultat : la pétition a bondi de 9 000 signatures avant Noël, à 142 685 fin février, plus 180 000 "amis" sur Facebook. Des centaines de lettres de maires, petites et grandes villes confondues, soutiennent la pétition. Le 14 février, les principaux candidats (Marine Le Pen n'était pas invitée) se sont officiellement engagés à faire du logement un axe prioritaire de leur politique s'ils sont élus. François Hollande a paraphé le document sous une pluie de farine.

    Parmi les parrains, Jean Reno, Cali, Nolwenn, Agnès b. et tant d'autres, tous bénévoles, tous agréés par l'abbé Pierre qui voyait s'achever sa propre histoire, Cantona est l'un des plus actifs depuis six ans. "Il a une humanité au-dessus de la moyenne, un supplément d'âme", dixit Doutreligne. Donnant son temps sans compter, à fond, allant à la rencontre des sans-abri avec un naturel qui fait tomber les barrières, animant des matchs de foot avec eux, faisant un livre de photos sur eux, à travers le monde, Elle, lui et les autres (Ed. Lethielleux), vendu à 6 000 exemplaires, qu'il a entièrement financé et dont il a donné les droits à la Fondation. Pourquoi choisir ce combat parmi toutes les injustices qui frappent la société ?

    Pudique, secret, Cantona est du genre taiseux sur ses motivations intimes. C'est Jean-Marie, le frère aîné, qui dit les mots que son cadet n'exprime pas : "Nos grands-parents maternels étaient catalans. Ils ont fait la révolution espagnole et ont combattu les troupes de Franco. Réfugiés de l'autre côté des Pyrénées, ils ont vécu plusieurs années dans un camp à Argelès. Ils sont restés là, sans rien, enterrés dans le sable pour se protéger du froid et du vent qui soufflait... Ça reste dans les gènes de la famille !" Du côté des grands-parents paternels : des Sardes immigrés, traités comme tels et vivant à plusieurs dans un minuscule deux-pièces. L'aîné tonne : "Ça continue d'exister, or ça ne devrait pas au xxie siècle." Lui aussi est parrain du comité. Tout comme Joël, le "petit" dernier. Il y a du Robin des Bois dans le panache d'Eric Cantona. Héritage d'un grand-oncle, genre mafieux marseillais, qui soudain bifurqua vers le vol sans violence et pluma les riches sur la Côte d'Azur avec des parties de pétanque truquées. Ensuite, il distribuait l'argent aux familles démunies.

    La famille. Tout lui vient de là. Ses bouillonnements, ses engagements, son amour du foot et de la beauté du jeu, sa passion pour la peinture. Le père, Albert, infirmier psychiatrique, qui peint dans son atelier sous les yeux du petit Eric - le plus concerné des trois frères par les toiles du père - et emmène ses enfants au musée, dans les expos... Albert qui joue en amateur et aurait rêvé être un grand footballeur. Depuis qu'il marche, le petit Eric tape dans le ballon. Alors, il encourage son fils. "J'ai toujours entendu mon père me dire : "Si tu aimes le foot, vas-y", et ne me parler que de la passion du jeu. Il ne m'a jamais dit "va faire du football pour gagner de l'argent". Jamais." Il y a la mère, Eléonore. Déchirement quand, à tout juste 15 ans, Eric quitte la maison familiale des Caillols, à Marseille, pour ses années de formation à Auxerre. "Je l'ai appris plus tard : quand je partais ma mère avait envie de pleurer, mais mon père lui disait qu'elle ne devait pas, parce qu'il fallait que j'aille m'exprimer, que j'aille m'amuser et réaliser mon rêve." Du Pagnol dans le texte. Il y a Jean-Marie, l'aîné. Quatre années de plus qu'Eric, de quoi lui fiche des raclées au ping-pong, à la pétanque. "C'était chaud ! Il n'aime pas perdre, il veut toujours gagner." S'ensuivent des brouilles, les frangins ne se parlent plus pendant des jours. Aujourd'hui, Jean-Marie veille sur son frère, le protège des médias, des intrusions, de tout ce qui pourrait blesser cet hypersensible, ou l'empêcher de continuer sur son chemin de traverse. Parfois, il tente un "tu pourrais essayer d'être plus consensuel...", parfaitement inefficace. Enfin il y a Joël, le plus jeune, un caractère résolument optimiste, qui mène une carrière d'acteur.

    La gloire montante du footballeur aurait pu troubler le fonctionnement familial, l'organiser autour d'Eric, tel le système solaire autour du Soleil. Mais pas du tout. Confirmation de Jean-Marie : "On est fier chez les Cantona. On est tous convaincus qu'on a quelque chose d'exceptionnel en nous. Alors, vénérer l'autre, non, mais l'aimer, le respecter, oui."

    Guy Roux accueille l'adolescent dans son équipe d'Auxerre, en 1981. Et découvre son talent : "Imaginez que, dans votre classe, vous avez dix violonistes qui jouent très très bien, et il y en a un qui s'appelle Yehudi Menuhin". Le gamin a tout. "Rapidité, endurance, puissance, volontarisme et, en plus, le génie." Génie ? "Oui, cette capacité dans une situation donnée à apporter une réponse à laquelle personne n'avait pensé. Ainsi qu'un charisme presque inégalé dans le foot qui fait que la foule s'identifie et tombe amoureuse." Il découvre aussi un caractère de cochon. Incapable d'accepter la moindre micro-injustice. Tous les jours dans le bureau de Daniel Roland, l'éducateur des jeunes, un jour sur deux dans celui de Roux : "J'étais sa cour d'appel, s'amuse-t-il. Disons qu'il y avait une grande disproportion entre la cause et l'effet. J'ai eu la Légion d'honneur, sans doute la dois-je en partie à ces années d'éducation !"

    Looking for Eric ? On le cherche, on le trouve. A 18 ans, il porte une grande violence en lui. Après un match, l'équipe adverse au complet attend le jeune Cantona à la sortie des vestiaires, une broutille à régler. "Je ne veux pas dire qu'il les a exterminés, mais il les a calmés. D'abord à grands coups de moulinets avec son sac, puis sans le sac", se souvient son coach. Il se rappelle aussi un Eric inséparable de son attirail de peinture, chevalet compris. Ou bouleversé à l'écoute d'un disque de Ferré chantant Rimbaud. "Qui c'est celui-là ?", demande-t-il à Guy Roux. Il n'a jamais, depuis, décroché de Ferré.

    En 1988 viennent les années à Marseille, au sein de l'Olympique de Bernard Tapie. 22 ans, 22 millions de francs, à l'époque le plus gros transfert jamais signé. "Aujourd'hui, il faudrait ajouter deux zéros pour s'aligner sur les contrats signés par les stars du foot", assure le journaliste sportif Didier Roustan. Marseille, la ville où il est né. Hélas, le bonheur a ses revers. Cantona est si grassement payé que le public attend de lui qu'il marque dix buts par match. Or, l'attaquant aime le jeu pour le jeu. Le footballeur énigmatique, traversé de désirs fous et de visions fulgurantes, se retrouve sous pression, pris dans la spirale de l'argent. A mille lieues de la beauté du sport que les rêves de son père ont inscrite en lui. "Je ne crois pas que ses 20 ans aient été la plus belle période de sa vie", raconte son frère. Une fois Tapie traité de "dresseur de petits chiens dociles" et le sélectionneur national de "sac à merde", une fois son maillot jeté avec mépris sur la pelouse quand son entraîneur choisit de le remplacer, et plusieurs suspensions plus tard, Eric Cantona embarque pour l'Angleterre.

    Paradoxalement, cet homme du Sud s'épanouit chez les Anglo-Saxons. Ses choix vitaux se font en fonction d'une rencontre, une vraie rencontre humaine. A Auxerre, il y a eu Guy Roux, sur la pelouse du Old Trafford à Manchester, il y a Alex Ferguson. L'entraîneur sait voir au-delà des colères du cabochard, il comprend son originalité, sa créativité, et lui laisse la bride sur le cou pour qu'elles s'épanouissent. Canto devient le King, et parfois "le génie chancelant", à cause de ses failles, que le public aime parce qu'elles le rendent humain. Aux yeux de Didier Roustan, qui s'est battu à ses côtés pour créer et faire vivre l'Association internationale des footballeurs professionnels, il reste à jamais "le Français qui a mis le peuple anglais à ses pieds".

    Un jour de 1997, Cantona va voir Ferguson. "Coach, je n'ai plus la flamme." Il arrête net, interrompant son contrat. Plus de flamme, plus de désir, alors qu'il a besoin de dévorer des défis pour se régénérer... Le temps est venu de passer à autre chose. Mais avant, il doit apprendre à parcourir ce territoire vierge qui s'étend à ses pieds. A 31 ans, il est à la retraite. "Je me suis dit, cette liberté qu'est-ce que tu en fais ?" D'abord il y a le manque. Se lever pour aller s'entraîner ? Terminé. L'adrénaline, cette drogue dure, sécrétée pendant l'entraînement et le match ? Fini. "La préparation, la déception d'avoir perdu, l'extase d'avoir gagné, tout cela, physiologiquement ça manque. J'étais un drogué privé de ma drogue. C'était une forme de dépression." Lui s'en est sorti par le haut, mais il regrette qu'on ne prépare pas les sportifs de haut niveau à leur sortie de piste. "Si je n'étais pas aussi pris par tout ce que je fais, je monterais quelque chose avec d'autres personnes, un groupe pour les aider à préparer l'avenir."

    Anticiper, ne jamais se laisser acculer, imaginer plusieurs portes de sortie, s'échapper... Cantona souffre de claustrophobie dans les avions, les ascenseurs, et cela imprègne toute sa façon d'être. Etre là et déjà ailleurs. Mis à pied pendant neuf mois par les instances du football anglais, pour le fameux coup de pied circulaire balancé à un spectateur du Crystal Palace qui l'insultait, il pose en 1995 un premier jalon vers un autre avenir : un rôle dans le film d'Etienne Chatiliez, Le bonheur est dans le pré. Le réalisateur cherchait un comédien pour incarner un rugbyman du Sud-Ouest, "là où les acteurs professionnels surjouaient, Eric a trouvé le ton juste". Chatiliez engage une paire : Eric et son frère Joël. "A peu de chose près, les Beatles débarquaient dans le Gers ! On les a planqués en rase campagne pour échapper à la presse anglaise. Et ce type charismatique, ce véritable chef de tribu s'est montré humble et respectueux. Et ce n'était pas du cinéma !" Sur le plateau, Eric ouvre les yeux, apprend, engrange. "Toi, tu es comme Ferguson", dit-il au réalisateur qu'il voit manier à sa guise une foule de Gersois sur une place de marché ou diriger Michel Serrault.

    Il sera donc comédien. Entre autres. Car il peint, sculpte, fait des photos, les expose, écrit des poèmes. "Tout cela sans prétention. Je ne recherche rien d'autre que me trouver moi, et sans dépendre de quiconque." Comédien mais avec qui ? Et dans quels rôles ? Son statut d'icône, le mythe qu'il incarne occultent tout. Ils invitent à la démesure et, quand son personnage ne déborde pas du cadre, il descend carrément du poster en maillot Manchester United, frappé du fameux chiffre 7. Son fameux coup de pied au spectateur inspire aussitôt à Gérard Gelas, directeur du Théâtre du chêne noir d'Avignon indigné par l'hallali lancé par la presse, la pièce Ode à Canto. Le dramaturge met le jeune dieu Canto face à un mythe d'un autre genre, Antonin Arthaud. Du lourd. Au cinéma, en 2002, L'Outremangeur de Thierry Binisti le transforme en flic obèse, physiquement monstrueux. Quant à Ken Loach, sollicité par Cantona lui-même, il réalise en 2008 un film-bijou, tendre et drôle, où la star de Manchester se fait ange gardien et vole à la rescousse d'un fan qui a abdiqué sa vie, Looking for Eric. Cantona, comme exemple de rébellion et de dignité. "Si vous avez envie de dire à votre patron d'aller se faire voir, vous pouvez repenser aux images d'Eric s'adressant à un arbitre", conseille Ken Loach. Et enfin le despotique Ubu.

    Il le dit lui-même : "Nous vivons dans un monde d'images où chacun crée sa propre image." Cantona a construit la sienne au fil des matchs, des interviews et en joue dans les clips qu'il tourne pour la publicité. A la manière d'Arcimboldo qui ajustait fruits et légumes de saison pour composer des visages inoubliables, Cantona pratique l'accumulation des tics, gestuelles, coups d'éclat et aphorismes qui ont émaillé sa carrière pour dessiner un personnage hors norme. Pour un caméscope Sharp, il vante la vision aiguisée des mouettes et se met en boîte à propos des sardines, recyclage humoristique de ce qui est sans doute sa plus belle sortie intempestive. C'était en 1995, à la sortie du tribunal à Manchester : "Quand les mouettes suivent un chalutier, c'est qu'elles pensent qu'on va leur jeter des sardines." Lancée pour dédramatiser la situation, la phrase a fait le tour de la planète et dans toutes les langues. La pub Nike "le bien contre le mal", le voit relever le col de son maillot, comme il le faisait sur le terrain avant de marquer un but, et triompher du mal... Des pubs souvent coproduites par la société Canto Bros, qu'il a créée avec ses frères, et réalisées par des grands, qu'il choisit déjantés : Valérie Lemercier, Terry Gillian, John Woo... Les Cantona retravaillent les scripts jusqu'à obtenir une véritable comédie. "J'ai envie que ce soit beau, original, et de pouvoir m'amuser."

    Des pubs qui, pour certains, brouillent son message d'homme intègre, voire de Robin des Bois volant au secours des démunis. Gérard Gélas, devenu son ami depuis Ode à Canto, le regrette. "La pub est un jeu dont Eric devrait se tenir éloigné. Vous imaginez Che Guevara vendre Nike ? Les mômes de 12 ou 15 ans n'ont pas de recul, pas de conscience politique. Quand ils voient ça, ils se disent que la réussite consiste à vendre des produits de consommation à des gens qui ont assez d'argent pour se les offrir." Un des derniers puristes, Gelas ? Peut-être. Mais Eric Cantona n'a jamais eu vocation à être un saint, il n'est qu'un homme. "Je ne peux pas contenter tout le monde", soupire-t-il.

    Quoi qu'il fasse ou dise, il reste pour longtemps l'homme qui a appelé les Français à retirer leur argent des banques... sans le faire lui-même. Dans le fauteuil, ça s'agite. Never explain, never complain, Eric Cantona n'est ni du genre à se justifier, ni à s'exprimer à tort et à travers dans la presse, ni à rectifier les malentendus. Les gens pensent ce qu'ils veulent. "Mais, puisque vous me demandez, je vous réponds." Interviewé sur le tournage d'un film, alors que la France manifeste dans les rues, il dit : "Tout le monde s'en fout. Aujourd'hui, si on veut se faire entendre, il suffit d'aller à la banque et on retire notre argent." Rien de plus. Ses propos sont aussitôt relayés et amplifiés par un collectif d'internautes ("Le 7 décembre, on va tous retirer notre argent des banques") qu'il ne connaît pas. "J'ai décidé d'être solidaire et d'être à ma banque le 7. Deux jours avant la date, j'ai demandé à retirer une très grosse somme de mon compte. Le jour J, plusieurs dizaines de journalistes m'attendaient devant l'agence. Il y avait eu une fuite. Pas question de sortir avec mon enveloppe de billets. Je suis allé au village voisin retirer le maximum avec ma carte. Voilà. Mais aujourd'hui, je n'ai sur mon compte que de quoi vivre pendant trois mois, impôts compris. Tout le reste est placé ailleurs, il y a d'autres formes de placements qui n'ont rien à voir avec des établissements bancaires classiques. Et je ne mettrai plus jamais mon argent dans une banque." Cette fois, il oscille entre Guignol et Robin des Bois, mais a fait ce qu'il avait dit.

    Quant à l'argent... S'il l'avait tant aimé, il n'aurait pas quitté Manchester en cours de contrat, et aurait rempilé pour quatre ou cinq ans en vivotant sur sa réputation. Son train de vie n'a rien à voir avec celui des stars du foot qui roulent en Bentley : il vit à Fontenay-sous-Bois, ne possède pas de voiture. On le voit parfois à moto, et quand il est dans sa maison en Provence, il se déplace dans un vieux Toyota. Pas de quoi convoquer les ligues de vertu. Depuis près de dix ans, il partage la vie de l'actrice Rachida Brakni, rencontrée sur le tournage de L'Outremangeur. L'un et l'autre ont été sportifs de haut niveau, l'un et l'autre ont la même exigence, la même rigueur, des convictions sociales et l'amour de l'art. "Lorsque je l'ai rencontré, j'ai eu l'impression d'être face à un miroir", confie-t-elle. Il confirme : "Ce n'est pas un hasard si nous sommes ensemble, il y a de vrais échanges entre nous, on s'enrichit mutuellement, c'est bon de s'ouvrir et de s'abandonner à la vérité de l'autre..." Ils ont fait un enfant, Emir, âgé de 2 ans et demi. Et, après quatre ans de travail en toute liberté, ils sortent un album, avec Cali. Sombre et sensuel, Rachida Brakni est une belle osmose entre musique, texte (signés Eric Cantona) et la voix de la chanteuse. Un objet fait dans les règles de l'artisanat. Le grand costaud s'est glissé dans la tête et la peau d'une femme, la sienne. "Quand je me mettais à écrire, j'étais elle. C'était le même travail qu'un acteur qui entre dans un rôle." Elle s'avoue bluffée par la capacité de son parolier à comprendre, ressentir et traduire les problématiques féminines.

    Elle nous promet la même surprise quand sortira le film de HPG, Les Mouvements du bassin, qui va bientôt entamer la course aux festivals. On y verra un Eric Cantona... comme jamais. En homme amoureux fou d'un travesti, un peu lâche, ayant peur de se battre. "Il exprime une douceur assez incroyable. Intuitivement, HPG est allé chercher un Eric que, moi, je connais." Il a beaucoup travaillé, énormément appris, tous le disent. Il était franchement mauvais dans ses premiers rôles, il est formidable dans les derniers. Le théâtre comble son besoin de contact physique, apaise son perfectionnisme qui tourne souvent à l'obsession, puisque chaque soir il peut approfondir son jeu. Selon Gérard Gelas, il n'est qu'au début d'une histoire et "fait partie de ces acteurs pour lesquels il faut écrire".

    En attendant il relève son col et regarde au loin. L'Amérique, les gratte-ciel, et le NY Cosmos. Ses yeux brillent. "Ce club a été créé par un type de la Warner Bros qui y a amené des gens comme Warhol, Mick Jagger, Robert Redford, c'était un truc qui dépassait le football." Toute son -enfance. Et tout ce qu'il est aujourd'hui. Que répondrait-il à son ami Ken Loach, qui affirme : "Le football est un sport fantastique, la preuve c'est que les Américains ne s'y intéressent pas" ? Il rigole. Pourrait dire : "I am not a man, I am Cantona !" C'est-à-dire capable de surprendre, une fois de plus.

    Ubu enchaîné, d'après Alfred Jarry, mise en scène Dan Jemmett. Au Théâtre de l'Athénée, 7, rue Boudreau, Paris-9e. Tél. : 01-53-05-19-19. Du 16 mars au 14 avril 2012. www.athenee-theatre.com


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  • Sept millions de skieurs chinois en 2020

    LEMONDE.FR | 09.03.12 | 12h44

     

    Les "joies" de l'apprentissage du ski partagées sur les pistes de Shenyang (province du Liaoning), dans le nord-est de la Chine, le 3 janvier 2008.

    Les "joies" de l'apprentissage du ski partagées sur les pistes de Shenyang (province du Liaoning), dans le nord-est de la Chine, le 3 janvier 2008.AFP

    Le marché des sports d'hiver ne souffre pas de la crise. C'est ce que montre une enquête du cabinet suisse Laurent Vanat Consulting (PDF) réalisée auprès de deux mille grandes stations dans le monde (de plus de cinq remontées mécaniques). Malgré le ralentissement économique, l'activité est restée stable en 2011, avec un total de 110 millions de pratiquants réguliers et pas moins de 400 millions de journées-skieur sur la planète.

     

    PRÈS DE LA MOITIÉ DES SKIEURS DANS LES ALPES

    Sans surprise, les Alpes concentrent l'essentiel du marché. La France, l'Autriche, la Suisse, l'Allemagne et l'Italie, où se concentrent les grands domaines skiables, captent à eux seuls 46 % des journées-skieur à travers le monde. Suivent l'Amérique, principalement du Nord (23 %), la zone Asie-Pacifique (15 %), les autres régions montagneuses d'Europe, dont la Scandinavie (11 %) et les anciens pays de l'Est (5 %).

    Ce paysage est appelé à évoluer dans les années qui viennent. La Chine et la Russie constituent les deux principaux réservoirs de croissance à l'échelle planétaire. Etonnant, quand on sait que la Chine n'a aucune culture du ski. Les premières stations sont apparues dans la région d'Harbin (nord-est du pays) dans les années 1980 et étaient essentiellement dédiées à l'entraînement des athlètes. Aujourd'hui, le pays compte près de 350 stations (un peu plus qu'en France), mais celles-ci sont souvent très mal équipées. Seule une vingtaine s'approchent des standards occidentaux.

    "L'EXPÉRIENCE" CHINOISE

    Les domaines skiables chinois sont essentiellement consacrés au débutants (80 % du marché). Le ski ne s'y pratique pas dans la durée, mais est plutôt vécu comme une "expérience" à tenter. Comme le relate l'étude, des employés sont même là pour aider les skieurs à se relever après leurs chutes et à les assister pour retirer leurs équipements. On dénombrait en 2011, 3 millions de skieurs chinois, totalisant 5 millions de journées-skieur. D'après les spécialistes, le pays comptera 7 millions de skieurs en 2020, et à terme jusqu'à 120 millions de pratiquants.

    La Russie est l'autre terre d'avenir du ski mondial. Avec seulement 2,5 % de skieurs dans le pays, contre 37 % en Suisse, 36 % en Autriche ou 19 % en France, la marge de progression est forte. D'autant que les hivers durent plus longtemps qu'en Europe de l'Ouest.

    OUVERTURE DE STATIONS DANS LE CAUCASE

    La pratique du ski russe devrait être dopée par la tenue des Jeux olympiques à Sochi en 2014. Cinq nouvelles stations devraient également voir le jour dans le Caucase. La plus grande d'entre elles, Arkhyz, doit justement ouvrir en mars 2012. Elle comprendra 270 km de pistes étendues sur trois villages. Les experts estiment que les stations du pays pourront à terme attirer 5 à 10 millions de skieurs par an, contre un million aujourd'hui.

    A l'échelle du globe, l'étude prévoit une augmentation de 20 millions du nombre de journées-skieur d'ici à 2020, et ainsi une progression de 5 % du marché mondial.


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  • 03 mars 2012 - 16H50  

    A 73 ans, le défi de l'Annapurna pour un alpiniste espagnol hors normes

    A 73 ans, Carlos Soria s'apprête à quitter l'Espagne pour le Népal, à l'assaut de l'Annapurna et d'un nouveau défi: l'ascension d'un douzième sommet de plus de 8.000 mètres, qu'il espère ajouter à un palmarès déjà inégalé pour un homme de son âge.

    A 73 ans, Carlos Soria s'apprête à quitter l'Espagne pour le Népal, à l'assaut de l'Annapurna et d'un nouveau défi: l'ascension d'un douzième sommet de plus de 8.000 mètres, qu'il espère ajouter à un palmarès déjà inégalé pour un homme de son âge.

    Car la montagne est une passion de toujours pour ce petit homme aux cheveux gris, tout en muscles - 1,65 mètre "et demi", insiste-t-il, pour 59 kilos.

    Car la montagne est une passion de toujours pour ce petit homme aux cheveux gris, tout en muscles - 1,65 mètre "et demi", insiste-t-il, pour 59 kilos.

    AFP - A 73 ans, Carlos Soria s'apprête à quitter l'Espagne pour le Népal, à l'assaut de l'Annapurna et d'un nouveau défi: l'ascension d'un douzième sommet de plus de 8.000 mètres, qu'il espère ajouter à un palmarès déjà inégalé pour un homme de son âge.

    Quelques rides dans un visage lumineux et une peau burinée trahissent à peine la réalité. Son regard pétille lorsque cet alpiniste hors normes évoque le départ tout proche, les yeux perdus sur le massif qui s'étire au-dessus de son village de Moralzarzal, au nord de Madrid: "Ce sont les montagnes de mon enfance, de ma jeunesse, de toute ma vie", confie-t-il.

    Le 5 mars, Carlos Soria met le cap sur l'Himalaya. Son objectif: vaincre l'Annapurna et ses 8.091 mètres. Et peut-être plus: "Si tout va bien, si j'en ai envie, je ferai ensuite l'ascencion du Dhaulagiri", un sommet voisin à 8.167 mètres.

    Si tous ses rêves se réalisent, l'alpiniste aura, au printemps 2013, gravi les 14 sommets de plus de 8.000 mètres de la planète. Mais déjà, l'exploit est écrit: l'ascension, à plus de 60 ans, de neuf 8.000 mètres. "Il y a des gens qui ont fait de la montagne, mais comme moi, non", lâche-t-il dans un sourire.

    Car la montagne est une passion de toujours pour ce petit homme aux cheveux gris, tout en muscles - 1,65 mètre "et demi", insiste-t-il, pour 59 kilos.

    A onze ans, il quitte l'école, devient encadreur, puis tapissier. Il vit à Madrid mais son regard est toujours rivé sur la montagne toute proche.

    Alors dès qu'il le peut, il s'échappe: "S'il y avait de la neige, je partais, à midi, avec un petit sandwich et un yaourt, pour faire du ski de fond. Je revenais à 4 heures".

    La montagne, à cette époque, était bien différente. "C'était l'après-guerre. Il n'y avait pas de matériel, pas d'informations, très peu d'argent".

    Avec les années, viennent les premières expéditions, en 1962 dans les Alpes, "ma première escalade de haut niveau", en 1968 dans le Caucase. Puis le premier 8.000, le Nanga Parbat, en 1990, et les sommets mythiques: l'Everest - il a alors 62 ans -, le K2 à 65 ans.

    A l'heure de la retraite, Carlos Soria s'installe à Moralzarzal, au pied de la Sierra de Guadarrama: son univers, dont il a exploré chaque recoin de rocher.

    Là aussi où il a rencontré son épouse Cristina, dans l'étrange dédale de pierres du massif de la Pedriza, avant de l'entraîner avec leurs quatre filles dans quelques unes de ses aventures.

    Carlos Soria parle de sa passion, jamais d'exploit. Pourtant en 2011, lorsqu'il arrive au sommet du Lhotse, à la frontière entre Népal et Tibet, sept autres montagnards, beaucoup plus jeunes, sont évacués par hélicoptère. Certains devront être amputés de plusieurs doigts.

    Lui seul continue ce jour-là, en s'aidant de "très peu d'oxygène, à partir de 7.800 ou 7.900 mètres, et pour monter seulement". C'est d'ailleurs son habitude, n'utiliser de l'oxygène qu'exceptionnellement.

    "Je suis conscient que j'ai 73 ans et que peut-être, un jour, j'aurai moins de force, moins d'envie", raconte-t-il. "Mais aujourd'hui non, je me sens bien, avec un mental très fort, j'ai très envie de cela, et c'est l'important".

    Alors chaque matin, ou presque, Carlos Soria se lève pour s'entraîner: échauffements, étirements, vélo, marche "avec des bâtons" pour soulager les genoux, ski de fond, escalade sur des parois de glace ou de roche.

    Il complète ce rituel de quelques recettes bien à lui: "une gousse d'ail, des flocons d'avoine, un sandwich à la viande séchée".

    Après des années de vaches maigres, il a accueilli comme une bénédiction l'an dernier le parrainage de la banque espagnole BBVA, pour ces expéditions dont le budget avoisine les 100.000 euros.

    Une fois bouclée la série des 8.000, sa folle quête des sommets pourrait durer encore. "Je continuerai à gravir des montagnes, c'est ce que j'aime". En attendant, il affrontera un danger familier, celui des avalanches qui font la réputation de l'Annapurna.


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    Costa Allegra : les passagers indemnisés deux fois le prix de leur croisière

    Publié le 01.03.2012, 06h57 | Mise à jour : 20h24

    Le Costa Allegra est arrivé dans le port de Mahé (Seychelles) ce jeudi matin, délivrant un millier de personnes.

    Le Costa Allegra est arrivé dans le port de Mahé (Seychelles) ce jeudi matin, délivrant un millier de personnes. | AFP/ALBERTO PIZZOLI

     

    A peine débarqués aux Seychelles, ce jeudi, épuisés à l'issue de trois jours «éprouvants» dans un paquebot privé d'électricité, de toilettes et de nourriture chaude après un en plein océan Indien, que nombre de passagers du Costa Allegra sont déjà repartis par les airs. Un premier a décollé à 17 heures (heure française) vers , suivi de deux autres à 20 heures vers Rome. Un troisième doit suivre vers 21 heures vers Zurich.

    Alors que les passagers et membres d'équipage de l'Allegra débarquaient ce matin, la compagnie a annoncé qu'ils recevront une indemnisation équivalant au double du prix de leur croisière. C'est ce qu'a indiqué devant la presse Norbert Stiekema, vice-président exécutif de l'armateur Costa Crociere, propriétaire du bateau. «Nous rembourserons aussi toutes les dépenses à bord,» a-t-il poursuivi.

    Torse-nus, bob sur la tête, dans une chaleur écrasante et dans le calme, les voyageurs ont évacué le bateau grâce à une passerelle, ce jeudi. Certains ont crié «Hip, hip, hip, hourra» en anglais au moment de l'accostage au port de Victoria des Seychelles, pendant que des hôtesses en chemisette bleue à fleurs jaunes les attendaient pour les assister.

    Après trois jours de calvaire
    en mer dans des conditions sommaires sur le paquebot Costa Allegra, privé de moteur depuis lundi suite à un incendie, les voyageurs se sont vus proposer plusieurs options par la compagnie Costa pour conclure le voyage. Outre l'indemnisation équivalant au double du prix de leur croisière, 70% des 627 passagers ont accepté l'offre de continuer leurs vacances interrompues par une ou deux semaines dans un hôtel des Seychelles. Les autres (30%) recevront un bon d'achat de la même valeur que leur croisière écourtée pour autre un voyage avec la compagnie. Ils regagneront l'Europe via Rome et seront assistés dans leur voyage.

    Vidéo. Fin de la croisière-calvaire aux Seychelles

    lien




    Le récit du capitaine de l'Allegra

    Après l'arrivée du navire, le capitaine Niccolo Alba, a raconté lors d'une conférence de presse que les passagers ont été préparés à l'évacuation du paquebot au moment de l'incendie, qu'«ils ont enfilé les gilets de sauvetage et ont été emmenés vers les chaloupes». «Cette situation d'urgence a duré pendant trois heures, jusqu'à ce qu'on soit sûr que le feu soit totalement éteint», a-t-il ajouté, visiblement très ému, le visage mangé par une barbe de quatre jours.

    Les choses se sont ensuite encore compliquées quand le générateur de secours a été lui aussi hors service, a poursuivi le capitaine: «Il s'est malheureusement retrouvé hors service trois ou quatre heures environ après l'incendie, nous ne savons pas encore pourquoi».

    «La deuxième situation d'urgence, cela a été l'état des gens à bord du navire», a poursuivi le capitaine. «Lundi et mardi, nous étions encore en train de nous organiser, et de trouver une solution au principal problème qui était les sanitaires». Le millier de personnes à bord du Costa Allegra ont en effet été privées rapidement de sanitaires en raison de l'absence d'électricité. «Les passagers ont toujours gardé leur calme, sont restés tranquilles», s'est félicité le capitaine Alba.


    VIDEO. L'arrivée du Costa Allegra dans le port de Mahé



    Deux ambulances et des tentes de la Croix-Rouge sur le port

    Les voyageurs ont aussi été accueillis sur le port par une trentaine de journalistes qui attendaient l'arrivée du navire, ainsi que par le personnel de la Croix-Rouge locale. Cette dernière avait dressé des tentes et disposé des caisses d'eau minérale. Les passagers les plus faibles ont été débarqués en premier, comme l'avait précisé Nada Francourt, une porte-parole de la présidence seychelloise. «Nous étions préparés à évacuer par les airs toute personne nécessitant des soins médicaux urgents ces derniers jours, mais heureusement cela n'a été le cas de personne», a-t-elle ajouté

    Le Costa Allegra (188 mètres de long) était parti samedi de Madagascar, avec 627 passagers, neuf fusiliers marins - à bord dans le cadre de la lutte anti-piraterie- et 413 membres d'équipage. Un incendie s'est déclaré lundi à bord, mettant hors d'état le système électrique du navire.

    L'incident survient au plus mauvais moment pour Costa Croisières, filiale du géant américain Carnival: les plaintes liées
    au naufrage d'un autre de ses navires, le Concordia, arrivent de toutes parts. Ce naufrage, le 13 janvier près de l'île italienne du Giglio, a provoqué la mort de 32 personnes.

    VIDEO. Deux thoniers français déroutés pour aider le Costa Allegra 




     

    LeParisien.fr


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