BAGDAD (Reuters) - Ahmed Chalabi, homme politique irakien qui avait aidé à convaincre les Etats-Unis de renverser Saddam Hussein en 2003, est mort mardi d'une crise cardiaque à l'âge de 71 ans.
Selon Haïtham al Djabouri, secrétaire de la commission des Finances du Parlement qu'Ahmed Chalabi a présidée, des domestiques l'ont trouvé mort dans son lit à son domicile de Bagdad.
Chiite laïque, Ahmed Chalabi s'était fait connaître lors de son exil en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis alors qu'il présidait le Congrès national irakien, alliance de partis d'opposition qui a encouragé l'administration américaine à intervenir militairement pour renverser Saddam Hussein sous la présidence de George Bush.
"Certains se souviendront de lui positivement et d'autres, pour être honnête, n'aimaient pas et ne veulent pas de sa vision de la politique", a commenté l'ancien Premier ministre Iyad Allaoui.
Né en 1944 dans une famille fortunée de Bagdad, Ahmed Chalabi avait quitté l'Irak en 1956 pour ne revenir qu'en 2003, à la chute de Saddam Hussein, après avoir convaincu les Etats-Unis que le dictateur entretenait des liens avec Al Qaïda et disposait d'armes non conventionnelles. Washington voyait alors en lui le futur homme fort de Bagdad, mais, soupçonné d'avoir fourni des renseignements à l'Iran, il tomba rapidement en disgrâce.
"Il suivait toutes les pistes pour atteindre son objectif, qui était de renverser le régime oppressif de Saddam Hussein et d'instaurer un régime civil. Il a exploité toutes les possibilités, qu'elles soient acceptables ou pas", juge Misal Aloussi, un député laïque.
"Tout le monde était contre lui et l'accusait d'être un agent (des services de renseignement), mais tout le monde le consultait en secret pour lui demander d'intercéder auprès des Américains", ajoute-t-il.
Ahmed Chalabi aurait par la suite supervisé la purge antibaasiste à l'origine du vide dans lequel Al Qaïda s'est engouffré, plongeant l'Irak dans le chaos des affrontements interconfessionnels. Un moment pressenti pour le poste de chef du gouvernement, il n'a finalement exercé que celui de vice-premier ministre de mai 2005 à mai 2006.
(Stephen Kalin et Saif Hameed, Danielle Rouquié et Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Tangi Salaün)