• DSK obtient sa libération sur parole 

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    DSK

    Par Laure Mandeville
    01/07/2011 | Mise à jour : 21:48

    Dominique Strauss-Kahn entouré de ses avocats, dans la salle d'audience du tribunal de New York, vendredi.
    Dominique Strauss-Kahn entouré de ses avocats, dans la salle d'audience du tribunal de New York, vendredi. Crédits photo : UPI/UPI/ABACA

    L'ex-patron du FMI a remporté vendredi une première victoire sur l'accusation, gravement affaiblie par des révélations sur son principal témoin. 

    Quand Dominique Strauss Kahn entre dans la salle numéro 51 du tribunal pénal de l'État de New York à Manhattan, vendredi à 11 h 30, vêtu d'un costume sombre et d'une cravate bleu ciel, son visage est impassible. Dans la salle d'audience plutôt exiguë, où près d'une centaine de journalistes ont pris place sous des lustres carrés qui diffusent une lumière blafarde, le visage de son épouse Anne Sinclair, en robe noire sobre et veste blanche, les cheveux un peu emmêlés, ne trahit lui non plus aucune émotion. Juste l'attente.

    Pourtant, Dominique Strauss-Kahn et Anne Sinclair ont souri quelques minutes plus tôt quand ils ont gravi les marches du tribunal. Ils savent déjà parfaitement que l'audience de dix minutes qui va suivre représente un rebondissement spectaculaire, dans l'incroyable feuilleton judiciaire qui a fait brusquement chuter l'ancien directeur du Fonds monétaire international, le 14 mai dernier, lorsqu'il s'est soudain vu passer les menottes aux poignets et accuser d'attaque sexuelle contre une femme de chambre de l'hôtel Sofitel de New York. Normalement, aucune session de la Cour criminelle n'était prévue avant le 18 juillet. Mais, après consultation avec la défense, le bureau du procureur de New York, Cyrus Vance Jr., en charge du dossier, a jugé nécessaire cette confrontation.

    Stupéfiantes révélations 

    Quand cette affaire a éclaté, les représentants de la Justice de New York ont été confrontés à «une plainte crédible» d'agression sexuelle, a expliqué vendredi une assistante du procureur. Elle a insisté sur la réputation de sérieux qu'avait la plaignante auprès de ses employeurs, ainsi que sur l'existence d'éléments révélant un rapport sexuel et «suggérant un acte autre que consenti». Mais depuis, il y a «des raisons de réévaluer la solidité de ce dossier», a-t-elle reconnu platement, devant un auditoire journalistique qui «tweetait» et grattait des notes rapides. Elle a parlé des «doutes» qui planent sur «la crédibilité» de la plaignante. Selon le New York Times, Nafissatou Diallo est notamment soupçonnée d'avoir menti sans discontinuer aux enquêteurs sur maints aspects de sa biographie, et même sur les circonstances de l'attaque dont elle dit avoir été victime le 14 mai dans la suite du Sofitel.

    Il s'avérerait que cette immigrée guinéenne, au départ présentée comme moralement inattaquable, était en contact avec un trafiquant de drogue incarcéré et aurait évoqué avec lui son intérêt pécuniaire à persister dans ses accusations contre DSK. Elle a aussi menti sur ses faits et gestes après l'agression présumée, affirmant dans un premier temps s'être réfugiée dans une salle, alors qu'elle était allée nettoyer une autre chambre avant d'aller se plaindre…

    Malgré ces stupéfiantes révélations, le bureau du procureur a annoncé vendredi qu'il ne renonçait pas à ce stade aux poursuites engagées contre DSK pour attaque sexuelle et tentative de viol. Mais vendredi, l'avocat de Strauss-Kahn, Benjamin Brafman, tout sourire, se disait confiant à la sortie du tribunal. «Les charges seront abandonnées, a-t-il déclaré, et mon client sera innocenté». L'insistance du procureur Vance à poursuivre l'enquête pourrait ne pas durer longtemps, a même reconnu l'avocat au civil de la plaignante Kenneth Thompson. On s'oriente vers un non-lieu, a-t-il précisé, tout en défendant la véracité de l'agression dont sa cliente aurait été victime.

    Espoir de réhabilitation 

    Car si Nafissatou Diallo a menti sur tout le reste, comme imaginer que des jurés pourraient la croire sur ce point ? Le retournement de la position du bureau du procureur de New York ressemble en tout cas fort à un fiasco phénoménal de la police et de la justice new-yorkaise. Si DSK est innocent, les Américans ne pourront pas éviter de se pencher sur les dysfonctionnements de leur justice, qui laisse, pendant les premières semaines, tellement de latitude à l'accusation qu'elle permet d'exécuter médiatiquement un suspect, avant même qu'il ait été jugé.

    «Je constate que les éléments de ce dossier ont fortement évolué et je conviens que le risque qu'il ne soit pas là (aux audiences) s'est quelque peu réduit. Je libère M. Strauss-Kahn sur parole», a tranché le juge Michael Obus. Dominique Strauss-Kahn ne sera plus assigné à résidence et n'aura plus besoin de porter un bracelet électronique à la cheville. La caution d'un million de dollars - assortie d'une garantie de cinq millions - qui avait été versée en échange de son assignation dans une demeure louée par Anne Sinclair à Tribeca, leur est restituée. Dans le tunnel où ils ont été cantonnés depuis un mois, le couple voit désormais poindre la lumière d'une réhabilitation rapide.

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  • Affaire DSK : l'avocat de la plaignante contre-attaque

    Publié le 01-07-11 à 16:32    Modifié à 19:31     par Le Nouvel Observateur    

    A la sortie de l'audience, Kenneth Thompson a dénoncé des "mensonges" et soutenu, avec force détails, que sa cliente a bien été agressée.

    L'avocat de la plaignante Kenneth Thompson en compagnie de son associé Douglas Wigdor (AFP) L'avocat de la plaignante Kenneth Thompson en compagnie de son associé Douglas Wigdor (AFP)

    Kenneth Thompson, l'avocat de la plaignante, a contre-attaqué de façon virulente à la sortie de l'audience au cours de laquelle le juge a accepté de libérer sur parole Dominique Strauss-Kahn, vendredi 1er juillet.

    Il a dénoncé des "mensonges" et soutenu que sa cliente a bien été agressée.

    "La victime a décrit un acte d'agression sexuelle par DSK a de nombreuses reprises. Aucun élément n'a été changé dans cette narration", a-t-il insisté devant les caméras. "La seule défense de DSK est que cette relation sexuelle a été librement consentie : c'est faux, c'est un mensonge", a-t-il répété.

    "Hématomes", "déchirures"...

    Il a alors longuement et crûment retracé l'agression décrite par Nafissatou Diallo.

    "Il est venu en courant nu vers elle. (...) Ensuite, il lui a saisi violemment le vagin. Les infirmières ont constaté les hématomes à son vagin." Il a poursuivi : "Il a jeté la victime au sol, il lui a déchiré un ligament de l'épaule : il s'agit d'un fait médical."

    Kenneth Thompson a évoqué d'autres preuves de l'agression : "des trous dans son collant", ainsi que "du sperme sur les murs et la moquette", ce que "tout le personnel de l'hôtel a constaté", selon lui.

    Il a ensuite dénoncé un "mensonge" à propos de l'implication potentielle de sa cliente dans du trafic de drogue, et affirmé qu'elle avait bien été violée et excisée en Afrique.

    Kenneth Thompson a également accusé le procureur Cyrus Vance d'avoir "maltraité" Nafissatou Diallo, avançant par ailleurs qu'il avait sans doute "peur de perdre ce procès."

    Il a enfin annoncé que la plaignante était "prête à raconter au monde entier" ce qu'a fait DSK.

    Mail au NYT

    Plus tôt dans la journée, Kenneth Thompson, qui n'a pas démenti les accusations ni publié, pour l'instant, de communiqué, avait fait savoir par mail au New York Times que "rien ne change concernant le fait le plus important, à savoir que Dominique Strauss-Kahn a agressé sexuellement la victime dans cette chambre de l'hôtel Sofitel", rapporte Le Figaro.

    Lors de la publication de leur article, les journalistes du New York Times, qui précisent que la plaignante maintient qu'elle a été victime d'une agression, n'avaient pas pu joindre l'avocat de la plaignante.

    Contacté vendredi 1er juillet au matin par Le Nouvel Observateur, l'avocat pénaliste Thibault de Montbrial, récemment désigné par Kenneth Thompson pour représenter les intérêts de sa cliente en France, a indiqué qu'il ne souhaitait pas réagir : "comme je l'explique depuis huit jours, Me Kenneth Thompson assure la communication du dossier."


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  • La plaignante a menti, DSK libéré mais pas absous

     

    Minute par minute - La justice new-yorkaise a levé vendredi l'assignation à résidence de DSK, lui restituant sa caution mais conservant son passeport. Les poursuites, elles, ne sont pas abandonnées, mais l'accusatrice a livré un "récit érroné" du 14 mai, a révélé le procureur.

    DSK, accompagné d'Anne Sinclair, arrive au tribunal pénal de Manhattan le 1er juillet 2011
    DSK, accompagné d'Anne Sinclair, arrive au tribunal pénal de Manhattan le 1er juillet 2011 © AFP/D.Emmert


    18h29 - On comprend mieux le ton virulent de l'avocat de Nafissatou D. contre le procureur : leurs versions se contredisent désormais. Le procureur Cyrus Vance révèle à la presse, toujours devant le tribunal, que la plaignante a produit sous serment un "récit erroné" des faits présumés, en omettant de préciser que, le 14 mai, elle "avait nettoyé une autre chambre puis était retournée dans la suite" 2806 du Sofitel de Manhattan "avant de rapporter l'incident à son supérieur". Et ce donc  contrairement à ce qu'elle a raconté à "de multiples reprises" aux enquêteurs puis "sous serment devant le grand jury" : qu'après avoir été agressée, elle s'était réfugiée dans le couloir du 28e étage de l'hôtel où se trouvait la suite de DSK, qu'elle avait attendu qu'il sorte de sa chambre pour dénoncer les faits à un supérieur arrivé à l'étage peu après. Le procureur précise encore que "durant toute l'enquête, la plaignante a menti aux assistants du procureur à propos de plusieurs autres sujets comme son histoire, son passé, les circonstances présentes et ses relations personnelles". Malgré ces "questions soulevées quant à la crédibilité de l'accusatrice", "l'enquête se poursuit", ajoute le procureur, "aucune charge n'étant abandonnée" à l'encontre de DSK, 62 ans. 

    17h55 - "Selon DSK, il s'agit d'une relation consentie, c'est un mensonge !" : Me Kenneth Thompson, l'avocat de la plaignante, assure disposer "de preuves matérielles" qui démontreront le contraire. Il affirme que sa cliente "n'a pas changé un seul mot" à sa version et critique vivement le procureur qui, selon lui, se dirige vers un non-lieu. "Le procureur est en train de préparer le terrain pour classer l'affaire, tout le monde peut voir ça !" Il se lance dans un récit très détaillé et cru de la scène racontée par Nafissatou D. et qualifie de "mensonge" les informations du New York Times selon lesquelles la jeune femme de 32 ans serait mêlée à des trafiquants de drogue.  

    17h49 - Le couple DSK-Sinclair rentre dans sa résidence, jusque là surveillée, de TriBeCa, tandis que l'avocat de la plaignante entame à son tour une conférence de presse devant le tribunal.

    17h45 - Comme lors de la dernière audience du 6 juin, les avocats de DSK donnent une conférence de presse devant le tribunal, saluant un "jour heureux". Leur client "va retrouver un peu le cours de sa vie normale", affirme Me William Taylor, tandis que Me Benjamin Brafman évoque "un grand soulagement" et "un pas de géant". "La prochaine étape sera l'abandon de toutes les charges", ajoute l'avocat.

    17h41 - DSK, tenant sa femme Anne Sinclair par l'épaule, sort du tribunal, cette fois très souriant.

    17h40 - DSK est libéré sur parole : sa caution d'un million de dollars et les 5 millions de dollars de dépôt lui sont restitués, mais son passeport reste entre les mains des autorités américaines, décide le juge américain. En revanche, le dossier "n'est pas clos", ajoute le juge Michael Obus. La prochaine audience reste d'ailleurs fixée au 18 juillet. "Il n'y aura aucune précipitation vers un jugement", assure le juge Michael Obus. "L'enquête va continuer et l'affaire sera réexaminée comme il convient", promet-il encore.

    17h37 - L'accusation n'est pas prête à abandonner les poursuites contre Dominique Strauss-Kahn.

    17h32 - DSK entre à son tour dans la salle d'audience.

    17h30 - Le journaliste de la Tribune de Genève décrit, sur son twitter, les avocats de DSK souriants alors que le juge Michael Obus entre pile à l'heure dans la salle.

    16h50 - DSK et Anne Sinclair descendent de la voiture et s'engouffrent dans le tribunal, sans commentaire, le pas vif et un léger sourire aux lèvres.

    16h45 - A 45 minutes de l'audience, DSK, accompagné d'Anne Sinclair, quitte sa résidence surveillée de TriBeCa. 

    16h14 - "Rien ne change" : dans un mail adressé au New York Times, qui a sorti les révélations sur la plaignante, l'avocat de cette dernière, Me Kenneth Thompson, ne dément pas ces informations mais estime que "rien ne change le fait très important qui est que Dominique Strauss-Kahn a commis une agression sexuelle violente dans une chambre d'hôtel du Sofitel".

    16h10 - Le correspondant de TF1 sur place raconte que depuis mercredi, c'est silence radio du côté de l'avocat de la plaignante, avec qui il était pourtant en contact régulier depuis le début de l'affaire.

    14h50 - Le correspondant d'Europe 1 raconte sur son twitter qu'une policière a dressé des barrières pour organiser la file d'attente devant la salle d'audience n°51, au 13e étage du tribunal, où aura lieu à 11h30, soit 17h30 heure de Paris (*), cette nouvelle comparution de DSK

    Depuis le début de l'affaire, le dossier de l'accusation se fonde sur les déclarations de Nafissatou D., 32 ans, qui dit avoir été victime d'agression sexuelle et de tentative de viol de la part de l'ex patron du FMI. Des analyses ADN ont montré qu'une relation sexuelle avait bien eu lieu entre DSK et la femme de chambre. Le camp DSK, qui a plaidé non coupable le 6 juin, parle de relation consentie, les avocats travaillant à démontrer que la plaignante était animée par des intentions cachées et tentait de profiter de la position d'influence de leur célèbre client.

    (*) Le décalage horaire en New York et Paris est de +6h


    Par Diane Heurtaut le 01 juillet 2011 à 15:54

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  • A tous ceux qui ont osé bravé l'opinion publique en défendant DSK

    Coup de théâtre ce vendredi : Dominique Strauss-Kahn a été libéré, suite aux révélations du New York Times sur la femme de chambre qui l'accuse de viol. Voilà de quoi ravir ceux qui défendent, depuis le début de l'affaire, l'innocence de l'ex-président du FMI.
    Sélectionné et édité par Aude Baron

    Temps de lecture Temps de lecture : 2 minutes

    Coup de tonnerre aux quatre coins de la planète médiatico-politique : la justice new-yorkaise instruisant la désormais célébrissime affaire DSK serait sur le point de reconnaître, par la voix de son procureur, le fameux et surtout très téméraire Cyrus Vance Junior, le non-fondé des accusations de viol à l’encontre de ce même Dominique Strauss-Kahn !

     

    DSK et Anne Sinclair

     

     

    La raison de cet incroyable revirement de situation ? Les évidentes collusions, doublées d’une série de mensonges aux allures d’abjecte manipulation, entre la victime jusqu’ici présumée, Nafissatou Diallo, et d’odieux chefs, pour certains déjà emprisonnés de surcroît, de cartels de la drogue. Bref : ce serait en un terrible piège, et en un encore plus diabolique chantage, que DSK, qui n’a par ailleurs jamais nié le consentement de la relation sexuelle en la circonstance, serait en fait tombé en cette sordide et pénible affaire de mœurs.


    Très chère présomption d'innnocence

     

    Je me souviens, à ce propos, d’un article que je fis publier, dans le meilleur de la presse française et internationale, où, après avoir pris, dès le lendemain de ce drame, le 15 mai 2011, la défense de DSK - pour lequel je revendiquais alors, au nom de ce sacro-saint principe universel qu’est celui des droits de l’homme, la présomption d’innocence en même temps qu’une justice digne et un traitement correct. Je disais aussi, en un deuxième temps, éprouver, face à l’ampleur de cette tragédie humaine, de la compassion envers celle qui, sans certes savoir qu’elle bernait le monde entier, n’était encore présentée que comme une modeste et irréprochable femme de chambre.


    Mais, vigilance intellectuelle et conscience critique étant théoriquement la difficile mais nécessaire condition de tout philosophe digne de ce nom, j’y émettais toutefois, en ce deuxième article, un doute, plus que raisonnable, fût-ce au prix de me voir moi-même voué ainsi aux gémonies, à mon sens : « A Nafissatou Diallo nos meilleures pensées », y écrivais-je en effet, tout en précisant, textuellement, aussitôt après : « si du moins, ce que l’on ose à peine imaginer, elle n’a pas menti en ses très accablantes et graves accusations contre Dominique Strauss-Kahn. ». Et, dans la foulée, de terminer mon papier par ces mots semblant aujourd’hui, et plus que jamais à la lumière des récentes révélations, particulièrement prémonitoires : « Mais, sur ce fait crucial pour l’avenir dudit procès, la Justice, sinon l’Histoire, tranchera… ».

     

    DSK sur le chemin de l'innocence

     

    Car, de fait, c’est la Justice, sans même devoir attendre l’Histoire, qui, face à ce colossal mais non pour autant surprenant effondrement des accusations de viol en ce lamentable dossier, est en train de rendre aujourd’hui, tel un miracle aussi bienfaisant qu’inespéré, son exemplaire et courageux verdict : la vérité enfin, sinon encore l’innocence, pour Dominique Strauss-Kahn… et, ajouterais-je, sans certes pour autant avoir l’indécence de crier ici à la victoire, pour tous ceux qui, dès le début, ont osé, bravant l’opinion publique et autres préjugés de toutes sortes, le défendre, souvent à leurs risques et périls, contre vents et marées !


    L’Histoire se révèle parfois, en effet, ce long et insidieux cauchemar, comme disait le grand Albert Camus, quoique en un tout autre contexte, duquel il n’est pas toujours insensé, malgré les apparences et contre l’adversité, de vouloir se réveiller…


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  • Rafic Hariri: 4 inculpations, enfin

    Rafic Hariri: 4 inculpations, enfin

    | Photo Jamal Saidi / Reuters

     

    Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a émis des mandats d'arrêts internationaux à l'encontre de quatre personnes suspectées d'être mêlées à l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri en 2005. Selon CNN, au moins deux d'entre elles seraient des membres haut-placés du Hezbollah.

    Marie Desnos - Parismatch.com

    Un moment historique. Le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) a remis à Beyrouth quatre actes d’accusation assortis de mandats d’arrêts dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, en février 2005. C’est le procureur de la République du Liban, Saïd Mirza, qui l’a annoncé, précisant que les autorités avaient désormais trente jours pour arrêter les suspects. Passé ce délai, le tribunal mandaté par les Nations unies rendra public l'acte d'accusation, et les convoquera lui-même.

    Si officiellement aucun détail n’a donc été donné sur l’identité des quatre personnes visées, des informations filtrent sur les médias locaux et internationaux. D’après la télévision libanaise, les suspects seraient tous libanais. CNN révèle pour sa part que deux des quatre personnes inculpées seraient des membres haut-placés du Hezbollah. Citant plusieurs sources régionales, la chaîne d’informations américaine donne carrément leurs noms: Mustafa Badreddine, présenté comme membre du Conseil consultatif du Hezbollah –et accessoirement beau-frère d'Imad Mughniyeh, un ancien commandant du mouvement chiite libanais, assassiné en Syrie en 2008-, Hasan Oneisa, Salim Ayyah et Asad Sabra. Deux listes supplémentaires d'actes d'accusation sont attendues au plus tard cet été, et devraient inclure les organisateurs et les planificateurs de l'attaque, précise la source onusienne de CNN.

    Saad Hariri, fils de l’ancien Premier ministre de 1992 à 1998, puis de 2000 à 2004, et chef de l'opposition parlementaire depuis que son propre gouvernement a été renversé en janvier dernier, a salué cette nouvelle. «Après de nombreuses années de patience, de combat (...) aujourd'hui, nous sommes devant un moment historique pour le Liban aux plans politique, de la justice et de la sécurité», s’est félicité l’homme de 41 ans. «L’ère des assassins est révolue. Mon cœur est plein de joie. Les martyrs peuvent désormais reposer en paix», a-t-il ajouté, estimant que Beyrouth devait «mettre en œuvre les engagements du Liban envers le tribunal international». «Le cabinet n'a aucune excuse pour s'échapper de ses responsabilités», a-t-il insisté.

     Son successeur, Najib Mikati, un sunnite politique indépendante qui a été soutenu par le Hezbollah et ses alliés tout en entretenant des relations cordiales avec Hariri, a lui réagi lors d’une conférence de presse. «Aujourd'hui, nous sommes confrontés à une nouvelle réalité sont nous devons être conscients, tout en gardant à l'esprit que ce sont des accusations et non un verdict», a déclaré le pro-syrien modéré. «Tous les suspects sont innocents jusqu'à preuve du contraire», a-t-il martelé. Ce jeudi, Najib Mikati devait par ailleurs annoncer le programme de politique générale de son cabinet, incluant la position du Liban sur le TSL –sachant que le comité chargé d'élaborer le programme a jusqu’au 13 juillet pour se mettre d’accord, sous peine de dissolution, et que le Parlement se prononcera à son tour ensuite. Mikati devrait y affirmer que son gouvernement est tenu de respecter les résolutions internationales… tant qu'elles ne menacent pas la paix civile. Ce qui reviendrait finalement à signifier qu’il ne coopèrerait pas avec –sachant que le Liban est censé financer 49% des besoins.

    La crainte de nouvelles violences

    Le Tribunal, créé en 2007 en vertu d'une résolution de l'ONU, est la première juridiction internationale compétente pour juger de cet attentat au camion piégé contre Rafic Hariri, qui avait tué 22 autres personnes il y a six ans –alors que le pays était encore sous tutelle de la Syrie voisine. Le procureur canadien Daniel Bellemare a remis le 17 janvier son acte d'accusation au juge de la mise en état, qui devait ensuite décider d'organiser ou non un procès. Le «parti de Dieu» comme son nom signifie, s'attendait à l'inculpation de certains de ses membres, alors qu’il dément toute implication dans cette affaire. Hassan Nasrallah accuse le TPS aux Pays-Bas d'être sous contrôle américano-israélien et mis en garde contre de graves répercussions qu’aurait la mise en cause de certains de ses membres. Les observateurs craignent eux une recrudescence des violences si tel était le cas.

    Rappelons que le TSL est à l'origine de la crise qui a fait tomber le 12 janvier le gouvernement d'union de Saad Hariri -formé en 2009 à l’issue d’un dur labeur-, après que le Hezbollah et ses formations alliées ont convaincu onze ministres de démissionner. Le mouvement qui a mené une guerre sur le sol libanais contre Israël il y a cinq ans, considéré comme terroriste par les Etats-Unis et le Canada, mais soutenu par la Syrie et le Liban, est depuis majoritaire dans le nouveau gouvernement. Le chef suprême de la Révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, a prévenu à plusieurs reprises qu’il n’accorderait pas de valeur à quelle que condamnation prononcée par cette juridiction.

    L’assassinat d’Hariri, un homme d’affaires milliardaire, musulman sunnite qui dérangeait le président syrien Bachar al-Assad, avait déclenché «la Révolution du Cèdre» et chassé les troupes syriennes du pays.   Le Liban s’est alors divisé en deux camps: celui du «8-Mars» (mené par le Hezbollah, et qui comprend également le Courant patriotique libre de l'ex-général chrétien Michel Aoun, ou encore le mouvement chiite Amal et le Parti communiste libanais), et celui du «14-Mars» (alliance de sunnites, de druzes et de chrétiens menée Saad Haririn, antisyrienne, proche de l'Arabie saoudite et de l'Occident). La Répartition du pouvoir entre ces deux groupes (qui ont gardé le nom des manifestations de 2005) est en effet issue des accords de Doha de mai 2008.Point final  


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