• L'Algérie à contre-courant du printemps arabe

    L'Algérie à contre-courant du printemps arabe

    LE MONDE | <time datetime="2012-05-12T16:09:44+02:00" itemprop="datePublished">12.05.2012 à 16h09</time>

    C'est comme si rien ne s'était passé. Premier test électoral en Algérie depuis la vague du printemps arabe, les élections législatives du 10 mai ont produit un résultat quasi identique aux élections de 2007, selon les résultats publiés vendredi. Le Front de libération nationale (FLN), qui domine la scène politique depuis l'indépendance, et qui est aussi le parti du président Abdelaziz Bouteflika, garde le contrôle de l'Assemblée nationale. L'Algérie serait donc, si l'on en croit les chiffres officiels, hermétiquement imperméable au vent de changement qui souffle sur le monde arabo-musulman.

    Alors que les élections organisées depuis un an au Maroc, en Tunisie et en Egypte ont produit des Assemblées dominées par les islamistes, en Algérie, au contraire, les partis islamistes ont été laminés. Le FLN et son allié, le Rassemblement national démocratique (RND), parti du premier ministre, remportent à eux deux la majorité absolue, avec 288 sièges sur 462, dont 220 pour le FLN. L'Alliance verte, coalition électorale de trois partis islamistes, n'arrive qu'en troisième position, avec seulement 48 députés.

    Ce revers est si spectaculaire qu'il est aussitôt apparu comme suspect, d'autant plus que de premières estimations, vendredi matin, avaient laissé penser que les islamistes arriveraient en deuxième position. L'Alliance verte a dénoncé une "fraude massive" et annoncé son intention de déposer un recours devant le Conseil constitutionnel.

    Ces accusations peuvent être tempérées par le taux d'abstention, qui reste forte (57,1 %, jusqu'à 80 % en Kabylie), même si elle est en retrait par rapport au record de 2007 (64,4 %). Les observateurs européens présents le jour des élections ont en outre approuvé le déroulement du scrutin ; à Paris, le Quai d'Orsay a salué des élections "qui se sont déroulées globalement dans le calme et sans incident majeur".

    Avec constance, le pouvoir algérien avance, pour sa part, une explication simple à la stabilité de l'électorat : le profond traumatisme de la guerre civile des années 1990, après la victoire du Front islamique du salut (FIS) au scrutin de 1991, interrompu par les militaires, puis, plus récemment, la confusion en Egypte, en Libye et dans le Sahel ont rendu les Algériens prudents. La rente du pétrole, grâce à laquelle le régime a pu distribuer à la population une série d'augmentations bienvenues lorsque le printemps arabe a menacé de se propager à l'Algérie en 2011, est un autre facteur de stabilisation. Il n'est pas sûr, cependant, que ces artifices prémunissent durablement le président Bouteflika contre de vrais mouvements de contestation d'ici à l'élection présidentielle de 2014.

    Les élections du 10 mai ont produit une autre spécificité algérienne, beaucoup plus positive : l'irruption massive des femmes au Parlement, à la suite de l'introduction de quotas dans les listes électorales. Elles seront 145, soit près d'un tiers des députés, dans la nouvelle Assemblée algérienne. Plus d'un pays européen, à commencer par la France, rêverait d'un pareil chiffre.


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