• L'Allemagne met la Grèce au pied du mur

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    L'Allemagne met la Grèce au pied du mur

     

    Par David Philippot Mis à jour <time class="updated" datetime="24-08-2012T19:05:00+02:00;">le 24/08/2012 à 19:05</time> | publié <time datetime="24-08-2012T18:48:00+02:00;" pubdate="">le 24/08/2012 à 18:48</time>

    En attendant le rapport de la troïka, le premier ministre grec multiplie les promesses.
    En attendant le rapport de la troïka, le premier ministre grec multiplie les promesses. Crédits photo : Guido Bergmann/AP
     

    La chancelière allemande, sous la pression de son opinion publique et de sa coalition, refuse d'accorder les prochaines aides à Athènes en l'absence de résultats concrets de réforme.

    Pour l'heure, l'option dure l'emporte toujours: les visites du président français et du premier ministre grec n'ont pas fait varier d'un iota la ferme position de la chancelière. Le message d'Angela Merkel, répété quatre fois vendredi lors d'une conférence de presse commune avec le premier ministre grec Antonis Samara, est le suivant: «Nous voulons que la Grèce reste dans l'euro, mais nous attendons, avant toute décision, le rapport de la troïka des créanciers le mois prochain.» La chancelière, consciente des «nombreux sacrifices consentis par les Grec», a martelé que la «crédibilité de la zone euro» en dépendait. Sur ses relations avec le président Hollande, qui a fait l'objet de la première question lors de la conférence, elle a affirmé une unité de vue: «Nous souhaitons tous les deux la même chose et nous partageons les mêmes valeurs.» De fait, Paris et Berlin sentent bien que les opinions publiques, en zone euro, commencent à se lasser des aides sans fin apportées à Athènes et estiment ne plus pouvoir continuer longtemps à justifier le déblocage de fonds, en l'absence de résultats concrets.

    En attendant le rapport de la troïka, le premier ministre grec multiplie les promesses à coups de formules: «Les faits vont suivre les mots» et «Les résultats valent mieux que les arguments». Symboliquement, Antonis Samaras a affiché les gages de bonne volonté pour s'attirer les bonnes grâces de l'Allemagne. Pour son premier voyage officiel à Berlin, son moyen de transport a été l'avion de ligne et son lieu de résidence fut un hôtel de moindre classe que l'Adlon, traditionnellement dévolu aux voyages officiels. Cela ne suffira pas à amadouer des Allemands déterminés à l'intransigeance du donnant donnant: solidarité contre réforme. D'ailleurs, contrairement à ce qu'il avait plaidé à longueur d'interview ces derniers jours, le premier ministre Samaras n'a pas insisté vendredi pour obtenir des délais supplémentaires.

    Athènes, sacrifiée pour sauver Rome et Madrid?

    Certes, la chancelière a eu des mots apaisants pour la Grèce, «persuadée que le gouvernement grec fait tout pour résoudre la crise», et pour l'euro «plus qu'une monnaie unique, une idée de l'Europe». Mais sur le fond, sa marge de manœuvre est limitée. Son camp politique est vent debout contre l'idée de nouvelles faveurs accordées aux Grecs. La CDU et les libéraux veulent en fait protéger le noyau dur de l'Europe, dont l'Italie et l'Espagne. La chancelière recevra l'accord pour aider ces deux pays, seulement si elle reste inflexible sur le dossier grec. En résumé, Athènes pourrait être sacrifiée pour sauver Rome et Madrid. Un scénario de sortie de la Grèce est d'ailleurs officiellement étudié depuis un an: un comité d'experts, placé sous la direction d'un bras droit du ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, est chargé d'évaluer les conséquences financières d'un «Grexit» (contraction de Grèce et de exit, sortie). Antonis Samaras l'a dit en conférence de presse: «Nous sommes un peuple très fier, nous ne voulons pas dépendre de l'argent des autres.» Les Allemands ne souhaitent pas en arriver à cette solution extrême, mais ils vont le prendre au mot.

    Par David Philippot

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