• L’Andalousie prête à basculer à droite

    L’Andalousie prête à basculer à droite

    Des élections régionales se déroulent dimanche dans cette région frappée par un taux de chômage de 31 %.

    (CRISTINA QUICLER / AFP)

    Mariano Rajoy (au centre), entouré de Maria Dolores de Cospedal (secrétaire générale du PP) et du leader du PP en Andalousie Javier Arenas.

    Lola, 46 ans, fonctionnaire à la mairie de Jerez de la Frontera, dans la province de Cadix, en Andalousie, est découragée : « Regardez où la mauvaise gestion nous a menés. Il nous faut des gens responsables maintenant ! » Elle résume la désillusion des Andalous, gouvernés par le Parti socialiste depuis trente ans. Miné par la crise et par des scandales de corruption, les sondages le donnent perdant au profit de la droite du Parti Populaire (PP) lors des élections régionales de dimanche.

    La droite, au pouvoir dans toutes les régions sauf au Pays basque, en Navarre, en Catalogne et aux Canaries, aspire à prendre les rênes dans la communauté autonome la plus peuplée. Ce qui lui permettrait d’imposer ses réformes afin de respecter ses engagements envers Bruxelles. En Andalousie, avec plus de 31 % de taux de chômage et une industrie presque inexistante, la tâche sera titanesque. Jerez de la Frontera, 221 000 habitants, ressemble à un concentré de la crise espagnole : 37 % de chômeurs, une mairie en quasi-faillite qui ne peut plus payer ses fonctionnaires, ni ses fournisseurs, dont beaucoup sont en grève.

    Des chômeurs nombreux mais peu visibles

    La ville accumule des factures impayées de 400 millions d’euros. « Les hommes politiques ont oublié la province de Cadix, ils viennent seulement en campagne électorale et, après, plus rien. On nous promet des plans de réindustrialisation. Mais ils ne se rendent pas compte que beaucoup vivent déjà sous le seuil de pauvreté », explique José Manuel Trillo, secrétaire du syndicat Commissions ouvrières, à Jerez.

    Depuis quelques semaines, pas un jour ne se passe sans une manifestation. Josefina, 59 ans, est désespérée. Elle et sa fille ne sont plus payées par l’entreprise de nettoyage qui travaille pour la mairie, son mari, fonctionnaire municipal, non plus : « Ma famille m’aide, mais la banque perd patience, nous n’en pouvons plus », lâche-t-elle d’une voix fatiguée.

    Les chômeurs, nombreux, restent pourtant peu visibles. « Ils ne viennent pas aux manifestations. Ils se contentent de leur situation, avec leur prestation et de petits travaux au marché noir, et le reste leur importe peu », regrette Juan José Rodriguez, président de l’Association des chômeurs de Jerez. L’entraide familiale fait le reste. Une méthode de survie qui risque de ne plus suffire.

    Beaucoup espèrent du changement. « La culture de l’effort doit s’imposer, et les politiques doivent donner l’exemple », estime Jorge Herrerapicazo, petit entrepreneur. Parmi les militants du PP de Cadix, où Mariano Rajoy s’est rendu, le sentiment des efforts à faire s’installe : « Même si cela sera dur, nous sommes prêts. J’accepte, si c’est pour le bien de l’Espagne », assure Ana, 58 ans, professeur.

    Valérie Demon (à Jerez de la Frontera et Cadix)


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