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L'armée syrienne intervient près de la frontière turque
L'armée syrienne intervient près de la frontière turque
Mots clés : répression, violences, réfugiés, SYRIE, TURQUIE, Jisr al-Choughour, Bdama, Rihan, Bachar Al-Assad, Hillary Clinton, Michèle Alliot-Marie, Jakob Kellenberge
Par Jérôme Bouin, Avec AFP
19/06/2011 | Mise à jour : 18:04
À bord d'un minibus, des réfugiés syriens arrivent samedi au camp de Yayladagi, en territoire turc. Crédits photo : Vadim Ghirda/APD'après les témoignages de réfugiés, Damas bouclerait l'accès aux villages frontaliers pour empêcher leurs habitants de fuir vers la Turquie. Un groupe d'opposants a annoncé la formation d'un Conseil national.
Les troupes syriennes resserrent leur emprise sur les villages proches de la frontière turque. Les militaires, appuyés par des chars, installent des barrages routiers et procèdent à des dizaines d'arrestations pour empêcher les habitants de fuir vers la Turquie. C'est ce qu'ont rapporté dimanche des militants syriens en fuite. Selon eux, des opérations étaient notamment en cours dans les villages de Bdama et Rihan. Des villages que les réfugiés avaient notamment utilisé pour s'approvisionner après avoir fui le secteur de Jisr al-Choughour. Cette localité plus éloignée de la frontière turque a connu des affrontements ces derniers jours entre forces loyalistes et soldats ayant fait défection.
Sur une vidéo postée sur internet, on distingue un char entrant dans la ville frontalière de Bdama. Crédits photo : REUTERS TV/Reuters«Les forces de sécurité ont arrêté environ une centaine de personnes dans ces villages au cours des derniers jours», a expliqué Mustafa, un réfugié. Il a ajouté que l'armée encerclait le village d'al-Hamboushieh, à quelques kilomètres seulement d'un campement près de la frontière. «Nous avons peur que les milliers de personnes rassemblées près de la frontière ne finissent par être attaquées». Selon un autre témoin, les forces de sécurité ont incendié dimanche une boulangerie de Badma, unique source de pain pour les déplacés. Hamid, un autre réfugié, a pour sa part déclaré qu'il avait fui Bdama samedi avec sa famille après que les soldats ont commencé à tirer à l'aveugle dans le village. Celui-ci serait désormais presque désert. Toutes ces informations n'ont pu être confirmées de source indépendante.
5000 Syriens massés à la frontière
Plus de 10.000 Syriens ont déjà trouvé refuge en Turquie, et des milliers d'autres (5000 d'après certaines estimations) sont massés à la frontière, craignant une intervention des forces de sécurité. Les réfugiés disent commencer à manquer de nourriture. Pour répondre à cette situation, la Turquie dit avoir commencé à leur fournir une aide humanitaire, sans toutefois franchir la frontière.
C'est la première fois que les autorités turques mènent une telle opération. Les conditions de vie des réfugiés sont difficiles. Ils sont pour la plupart installés dans des abris sommaires faits de branchages et de bâches en plastique. Dimanche soir, le président du Comité international de la Croix-Rouge, Jakob Kellenberger, doit arriver à Damas pour une visite de deux jours. Il entend réclamer l'accès aux personnes affectées par les violences. Lors de cette visite, il doit rencontrer le premier ministre et le ministre des Affaires étrangères.
Samedi, quelque 70.000 personnes en colère ont participé à Deir Ezzor, dans l'est du pays, aux funérailles de deux manifestants tués la veille, selon le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, Rami Abdel Rahmane. «Les gens scandaient des slogans contre le régime», a-t-il expliqué. Des milliers d'autres ont participé à des obsèques à Homs où cinq personnes ont été tuées vendredi lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les manifestants. Depuis le début du mouvement de contestation contre le régime du président Bachar el-Assad, il y a trois mois, plus de 1300 civils auraient été tués, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Des milliers d'autres auraient été arrêtés.
Nouvelles mesures de l'UE attendues
Face à la persistance du régime à ignorer les appels internationaux à cesser la répression, Londres a appelé ses ressortissants à quitter la Syrie avertissant que son ambassade à Damas pourrait ne pas être en mesure d'organiser leur évacuation si la situation se dégradait. Les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) poursuivent de leur côté leurs efforts pour tenter d'accroître la pression sur le président syrien, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton jugeant inéluctable le changement en Syrie. L'UE, qui a déjà pris des sanctions contre plusieurs personnalités du régime, dont le président Bachar el-Assad, pourrait décider cette semaine d'un nouveau train de mesures en marge d'un sommet européen à Bruxelles.
Dimanche, à la frontière turco-syrienne, un groupe d'opposants a annoncé la formation d'un «Conseil national» face au régime de Damas. Les opposants appellent à «coopérer dans toutes les villes et provinces de Syrie pour réaliser le but légitime de faire chuter le régime et le traduire en justice». Le porte-parole de ce groupe, Jamil Saïb, a précisé que ce «Conseil national» regroupe des opposants connus. Il entend rassembler les forces d'opposition pour soutenir la révolution» et se faire entendre auprès des organisations internationales, dont le groupe dénonce le silence.
(Avec AFP et AP)
Tags : syrie, armée, répression, morts
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