• "L'Egypte ne prend pas le chemin d'une guerre civile"

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    "L'Egypte ne prend pas le chemin d'une guerre civile"

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    <time datetime="2013-07-08T18:19:03" itemprop="dateCreated">Créé le 08-07-2013 à 18h19</time> - <time datetime="2013-07-08T22:45:06" itemprop="dateModified">Mis à jour à 22h45</time>

    La peur d'une guerre civile est très forte. Mais ce scénario est-il crédible ? Interview du spécialiste Marc Lavergne.

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    Des pro-Morsi font face à l'armée égyptienne, séparés par des barbelés, au Caire le 8 juillet 2013. (MAHMUD HAMS/AFP)

    Des pro-Morsi font face à l'armée égyptienne, séparés par des barbelés, au Caire le 8 juillet 2013. (MAHMUD HAMS/AFP)

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    Depuis quelques jours, et encore plus depuis la tuerie de ce matin devant la Garde républicaine qui a fait une cinquantaine de morts, la peur d'une guerre civile est très forte. Mais ce scénario est-il imminent ? Interview du spécialiste Marc Lavergne, directeur de recherche au CNRS et chercheur au GREMMO Groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient).

    Les Frères musulmans ont appelé ce matin à un "soulèvement" après que des tirs de l'armée ont tué ce matin plusieurs dizaines de personnes pro-Morsi. Certains évoquent depuis quelques jours le risque de guerre civile : à tort ou à raison ? 

     
     

    - On ne peut pas exclure le risque de guerre civile. Il y a une insécurité qui s'est développée avec l'arrivée d'armes en provenance de Libye et du Soudan et qui est préoccupante. Cependant, je ne pense pas que l'Egypte prenne le chemin d'une guerre civile. Les Frères musulmans ont une structure pyramidale et quand les cadres donnent des ordres, les jeunes suivent. A l'heure actuelle, les Frères musulmans n'ont aucun intérêt à risquer un pareil scénario. Ils ont toujours eu des capacités de mobilisation, ils ont accepté de se faire mettre en prison pendant des années sous le régime de Moubarak sans pour autant faire descendre le peuple dans la rue.

    Les affrontements sont, selon moi, un moyen de créer un rapport de force préalable ou en parallèle à des discussions. Les militaires cherchent le "clash" pour mettre les Frères musulmans en défaut. La situation ne peut être stabilisée sans la participation d'une manière ou d'une autre de la confrérie.

    Selon vous, la situation égyptienne ne peut pas être comparée à celle qu'a vécue l'Algérie au début des années 1990 ?

    - Non en effet, ni même comparée à la Syrie comme le dit le Parti de la justice et de la liberté. En Egypte, les fondamentaux sont différents dans la mesure où il n'y a pas vraiment de conflit confessionnel ou communautaire fort. Tous les protagonistes de la crise égyptienne ont la même culture, les mêmes valeurs, la même religiosité, la même origine sociale. Les militaires et les Frères musulmans viennent de la petite et moyenne bourgeoisie de province et occupent chacun dans le camp des fonctions élevés dans la hiérarchie.

    Le seul clivage qui existe entre eux, c'est que les militaires défendent leur intérêt de caste, économique et non pas l'intérêt du pays, alors que les Frères musulmans représentent, qu'on le veuille ou non, une large majorité d'Egyptiens, même si beaucoup d'entre eux sont déçus de la politique qui a été menée par Mohamed Morsi.

    La situation économique explosive qui s'impose à tout le monde devrait plutôt amené les gens qui fonctionnent de manière rationnelle à s'asseoir autour d'une table.

    En attendant d'éventuelles négociations, la violence semble atteindre des sommets jamais atteints... On n'est pas tout de même à un point de non-retour ?

    - On a des violences qui sont le fait de "baltaguis", de voyous, des chômeurs qu'on peut acheter pour quelques dizaines de livres pour aller faire le coup de feu ou le coup de bâton. De son côté, l'armée, on le sait, n'est pas démocrate et elle veut rétablir l'ordre. Elle n'y va donc pas avec le dos de la cuillère, elle tire dans le tas, qu'il s'agisse d'opposants ou de gens qui soutiennent la révolution. Mais je ne suis pas sûr que cet embrasement puisse prendre l'ensemble de la société égyptienne.

    Les violences ne sont pas circonscrites qu'au Caire...

    - Il y a des villes où les Frères musulmans sont moins présents comme les villes ouvrières comme Suez. Encore une fois, on a affaire à un peuple qui derrière ses divergences est très unis et homogène.

    Mais ne risque-t-on pas de voir des partisans de Mohamed Morsi, en colère et frustrés, se radicaliser, voire prendre le chemin du djihadisme ?

    - A priori, il n'y a pas de djihadistes parmi les Frères musulmans. Il y a eu les terroristes de la Jammaa islamyia qui s'attaquaient aux touristes mais ils ont été écrasés. Souvenez-vous que Mohamed Morsi a essayé de nommer un gouverneur issu de leur rang à Louxor et cela avait beaucoup choqué.

    Ce serait plutôt chez les salafistes qu'on pourrait trouver d'éventuels djihadistes. Mais difficile même dans ce cas là, d'imaginer un djihad entre des personnes de même obédience religieuse...


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