Les ministres des Finances de la zone euro ont proposé lundi 9 juillet la nomination du Luxembourgeois Yves Mersch pour occuper le poste vacant au directoire de la Banque centrale européenne, a annoncé le porte-parole du président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker.
"L'Eurogroupe propose la nomination d'Yves Mersch au directoire de la BCE. La recommandation formelle devra être adoptée demain" par le Conseil ecofin, qui regroupe l'ensemble des ministres des Finances des 27, a précisé le porte-parole.
Les ministres des Finances de la zone euro se réunissaient ce lundi pour parachever l'aide aux banques espagnoles, éplucher les finances grecques et avancer vers une union bancaire. "L'ordre du jour est plutôt rempli, mais il ne faut pas s'attendre à des décisions formelles", a averti un haut responsable de la zone euro.
Pourtant le temps presse, soulignent la France et l'Italie notamment. Après un bref répit, le coût d'emprunt de l'Espagne et de l'Italie s'envole à nouveau. Ce lundi, le taux espagnol à 10 ans était repassé au-dessus des 7%, un seuil intenable à long terme.
C'est pourquoi la zone euro doit "aller vite" pour traduire en actes les décisions du sommet des 28 et 29 juin, notamment la supervision bancaire intégrée afin d'ouvrir la voie à la recapitalisation directe des banques espagnoles, a déclaré ce lundi le ministre français des Finances Pierre Moscovici à son arrivée à la réunion de l'Eurogroupe.
Cette réunion doit permettre de finaliser sur le plan "politique" le programme d'aide à l'Espagne, dit "mémorandum", ont indiqué plusieurs sources européennes. La zone euro a mis sur la table une enveloppe pouvant aller jusqu'à 100 milliards d'euros, assortie de conditions.
Selon le quotidien espagnol El Pais, l'Eurogroupe devrait notamment imposer à toutes les banques espagnoles d'augmenter leur niveau de fonds propres.
Vers un nouvel Eurogroupe le 20 juillet ?
Mais la signature attendra fin juillet. Pierre Moscovici et d'autres sources européennes ont parlé d'un prochain Eurogroupe, le 20. Le montant précis de l'aide qui sera versée aux banques espagnoles ne sera pas non plus connu lundi. "C'est un processus lent, il faut identifier les besoins banque par banque", a souligné un haut responsable européen.
Reste aussi à lever toute ambiguïté sur les modalités de la recapitalisation directe des banques par le fonds de sauvetage de la zone euro, le MES. Le débat ne semblait pas clos lundi sur la nécessité que les Etats apportent ou non leur garantie.
Interrogé lors d'une conférence de presse, le porte-parole du Commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a assuré: "Une fois qu'un mécanisme unique de supervision sera en place, le MES pourra prendre la décision de recapitaliser directement des banques et il n'y aura pas besoin d'une garantie souveraine."
Sur un autre front, les 27 s'apprêtent mardi 10 juillet à autoriser l'Espagne à ne ramener son déficit public à 3% du produit intérieur brut (PIB) qu'en 2014, au lieu de 2013, a annoncé à l'AFP une source européenne.
Le cas grec en attente
Lundi, les ministres de la zone euro examinent aussi la situation de la Grèce, qui a reçu la semaine dernière la visite de la "troïka" des créanciers publics (UE, BCE et FMI), après la suspension des réformes pour cause d'élections.
Le versement de la prochaine tranche d'aide à la Grèce n'aura pas lieu "tant que l'Eurogroupe n'aura pas constaté que le programme est de nouveau sur les rails", a mis en garde vendredi 6 juillet une source européenne, qui ne s'attend pas à une décision concernant la suite de l'aide à Athènes avant "fin août".
En attendant, le nouveau Premier ministre grec Antonis Samaras a obtenu dimanche un vote du Parlement pour appliquer une politique centrée sur les privatisations.
Les ministres des Finances devraient évoquer également les conditions d'octroi d'une aide à Chypre, mais là encore sans prendre de décision dans l'immédiat.
(Avec AFP)