La Française Claudia Priest, enlevée pendant cinq jours en Centrafrique par des miliciens chrétiens anti-balaka, est arrivée dimanche peu après 18H00 à l’aéroport militaire de Villacoublay, près de Paris, ont constaté des journalistes de l’AFP.
L’humanitaire de 67 ans a été accueillie à sa descente de l’avion, un Falcon estampillé République française, par son mari Armand, ses enfants Bérangère et Florent, ainsi que le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.
Cheveux gris courts, en baskets, pantalon beige et petit sac a dos, elle a remercié brièvement toutes les personnes qui sont intervenues pour aider à sa libération. «Je suis contente de retrouver le sol français, même si le sol centrafricain est aussi un peu ma patrie», a-t-elle bredouillé, la voix cassée.
«Une prise d’otages, c’est toujours extrêmement violent, a déclaré ensuite le ministre, mais quand en plus il s’agit d’une personne qui donne une grande partie de sa vie aux Centrafricains, c’est encore plus violent.»
Cinq petits enfants de Mme Priest, originaire de Pont-de-Veyle (Ain), lui ont ensuite remis des roses blanches, une chacun. Elle les a embrassés en sanglotant.
«Sa santé est relativement bonne et son moral aussi», a assuré son mari Armand après s’être entretenu avec elle.
Arrivée en Centrafrique le 6 janvier pour une mission de deux semaines pour le compte de l’ONG médicale catholique Codis (Coordination diocésaine de la santé), fondée par son mari, elle avait été enlevée lundi, puis libérée vendredi.
Un employé centrafricain de l’ONG, kidnappé en même temps qu’elle, a lui aussi été libéré.
Enlevés sur une des avenues principales au nord de la capitale alors qu’ils rentraient d’une mission à 70 km de Bangui, ils avaient été emmenés dans le quartier Boy-Rabe, fief des anti-balaka, puis à une quinzaine de km dans la brousse.
- Aucune rançon -
«Ils étaient vraiment très menaçants, ils avaient des armes, ils avaient des poignards, des machettes, et ils me disaient: +on va te tuer, on va t’égorger, on va te tuer+», avait-elle raconté samedi lors d’un entretien à l’AFP à Bangui.
«Ils m’ont frappée, ils m’ont traînée (...), emmenée jusqu’à une carrière un peu loin sur la colline. Ensuite nous avons marché, sur au moins 15 km, (...) ils m’ont mis quelque chose pour qu’on ne reconnaisse pas que j’étais française», avait ajouté Mme Priest.
La libération a été «un très gros soulagement», a-t-elle confié. «Je n’y croyais pas du tout. C’est simplement quand j’ai vu Monseigneur Nzapalainga (l’archevêque de Bangui), (...) je l’ai pris dans mes bras, il m’a pris dans ses bras, là j’ai dit: +c’est bon+».
L’archevêque de Bangui «était en tête des négociations», selon Armand Priest, qui assure qu’aucune rançon n’a été versée.
«Ni moi, ni mon épouse n’en voulons aux ravisseurs. Ce sont des jeunes qui n’ont pas eu d’éducation et qui n’ont aucun avenir», a-t-il ajouté. Ce qu’ils font «pour gagner quelques francs CFA, je peux presque l’excuser».
Les anti-balaka sont des milices principalement chrétiennes qui se sont formées pour lutter contre les rebelles, essentiellement musulmans, de la coalition Séléka qui avait pris le pouvoir en Centrafrique en mars 2013 avant d’en être chassée en janvier 2014. Les deux camps sont accusés d’avoir commis de graves exactions.
Les auteurs de l’enlèvement de la Française, le premier en Centrafrique depuis le début de l’intervention militaire française «Sangaris» dans ce pays en décembre 2013, protestaient contre l’arrestation de Rodrigue Ngaïbona, dit «général Andjilo», l’un de leurs chefs, soupçonné d’être l’un des meneurs de massacres de musulmans dans la capitale centrafricaine.