L'opposition russe lance un nouvel appel à manifester

LEMONDE.FR avec AFP | 06.03.12 | 16h10

Malgré les centaines d'interpellations en marge des manifestations organisées la veille à travers le pays, l'opposition russe a appelé, mardi 6 mars, à la tenue de nouveaux rassemblements pour dénoncer les conditions de la réélection de Vladimir Poutine à la présidence.

"Nous avons décidé d'une nouvelle action le 10 mars", a déclaré le journaliste Sergueï Parkhomenko, l'un des organisateurs du mouvement de contestation, à l'agence Ria Novosti.

A Saint-Pétersbourg, deuxième ville du pays, le mouvement d'opposition l'Autre Russie a appelé à manifester dès ce mardi et mercredi. Le Parti communiste, le parti démocrate Iabloko et le mouvement d'opposition Solidarnost ont, eux, appelé à manifester le 10 mars.

LEADERS ARRÊTÉS

Plus de 500 personnes, dont des chefs de la contestation, ont été interpellées lundi à Moscou et Saint-Pétersbourg lors de manifestations dénonçant l'élection de M. Poutine, entachée de fraudes selon l'opposition et des observateurs, et que l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a jugée "biaisée".

Dans la capitale, 250 personnes dont les leaders Alexeï Navalny, Sergueï Oudaltsov et Ilia Iachine ont été interpellés après un rassemblement de 20 000 personnes place Pouchkine. Tous ont été relâchés, mais les trois leaders, ainsi que l'écrivain Edouard Limonov, interpellé lors d'une autre manifestation devant la commission électorale, sont convoqués la semaine prochaine au tribunal et encourent des amendes. M. Iachine risque, lui, quinze jours de prison pour refus d'obtempérer.

>> La correspondante du "Monde" en Russie, Marie Jégo, raconte les manifestations moscovites des pro et anti-Poutine

Le Comité d'enquête russe a indiqué mardi avoir ouvert une enquête pour "appels à la désobéissance aux représentants de la loi et appel au trouble à l'ordre public".

"MANIFESTANTS PACIFIQUES"

Ces arrestations ont contrasté avec la relative tolérance qui avait prévalu depuis décembre à l'égard des rassemblements d'opposition, alors que les commentateurs sont dans l'expectative sur l'attitude du régime après le retour de M. Poutine au Kremlin.

L'ambassadeur des Etats-Unis, Michael McFaul, s'est dit "troublé", lundi soir, par les interpellations de "manifestants pacifiques", soulignant que les libertés d'expression et de rassemblement étaient des "valeurs universelles", sur son compte twitter.

Le porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, Alexandre Loukachevitch, a répondu, lui aussi sur Twitter. "La police a été beaucoup plus humaine que ce que nous avons vu lors de la dispersion de l'action 'Occupy Wall Street'" à la fin de l'année dernière à New York, a-t-il écrit.

"La police s'est comportée avec un grand professionnalisme, légitimité et efficacité", a également estimé le porte-parole de M. Poutine, Dmitri Peskov, cité par Itar-Tass.

M. POUTINE ÉCARTE LES CRITIQUES

L'homme fort de la Russie a écarté toute critique sur sa victoire dès le premier tour du scrutin, dimanche, estimant que les protestations "sont un élément de lutte politique". M. Poutine, qui visitait un centre de contrôle des plaintes électorales a fait valoir que les manifestations n'ont rien à voir avec le vote.

"Il y a naturellement eu des irrégularités. Il faut les identifier, les éliminer, pour que tout soit clair pour tout le monde", a ajouté l'actuel premier ministre russe, qui a enregistré près de 64 % des suffrages exprimés.