• La Croatie, vingt-huitième membre dans l?UE

    Monde - le 26 Juin 2013

    Europe

    La Croatie, vingt-huitième membre dans l’UE

    Le 1er juillet prochain, la Croatie entrera officiellement dans l’Union européenne. L’heure n’est pas à la fête dans un pays où le taux de chômage est de 22 % et qui doit se plier au dogme du libre-échange.

    Dimanche soir, de pompeuses festivités marqueront l’entrée de la Croatie dans l’Union européenne (UE) : feux d’artifice à minuit pile, discours et concerts. José Manuel Barroso et de nombreux chefs d’État et de gouvernement feront le voyage de Zagreb, capitale éphémère d’une Union qui comptera à partir de ce moment 28 membres. Pourtant, beaucoup de Croates n’ont pas l’intention de faire la fête.

    Selon certains sondages, seuls 7 % des habitants du pays auraient décidé de prendre part aux réjouissances et, depuis plusieurs jours, la principale polémique qui alimente la presse croate concerne le coût de la fête, dans un pays où le chômage touche 22 % de la population active. Lors du référendum de janvier 2012, 66 % des Croates s’étaient prononcés en faveur de l’intégration de leur pays, mais la participation n’avait été que de 43 % des inscrits. Depuis, la confiance en l’Union ne cesse de chuter. D’après des enquêtes récurrentes, les Croates anticipent le fait qu’ils vivront plus mal après l’intégration de leur pays qu’aujourd’hui. C’est une première absolue, tous les élargissements ayant été associés à une promesse de vie meilleure – certes, pas toujours tenue, notamment dans le cas de la Roumanie et de la Bulgarie, qui ont rejoint l’Union en 2007.

    La Croatie a «â€¯bénéficié » des plus longues négociations d’adhésion de l’histoire de l’UE, puisque celles-ci ont débuté il y a dix ans, en 2003. «â€¯En réalité, déplore Kresimir Sever, le président des Syndicats indépendants croates (NHS), l’une des principales confédérations, le seul point sur lequel l’UE a véritablement insisté au cours de la dernière période était le chapitre VIII, celui qui concerne la libre concurrence. Au nom de ce principe, la Croatie est condamnée à achever sa désindustrialisation. » Ainsi, l’UE a exigé que Zagreb cesse toute aide publique aux chantiers navals et procède à leur «â€¯restructuration » – c’est-à-dire à leur privatisation – avant le 1er juillet. La construction navale constitue la dernière spécialité industrielle du pays et représente des milliers d’emplois directs et indirects. Le chantier de Kraljevica a fermé ses portes, faute de repreneur, tandis que 3 000 des 3 200 employés de celui de Split ont été licenciés, fin mai. Les exigences européennes passent d’autant plus mal que la France ou l’Italie continuent à subventionner la construction navale. «â€¯Tous nos gouvernements successifs, de droite comme de gauche, ont misé sur une économie de services : pourtant, la Croatie ne peut pas vivre uniquement du tourisme », poursuit Kresimir Sever, convaincu que son pays va rejoindre une «â€¯Europe du Sud » paupérisée, un arc de crise qui s’étend du Portugal à la Grèce.

    Les dirigeants européens espèrent pourtant que l’adhésion de la Croatie, la deuxième d’un pays issu de l’ancienne Yougoslavie, après celle de la Slovénie, en 2004, va redonner du sens au projet d’intégration européenne des Balkans occidentaux. La Serbie espère ainsi obtenir, lors du Conseil européen de vendredi, la confirmation de l’ouverture des négociations préalables à son adhésion.

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