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La «débâcle» de la sécurité privée des JO de Londres
La «débâcle» de la sécurité privée des JO de Londres
Stade olympique de Stratford, dans la banlieue Est de Londres. Le déploiement de 3500 soldats supplémentaires, en plus des 13500 déjà prévus, a été décidé en catastrophe pour assurer la sécurité des JO de Londres. Crédits photo : SUZANNE PLUNKETT/REUTERSCritiquée de toutes parts, l'entreprise spécialisée G4S reconnaît son incapacité à remplir son contrat.
Quand un soldat parle de «débâcle», il y a de quoi s'inquiéter. Plus encore lorsqu'il s'agit d'un secrétaire d'État à la Défense, l'ancien militaire Andrew Robathan, qualifiant le dispositif de sécurité des Jeux olympiques qui défraye la chronique en Grande-Bretagne depuis plusieurs jours. Les manquements de la firme de sécurité privée G4S, principal prestataire des organisateurs en la matière, continuent à susciter les polémiques.
Son patron, Nick Buckles, a fait face mardi à un accablant interrogatoire de la commission des affaires intérieures de la Chambre des communes, devant laquelle il avait été convoqué. Il a reconnu l'«humiliante pagaille» provoquée par sa société qui ne parvient pas à remplir son contrat.
Réputation «en lambeaux»
Mardi matin, à l'entrée de la presse du parc olympique, à l'est de Londres, des militaires en tenue de camouflage assuraient le filtrage des visiteurs, en lieu et place des vigiles prévus par G4S. Sur le site de course cycliste de Box Hill, dans le Surrey, seulement 30 des 200 salariés annoncés par G4S se sont présentés à leur poste. Le géant de la sécurité devait fournir à l'organisation des JO 10.400 gardiens salariés, plus 3000 volontaires. Nick Buckles a affirmé que 4200 étaient à pied d'œuvre et qu'il avait l'espoir d'arriver à 7000 pour l'ouverture des Jeux dans dix jours, sans pouvoir en être tout à fait sûr.
Le 3 juillet, il a été alerté par ses services des difficultés à recruter les effectifs nécessaires et n'a signalé le problème au ministère de l'Intérieur qu'une semaine plus tard. Le déploiement de 3500 soldats supplémentaires, en plus des 13.500 déjà prévus, a été décidé en catastrophe pour pallier cette défaillance. Les effectifs de la police vont également être augmentés en conséquence, provenant de neuf forces sollicitées en renfort à travers le pays.
Pour G4S, les Jeux olympiques étaient une vitrine. Un contrat de 284 millions de livres (360 millions d'euros) à comparer à un chiffre d'affaires total de 7,5 milliards de livres (9,5 milliards d'euros) l'an dernier, avec ses 650.000 employés à travers le monde. Le groupe gère des prisons, des centres de détention de demandeurs d'asile, des flottes de convoyeurs de fonds, assure des missions de gardiennage mais aussi assiste les militaires en Irak ou en Afghanistan. De plus en plus, il se voit confier en sous-traitance des activités habituellement dévolues à la police en Grande-Bretagne. La société s'est également fait remarquer pour le décès, il y a près de deux ans, d'un réfugié angolais à bord d'un avion, escorté par trois de ses agents. Depuis le début de la polémique sur les Jeux, G4S a perdu 15 % de sa valeur en Bourse et le contrat devrait lui coûter jusqu'à 50 millions de livres (63 millions d'euros) de pénalités. Sans parler de sa réputation «en lambeaux», comme l'a reconnu son patron. Ce dernier a d'ores et déjà fait savoir qu'il ne se porterait pas candidat pour les prochains Jeux olympiques ou la Coupe du monde de foot au Brésil. Nick Buckles pourrait être contraint à la démission par ses actionnaires, après y avoir été fortement incité par les parlementaires qui l'interrogeaient mardi. À plus long terme, cette affaire risque aussi de remettre en cause la tendance à la privatisation de tâches policières, qui devait assurer de belles perspectives de croissance pour l'activité de G4S ou de ses concurrents comme Serco dans les années à venir.
Pénurie de main-d'œuvre
Le spécialiste s'est illustré par son incompétence en matière de gestion des ressources humaines. «Nous faisons face à un problème de pénurie de main-d'œuvre», a reconnu piteusement Nick Buckles, malgré un chômage à 8 %. Pour ces jobs temporaires, la société a ciblé en particulier des chômeurs, des retraités ou des étudiants. Mais, peu motivées par une rémunération de 8,50 livres de l'heure (10,80 euros), les personnes recrutées ont souvent failli à se présenter là où elles étaient attendues. Plusieurs mois s'étant passés entre leur formation et le début du travail, elles ont pu trouver mieux en attendant.
Un système de planification totalement désorganisé a fini d'ajouter à la confusion parmi des salariés envoyés à l'autre bout du pays par rapport à ce à quoi ils s'attendaient ou laissés à l'abandon par la société. Un système fondé sur «l'exploitation des gens», a critiqué un député. Au lieu de repenser ses méthodes quand il le pouvait encore, G4S a préféré opter pour une organisation en «juste à temps». Prouvant, comme chacun sait désormais, que cela ne sera pas le cas.
Les Britanniques jugent le pays mal préparé
Grognons, les Britanniques critiquent la façon dont leur pays organise les Jeux olympiques. Pour 45 % d'entre eux, la Grande-Bretagne est mal préparée à accueillir l'événement, tandis que 40 % pensent le contraire, selon un sondage ComRes pour ITV. Le fiasco de la sécurité, l'engorgement de la circulation et dans les transports en commun nourrissent l'agacement. Les Londoniens n'apprécient guère les consignes des autorités leur demandant de rester chez eux ou de travailler plus tard le soir pour faire de la place à 3 millions de visiteurs supplémentaires attendus dans une ville déjà saturée. 56 % d'entre eux assurent n'avoir aucune intention de modifier leurs habitudes durant les compétitions, selon un sondage du site Motors.co.uk.«Ces résultats peuvent laisser craindre un chaos», prévient son directeur commercial Phill Jones. Pour l'arrivée des premiers athlètes, lundi, les bus de délégations australiennes et américaines ont mis 4 heures pour arriver au village olympique depuis l'aéroport d'Heathrow. Mais il semble que les chauffeurs se soient perdus.
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Tags : Jeux olympiques, JO, Sécurité, Royaume-Uni, Londres
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