• La Grande barrière de corail menacée par le charbon australien

    Mercredi 07 mars 2012

    La Grande barrière de corail menacée par le charbon australien

    Une fois de plus, croissance économique et protection de l'environnement s'affrontent. Dernier exemple en date : la Grande barrière de corail, le plus grand ensemble corallien de la planète, qui abrite une exceptionnelle biodiversité, s'avère menacée par la flambée de l'activité minière − essentiellement de charbon − et de l'exploration de gaz en Australie, selon l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco).

     

    "La Grande barrière de corail se trouve actuellement à un carrefour et les décisions qui seront prises au cours des deux ou trois prochaines années pourraient être cruciales pour la conservation à long terme du récif", s'inquiète, cité par le Guardian, l'organisme onusien, dont une délégation d'experts est arrivée sur la côte est de l'Australie, mercredi 7 mars, pour une mission de dix jours de contrôle des ports.

    Tout est parti d'un léger incident diplomatique : l'an dernier, Canberra autorisait l'installation d'une vaste usine de gaz liquéfié naturel sur l'île de Curtis, au large de Gladstone (Queensland), tout au sud de la Grande barrière, sans en référer à l'Unesco. Et à Gladstone même, l'extension du port est en cours, des travaux qui feront du terminal charbonnier l'un des plus importants du pays. Or, les Nations unies, qui ont pour vocation de protéger ce récif inscrit au Patrimoine mondial de l'humanité depuis 1981, doivent approuver les grandes décisions industrielles pouvant l'affecter.

    L'Unesco, de même que les associations écologistes, voit ainsi d'un mauvais œil ces deux chantiers. Pour construire les installations, les entreprises devront en effet draguer le fond de l'océan, provoquant d'importantes quantités de déblais déposés au fond de la réserve, polluant l'eau et affectant les écosystèmes.

    Mais ce qui inquiète le plus l'ONU, c'est la multiplication des projets industriels dans le Queensland, Etat qui produit 55 % du charbon utilisé par l'industrie de l'acier dans le monde et le long duquel s'étendent les 2 600 kilomètres de Barrière de corail. Deux autres grands ports charbonniers sont à l'examen, à Hay Point et surtout à Abbott Point, qui deviendrait le plus grand terminal au monde. L'économie du pays est en effet de plus en plus dépendante de l'industrie du charbon, comme le montre un récent rapport de l'Office australien des statistiques, et ce, malgré l'adoption, en novembre, d'une taxe carbone de 23 dollars australiens (17 euros) par tonne, qui doit entrer en vigueur en juillet pour limiter les émissions de gaz à effet de serre.

    Au rythme actuel de croissance et d'expansion portuaires, 10 000 navires chargés de charbon ou de gaz pourraient traverser chaque année la Grande barrière de corail, soit un par heure, selon rapport de Greenpeace, bien plus que les 1 722 bateaux entrés dans la zone du Patrimoine mondial en 2011. La capacité d'exportation en charbon de l'ensemble des ports du Queensland passerait ainsi de 156 millions de tonnes l'an dernier à 944 millions en 2020, comme le précise cette infographie de l'ONG :

    Le risque, c'est bien sûr l'échouage de ces bateaux qui vont devoir naviguer entre les récifs et le déversement de substances toxiques, charbon, gaz et pétrole, comme ce fut le cas pour un navire chinois en avril 2010, le Shen Neng 1, au large de la Grande île de Keppel. Certaines espèces en danger, comme des tortues et dauphins, sont par ailleurs menacées par l'industrialisation et la pollution de masse de la côte. Et la croissance de l'utilisation du charbon affecte les récifs en raison des émissions élevées de dioxyde de carbone.

    Au-delà des conséquences pour l'environnement, l'industrie du charbon menace aussi le tourisme dans la région. La Grande Barrière de corail contribue en effet pour 6 milliards de dollars australiens (4,8 milliards d'euros) à l'économie du pays, avec 1 million de visiteurs par an et 63 000 emplois dans le secteur.

    Audrey Garric

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