• La réforme bancaire en Espagne déçoit les investisseurs

    La réforme bancaire en Espagne déçoit les investisseurs

    Créé le 11-05-2012 à 18h01 - Mis à jour à 18h01 

     

    par Julien Toyer et Jesús Aguado

    MADRID (Reuters) - L'Espagne a imposé à ses banques d'augmenter leurs provisions pour se protéger des pertes croissantes sur leurs prêts toxiques dans l'immobilier, tout en s'engageant à apporter une aide limitée aux établissements en difficultés via des prêts à taux élevés.

    La perception du risque de l'Espagne, mesuré par le spread (écart de taux) entre les obligations espagnoles et allemandes, a atteint un plus haut de séance à 456 points de base, alors que les actions chutaient, signe que les marchés n'ont pas été convaincus par cette nouvelle tentative pour sortir le pays de la crise financière qui sévit depuis quatre ans.

    Vers 17h30, le spread se détendait quelque peu à 448,4.

    Le gouvernement de centre droit de Mariano Rajoy a approuvé vendredi en conseil des ministres sa deuxième réforme du système bancaire depuis son arrivée aux affaires en décembre dernier.

    Dans ce cadre, il a également ordonné un audit indépendant du portefeuille immobilier des banques du pays, conformément à ce que le l'Union européenne lui avait demandé.

    Les banques ont jusqu'à la fin de l'année pour sortir leurs portefeuilles immobiliers de leurs bilans pour les placer dans des sociétés de gestion d'actifs, capable de liquider rapidement si besoin en était, a déclaré le ministre de l'Economie Luis de Guindos à la presse lors de la présentation des nouvelles mesures.

    Les prêteurs doivent provisionner 30 milliards d'euros, en plus des 54 milliards exigés en février, afin de couvrir aussi bien leurs créances performantes que leurs prêts à risque.

    Ceux qui ne pourront pas lever les fonds propres nécessaires bénéficieront de prêts à cinq ans à un taux d'intérêt de deux fois celui de la dette souveraine de même échéance.

    Les banques espagnoles en difficulté, avec plus de 184 milliards d'euros de créances et d'actifs à risque, sont au coeur de la crise de la dette en zone euro dans la crainte que le sauvetage massif du secteur ne mette l'Etat en difficulté.

    Luis De Guindos a estimé que l'Etat mettrait moins de 15 milliards d'euros dans ce quatrième plan de sauvetage en quatre ans. Il a souligné que le gouvernement n'injectait pas de cash dans les banques, mais uniquement des prêts, bien que les obligations convertibles sont susceptible d'être transformées en participations dans le capital des établissements concernés.

    SUJET DÉLICAT

    Le renflouement du secteur bancaire, touché de plein fouet par l'éclatement en 2007-2008 d'une bulle immobilière qui a gonflé durant 10 ans, est un sujet délicat en Espagne, où les mesures d'austérité portent atteinte au système éducatif et de santé.

    "Cette réforme va donner de la crédibilité et rétablir la confiance dans le secteur financier, augmenter les flux de crédit dans le pays et déboucher sur des ventes de logements à des prix raisonnables", a dit la vice-présidente du gouvernement Soraya Saenz de Santamaria lors de la conférence de presse.

    Madrid a pris le contrôle de Bankia, quatrième banque du pays. L'Etat détiendra indirectement 45% de l'établissement à la suite de la nationalisation de BFA, maison mère de Bankia, via la conversion en actions d'un prêt de 4,5 milliards d'euros accordé groupe financier.

    Un nettoyage définitif du bilan des banques, ainsi que l'élaboration et la communication anticipée du projet de budget 2014, figurent parmi les réformes qui pourraient permettre au gouvernement de Mariano Rajoy d'obtenir de l'Union européenne un délai pour atteindre les objectifs budgétaires, ont indiqué à Reuters des sources de l'Union européenne, alors que l'Espagne affirme qu'elle ne sollicite aucune indulgence.

    La Commision européenne a publié de nouvelles prévisions de croissance montrant que Madrid devra réaliser de nouvelles économies cette année et la suivante si elle veut atteindre ses objectifs ambitieux de réduction du déficit, dans la mesure où elle sera en récession en 2012 et 2013.

    Juliette Rouillon et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Nicolas Delame


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