• La zone euro prépare une intervention rapide

    La zone euro prépare une intervention rapide

     

    Par Alexandrine Bouilhet Mis à jour <time class="updated" datetime="28-07-2012T21:41:00+02:00;">le 28/07/2012 à 21:41</time> | publié <time datetime="27-07-2012T23:09:00+02:00;" pubdate="">le 27/07/2012 à 23:09</time> lien

     

    Le FESF n'a encore jamais été utilisé pour racheter de la dette sur les marchés. Il peut agir en théorie sur le marché primaire ou secondaire.
    Le FESF n'a encore jamais été utilisé pour racheter de la dette sur les marchés. Il peut agir en théorie sur le marché primaire ou secondaire. Crédits photo : © Alex Domanski / Reuters/REUTERS

    Après Mario Draghi, Angela Merkel et François Hollande se sont engagés à tout faire pour sauver la zone euro. Mais le ministre allemand des Finances a assuré ce matin que le FESF ne rachèterait pas de la dette espagnole à l'émission.

    L'heure est suffisamment grave en zone euro pour que l'on dérange la chancelière Angela Merkel pendant ses vacances, dans le Tyrol. Et pour que Washington dépêche le secrétaire américain au Trésor Tim Geithner dès lundi sur l'île allemande de Sylt en mer du Nord, où le ministre des Finances passe son été.

    C'est l'Italien Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE), qui a sonné l'alarme ces dernières heures. Très à l'écoute des marchés, le président de la BCE a mobilisé l'état-major de la zone euro pour obtenir une intervention d'envergure sur les marchés. Objectif: voler au plus vite au secours de l'Espagne et de l'Italie, étranglées par des taux d'intérêt prohibitifs, sans attendre l'arrêt décisif de la Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe, le 12 septembre.

    Après s'être engagé, jeudi, à Londres, à «tout faire, tout ce qui est nécessaire pour sauver l'euro», le président de la BCE a prié François Hollande d'appeler Angela Merkel, vendredi, pour lui arracher un communiqué commun assurant que Paris et Berlin étaient «déterminés à tout faire pour protéger la zone euro», incitant les «États et les institutions de la zone euro à remplir leurs engagements dans leur domaine de compétence».

    Schäuble dément tout rachat de dette espagnole

    Pour rassurer les sceptiques, nombreux en Allemagne, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a aussi publié un communiqué, saluant les propos de Mario Draghi jugés «conformes à sa mission» de gardien de la monnaie commune. Cependant, Wolfgang Schäuble a démenti ce samedi tout projet de participation du Fonds de secours européen aux émissions obligataires de l'Espagne, alors que les marchés sont convaincus du contraire. Il qualifie même ces spéculations de «totalement infondées» dans un entretien à paraître dans le journal allemand Die Welt am Sonntag.

    Le ministre des Finances allemand vient ainsi appuyer les propos de la Bundesbank, la banque centrale allemande, qui a réaffirmé vendredi son opposition au rachat de dettes d'État sur le marché secondaire. «Si la BCE rachetait des obligations, cela enverrait un mauvais signal», a déclaré la «Buba», fidèle à ses principes, mais incapable, à elle seule, d'empêcher la BCE de se lancer dans des programmes non orthodoxes.

    Euphorie de courte durée

    Vendredi, les marchés n'ont pas tenu compte des propos à contre-courant de la Bundesbank, persuadés qu'une action concertée de grande ampleur se prépare. Ils ont fini la semaine très optimistes: les taux d'emprunt de l'Espagne ont fondu à 6,65 % vendredi après-midi contre 7,50 % mardi ; ceux de l'Italie sont descendus à 5,90 % contre 6,54 % en début de semaine. L'euro a quant à lui gagné 2 % face au billet vert s'échangeant vendredi soir à 1,23 dollar.

    Mais l'euphorie risque d'être de courte durée, si ces bonnes paroles ne sont pas suivies par des actes rapides. «Mario Draghi s'exprimera jeudi prochain à l'issue du Conseil des gouverneurs: il faut qu'il soit précis et concret, sinon les marchés vont très mal réagir», prévient Gilles Moec de Deutsche Bank. Les investisseurs espèrent une intervention de la BCE sur le marché de la dette d'État couplée, si possible, avec une action inédite du Fonds de secours européen (FESF).

    La BCE pourrait agir seule, comme elle l'a fait dans le passé, en rachetant 220 milliards d'euros de dettes grecque, irlandaise ou portugaise sur le marché secondaire. Après tout, la banque centrale dispose de moyens illimités pour agir sur les marchés. Mais ces opérations de la BCE sont si controversées, qu'elles ont déjà provoqué la démission de deux Allemands du directoire!

    Mario Draghi qui a interrompu ce programme de rachat de dettes en mars dernier, pour forcer les gouvernements à s'engager sur l'union bancaire, insiste aujourd'hui pour une intervention du FESF. «La BCE ne veut pas se lancer seule dans des opérations massives de rachats de dette, c'est trop risqué pour son bilan», estime Natacha Valla, de Goldman Sachs.

    Le FESF n'a encore jamais été utilisé pour racheter de la dette sur les marchés. Il peut agir en théorie sur le marché primaire ou secondaire. C'est cette dernière hypothèse qui serait privilégiée, la première étant jugée trop alarmiste. Le FESF dispose de 210 milliards d'euros de fonds. Bien assez pour assurer les besoins de refinancement de l'Espagne, estimés à 50 milliards d'euros d'ici à la fin de l'année.

    Pour actionner le FESF, il faut une décision de l'Eurogroupe, facile à obtenir rapidement, même en plein été, et deux conditions politiques, à ce jour, non remplies: une demande d'aide formelle de l'Espagne et un feu vert de la Commission budgétaire du Bundestag, le Parlement allemand. Madrid tarde à demander l'aide, pour des raisons politiques. L'accord politique du Bundestag est tout aussi délicat, en pleines vacances parlementaires. Un vote du Parlement n'est pas nécessaire, mais il faut une décision de la commission des finances. Pour l'obtenir, il suffirait d'organiser une téléconférence entre ses neuf membres cet été. Sur le fond, l'accord des élus serait acquis, s'il est soutenu par Merkel et Schäuble.

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