• Le cadeau électoral de Moody’s

    24 mai 2012

    Le cadeau électoral de Moody’s

    © AFP/Philippe Huguen

    Les responsables de l’UMP en sont pour leurs frais. Ils brandissaient la menace d’une nouvelle dégradation de la note française si le gouvernement persistait dans sa volonté de rétablir la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler tôt.

    Ce jeudi 24 mai, l’agence Moody's a indiqué qu’elle maintenait son triple A tout en continuant de l’associer à une perspective négative.

    Elle n’a pas voulu se laisser effaroucher par l’annonce, la veille, de Jean-Marc Ayrault, confirmant que le gouvernement prendrait d’ici trois semaines un décret pour appliquer la promesse de François Hollande. Le tout pour un coût annuel de 1 milliard d’euros.

    C’est une bonne nouvelle pour le gouvernement mais cela ressemble en même temps à une très courte trêve.

    François Hollande et son équipe avaient anticipé l’épreuve et pris langue avec les agences de notation avant l’élection présidentielle pour leur présenter le projet et les convaincre qu’il ne dégraderaient pas le déficit.

    La mesure sur les retraites sera financée par une hausse des cotisations des employeurs et des salariés, à charge pour les régimes complémentaires, gérés par les partenaires sociaux, de trouver eux aussi des ressources complémentaire pour faire face à cette nouvelle dépense.

    Moody's s’est laissée convaincre sans être tout à fait dupe. L’agence précise en effet dans son communiqué qu’elle dégradera la note de la France "si le gouvernement ne parvient pas à stabiliser et à réduire le niveau élevé du ratio d'endettement".

    Elle ajoute encore qu’elle attend "après les élections législatives de juin, une vision plus claire du programme gouvernemental".

    Tout cela veut dire qu’elle respecte la trêve électorale mais que le gouvernement devra, après, donner de sérieux gages, alors que les faibles perspectives de croissance rendent contestables ses prévisions de retour à l’équilibre à l’horizon 2017.

    François Hollande agit comme François Mitterrand en 1981 : il honore ses promesses électorales pour se donner le maximum de chances de remporter les élections législatives des 10 et 17 juin prochains.

    Mais il n’attendra pas deux ans, comme François Mitterrand,  pour prendre le tournant de la rigueur. Il n’en a pas les moyens. C’est dès la fin du mois de juin, une fois rendues publiques les conclusions de l’audit budgétaire confié à la cour des Comptes qu’il devra s’attaquer à la réduction des dépenses et annoncer des hausses d'impôts. Gare à la gueule de bois ! La cure risque d’être très indigeste.

    On comprend mieux pourquoi le président de la République se bat tant sur la scène européenne pour tenter de faire progresser l’idée de relance.

    Si l’Europe ne met pas un peu de carburant dans la croissance, cela risque d’être très très difficile.


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