De nos envoyés spéciaux à Bethléem
L'invitation est unique et sans précédent. En visite en Cisjordanie, le pape François a invité, ce dimanche, les deux chefs d'États, Palestinien et Israélien, à venir prier avec lui au Vatican pour la paix, un mois après la suspension des négociations bilatérales. «J'offre ma maison», a déclaré François. «En ce lieu, où est né le Prince de la paix, je désire adresser une invitation, à Monsieur le Président Mahmoud Abbas, et à Monsieur le Président Shimon Peres, pour faire monter ensemble avec moi une prière intense en invoquant de Dieu le don de la paix. J'offre ma maison, au Vatican, pour accueillir cette rencontre de prière.»
La réaction du président israëlien, Shimon Peres, à l'invitation du pape François a été immédiate. «La présidence accueille avec intérêt l'invitation du pape François. Le président Peres a toujours soutenu et va continuer à soutenir toute tentative de faire progresser la cause de la paix», a déclaré au Figaro un porte-paole de la présidence israélienne. Pour un responsable israélien, «cette invitation n'est pas une surprise. Les contacts entre la présidence israélienne et le Vatican pour essayer de prendre une initiative en faveur de la paix sont en cours depuis un moment déjà». Il semble donc vraisemblable que le président Peres acceptera l'invitation formulée par François. Dans la mesure où son mandat arrive à son terme le 27 juillet prochain et compte tenu de ses autres obligations, le voyage à Rome pourrait intervenir avant la fin juin. De son côté, le président palestinien se rendra au Vatican le 6 juin, selon un négociateur.
Jamais un pape n'avait encore osé proposer à ce point ses services pour construire la paix sur un dossier aussi historique: «Tous nous désirons la paix. Beaucoup de personnes la construisent chaque jour par de petits gestes, nombreux sont ceux qui souffrent et supportent patiemment les efforts de beaucoup de tentatives pour la construire».
Mais, pour François, il est du devoir des responsables politiques de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour inventer des nouveaux moyens de dialogues: «Tous, a-t-il poursuivi en lisant un texte qui n'était pas initialement prévu, spécialement ceux qui sont placés au service de leur peuple - nous avons le devoir de nous faire instruments et artisans de paix, avant tout dans la prière.»
<aside></aside>« Construire la paix est difficile, mais vivre sans paix est un tourment»
Pape François
François ne se fait pas d'illusion. Surtout après ces six mois de négociations entre Israël et les Palestiniens sous l'égide des Etats-Unis, qui viennent d'échouer mais ce pèlerin de la paix affirme: «Construire la paix est difficile, mais vivre sans paix est un tourment. Tous les hommes et toutes les femmes de cette Terre et du monde entier nous demandent de porter devant Dieu leur aspiration ardente à la paix.»
Deux nouveautés donc, inviter deux hommes de deux religions différentes, musulmane et juive, à prier, à Rome, ensemble, avec un chrétien. Et, plus concrètement, offrir «sa maison» comme un terrain neutre, celui du Vatican, pour rebâtir un dialogue qui semblait ces dernières semaines totalement compromis.