PARIS (AP) — Le gouvernement était réuni lundi après-midi autour de Jean-Marc Ayrault pour voir comment boucler le budget 2012 en respectant à la fois les promesses de campagne de François Hollande et les objectifs de réduction du déficit.
Le ministre de l'Economie Pierre Moscovici estime qu'il manque 7 à 10 milliards d'euros dans les caisses. Le gouvernement entend les trouver en procédant à des hausses d'impôts "justes", mais aussi en diminuant les dépenses publiques. "Nous allons agir sur les deux tableaux", a-t-il assuré lundi matin sur i>télé.
"Le mois de juin, c'est le mois de la facture", a ironisé l'ex-ministre du Budget Valérie Pécresse. "Il y a une petite arnaque dans tout ça", a considéré la députée UMP des Yvelines sur Europe-1. "M. Hollande nous explique que c'est les riches qui vont payer (mais) tous les Français vont payer la facture des promesses non financées de François Hollande".
La Cour des comptes doit rendre lundi prochain son audit des comptes publics. Et le gouvernement entend présenter un collectif budgétaire le mercredi suivant, le 4 juillet. Ce projet de loi de finances rectificative visera à "financer les priorités identifiées pendant la campagne présidentielle et à atteindre l'objectif, toujours rappelé, d'équilibre des finances publiques à l'horizon 2017", expliquait vendredi dernier la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem.
Ce collectif budgétaire "sera d'ampleur limitée", a assuré lundi matin Pierre Moscovici, en rappelant que l'objectif pour 2012 était de ramener le déficit à 4,5% du PIB.
Ces derniers jours, plusieurs chiffres ont circulé sur les fonds que l'Etat doit encore trouver pour pouvoir boucler son budget. Interrogé sur une fourchette de 7 à 10 milliards d'euros, le locataire de Bercy a répondu: "Nous sommes entre les deux, j'imagine, mais j'attends de voir les chiffres officiels". Il a promis que la politique du gouvernement serait "équilibrée" entre hausses d'impôts et économies de dépenses.
Des "mesures fiscales de rendement" vont être prises, a ainsi dit Pierre Moscovici avec un sens certain de l'euphémisme. La réforme de l'impôt sur le revenu et de l'impôt sur les sociétés "prendra place à l'automne", a-t-il indiqué. En revanche, il n'a donné aucune précision sur le montant et la nature des dépenses qui pourraient être réduites.
Le patronat s'inquiète de cette hausse des prélèvements obligatoires. "Il faut absolument contenir voire réduire un certain nombre de dépenses, que ce soient des dépenses de fonctionnement ou des dépenses d'intervention ou de subvention", a considéré lundi matin la présidente du MEDEF Laurence Parisot sur France-2. Elle a suggéré de supprimer deux euros de dépenses publiques pour chaque euro de recettes fiscales supplémentaires.
Pierre Moscovici a soutenu que les hausses d'impôts épargneraient les classes intermédiaires. "Nous ne voulons pas toucher les couches moyennes", a-t-il garanti. "Nous voulons garder un dynamisme à la consommation".
Le ministre de l'Economie a imputé les augmentations à venir à la gestion du gouvernement Fillon. "Nous avons hérité (...) d'une situation de finances publiques qui est assez calamiteuse": 600 milliards d'euros de dette publique en plus, 125 milliards d'euros de déficit public en plus, 40 milliards de prélèvements obligatoires en plus".
Il reprenait ainsi la complainte de l'héritage déjà entonnée vendredi dernier par Najat Vallaud-Belkacem. "Le déficit dont hérite ce gouvernement est plus de deux fois supérieur à celui dont le gouvernement de Nicolas Sarkozy avait pu hériter", avait-elle déploré.
L'ex-ministre du Budget Valérie Pécresse rejette ces accusations. "Les sept milliards et demi qui manquent, c'est pas le bilan de Nicolas Sarkozy", a déclaré la députée UMP. Elle reprenait le chiffre avancé par "Le Parisien". Dans son édition de lundi, le quotidien affirme que Bercy recherche 7,5 milliards d'euros, "8 milliards maximum".
"La méthode de François Hollande est singulière: je dépense, je dépense pendant un mois et, au bout d'un mois, je présente la facture aux Français", s'est offusquée Mme Pécresse. Selon elle, s'il manque des milliards d'euros, c'est "parce que la conjoncture s'est dégradée depuis le 6 mai et parce que M. Hollande a fait des promesses qui n'étaient pas financées". AP
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