Pendant longtemps, "on pensait que le Mont-Blanc mesurait 4.807 mètres. C'était la mesure de 1863, effectuée par l'armée française après l'annexion de la Savoie", explique Philippe Borrel, géomètre-expert, membre de l'expédition. Cette mesure avait été validée 30 ans plus tard par le scientifique Joseph Vallot et n'avait plus été remise en cause depuis. La première mesure par GPS en 2001 a montré que ce chiffre était obsolète et surtout qu'il variait d'une année sur l'autre. Le sommet des Alpes est ainsi passé de 4.808 mètres en 2003 à près de 4.811 mètres en 2007.
Cela fait maintenant six ans qu'il n'est pas redescendu sous la barre des 4.810 mètres. "Ce qu'on a constaté, c'est que les variations étaient liées aux précipitations et au vent", souligne M. Borrel. Plus les précipitations sont fortes et le vent faible, et plus la neige s'accumule en altitude, faisant grossir la calotte glaciaire qui recouvre le pic rocheux (culminant à 4.792 mètres). Il y avait ainsi, en 2007, 24.062 m3 de glace au-dessus de 4.800 mètres d'altitude contre seulement 14.598 m3 en 2003. "C'est très aléatoire car la neige se dépose rarement au sommet" où les vents sont très forts, souligne Gilles Gobbo, météorologue et nivologue à Chamonix.
Déformation du sommet ?
"Peut-être le Mont-Blanc varie-t-il plus de taille au cours d'une même année que d'une année sur l'autre à la même période", avance M. Borrel qui n'exclut pas d'effectuer des mesures à la fin du printemps pour vérifier cette hypothèse.
Les campagnes de mesures actuelles servent en outre à tester les derniers matériels GPS dans des conditions extrêmes de températures et de vent, et à modéliser la forme du sommet. "On fait entre 500 et 1.000 points de mesure avec le GPS pour savoir si le sommet se déforme d'un côté ou de l'autre", explique Farouk Kadded, géomètre-topographe chez Leica Geosystems. Le sommet de 2009 était ainsi 34 mètres plus à l'Est que celui de 2003. Les données collectées sont enfin censées éclairer les scientifiques sur les "éventuels impacts du changement climatique", un point qui laisse les glaciologues dubitatifs.