• Le pape donne une leçon de morale à l?ONU

    Le pape donne une leçon de morale à l’ONU

    Le Monde.fr | <time datetime="2015-09-26T00:59:02+02:00" itemprop="datePublished">26.09.2015 à 00h59</time> • Mis à jour le <time datetime="2015-09-26T01:06:44+02:00" itemprop="dateModified">26.09.2015 à 01h06</time> | Par

    Le pape après son discours à l'Assemblée générale de l'ONU, le 25 septembre.

    Le drapeau du Vatican flotte sur le fronton des Nations Unies depuis à peine deux heures lorsque la Fiat 500 du pape François s’engage sur la rotonde qui mène au siège de l’ONU. C’est le quatrième pape de l’histoire à se rendre aux Nations Unies et il sait son discours très attendu alors que l’institution, qui célèbre son soixante-dixième anniversaire, est en perte de confiance, plombée par son incapacité à agir sur le dossier syrien.

    Le pape a donc adressé ses premiers mots à l’ensemble du personnel « la colonne vertébrale de l’organisation ». « Vous portez le souci de l’avenir de notre planète, et du genre de monde que nous allons laisser aux futures générations » leur a-t-il lancé alors que des « Papa, Papa » résonnaient dans le hall du palais de verre.

    Il s’est ensuite offert un bain de foule parmi 400 employés qui avaient gagné, lors d’une loterie, le droit de l’apercevoir. Il a pris place dans une petite voiturette de golf sur laquelle le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, l’accompagnait. Loin des oreilles de la presse, il a rencontré le président du conseil de sécurité pour le mois de septembre, l’ambassadeur russe Vitaly Tchurkin. Si rien n’a filtré de la rencontre entre les deux hommes, qui n’aurait duré que cinq minutes, le souverain pontife avait quelques sujets clés à aborder avec le Russe : les blocages au conseil de sécurité et l’implication russe dans les conflits syrien et ukrainien.

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    Appel à l’examen de conscience

    Avec un quart d’heure d’avance sur le programme officiel, il a ensuite rejoint l’hémicycle de l’Assemblée générale où il a été accueilli par une ovation, les diplomates présents se levant d’un même élan. A la tribune, le pape était venu apporter un message de fermeté et il n’a pas hésité à donner un petit cours de morale politique en espagnol à l’aréopage de diplomates venu écouter un discours qui a duré près de 40 minutes.

    Les guerres en Syrie, Irak, Libye, Ukraine, Sud Soudan « doivent pousser a un examen de conscience de la part de ceux en charge de la conduite des affaires internationales » a-t-il lancé, dénonçant « les intérêts partisans » de la Realpolitik et une humanité en souffrance alors « qu’on ne fait que s’évertuer à énumérer des problèmes, des stratégies et des discussions » qui n’accouchent d’aucuns résultats.

    Jorge Bergoglio s’est aussi déclaré favorable à une réforme du conseil de sécurité pour « accorder à tous les peuples une participation et une incidence réelle et équitables dans les décisions ».

    Un plaidoyer pour la lutte contre le changement climatique

    Mais le thème central, qui aura dominé l’ensemble de son discours, est la lutte contre le changement climatique alors que le sommet pour le développement durable s’ouvrait juste après son passage à la tribune de l’Assemblée générale. Depuis la publication en juin de son encyclique Laudato si (« Loué sois tu »), le pape n’a cessé de dénoncer les déclarations de bonnes intentions qui ne sont pas suivies d’effets et partagé son espérance de voir la conférence de Paris sur le climat qui se tient en décembre prochain, déboucher sur « des accords fondamentaux et efficaces. »

    Il a par ailleurs plaidé pour la reconnaissance de l’existence « d’un véritable droit à l’environnement ». Car il y a urgence « la crise écologique peut mettre en péril l’existence même de l’humanité » pour le jésuite.

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    Le pape de 78 ans n’a pas oublié de s’adresser aux plus démunis. Ses quelques remarques liées à la justice sociale et au caractère asphyxiant des organismes financiers qui mettent les plus pauvres « au rebut », ont été très applaudies. De même que sa diatribe contre le trafic de drogue, « une guerre qui n’est pas assez combattue et qui tue des millions de gens » a-t-il souligné.

    Mais la grande surprise de son discours, c’est une toute petite phrase en forme de rétropédalage où le pape François évoque la « colonisation idéologique » qui impose « des modèles de vie anormaux et irresponsables » . Une allusion implicite au débat en cours aux Etats-Unis sur la théorie du genre et au mariage homosexuel, qui a été légalisé à New York en Juin dernier. Une petite phrase qui a jeté le trouble dans l’enceinte de l’Assemblée Générale qui s’attendait certainement à un discours plus « politisé » encore et moins « moraliste ».


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