• Le Pen "exécuté" et diabolisé par sa fille et le FN : un vrai procès d'extrême droite

     

     

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    Le Pen "exécuté" et diabolisé par sa fille

    et le FN : un vrai procès d'extrême droite

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    <time datetime="2015-08-21T11:46:51" itemprop="datePublished">Publié le 21-08-2015 à 11h46</time><time datetime="2015-08-21T11:46:51" itemprop="datePublished"></time><time class="data-post" datetime="2015-08-21T12:20:50" itemprop="dateModified"> - Modifié à 12h20   lien </time>

    LE PLUS. Exclu du Front national ce jeudi, Jean-Marie Le Pen s’est dit "persécuté" pour des griefs qu’il estime infondés et livré, par sa propre fille Marine Le Pen, à un "peloton d’exécution". Pour Olivier Picard, ce discours résume un processus d’élimination parfaitement caractéristique des méthodes de l’extrême droite. Explications.

    Édité par Anaïs Chabalier  Auteur parrainé par Aude Baron

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    Jean-Marie Le Pen a été exclu du Front national jeudi 20 août 2015 (J.BRINON/AP/SIPA).

     

    Ce n’est pas une décision. C’est une sentence.

     

    Depuis l’exclusion prononcée par le bureau national du Front national à l’encontre de son fondateur, Jean-Marie Le Pen s’époumone de radios en chaînes d’info pour dénoncer "un procès monté de toutes pièces" pour l’éliminer.

     

    Une "mascarade" a-t-il répété ce matin au micro d’Europe 1, "organisée" par sa fille Marine "qui s’est retirée pour avoir les mains propres et laisser l’exécution à ses collaborateurs".

     

    Un meurtre avec préméditation

     

    Tout est dit. Le vieux défenseur acharné de la peine capitale a su reconnaître et décrire le processus de sa propre mise à mort politique. Il concède seulement, et pour la première fois, avoir été "un peu naïf" en admettant être un peu surpris quand même de ne pas avoir été épargné puisqu’il "s’agit de [sa] fille". 

     

    Lui pensait, sincèrement semble-t-il, "avoir convaincu les membres du bureau exécutif de l’inanité des griefs" portés contre lui.

     

    Cet étonnement après une séance qui, selon les participants, s’était déroulée plutôt sereinement, et la gêne manifestée par nombre de militants devant le sort réservé au vieux chef, accrédite la thèse du meurtre avec préméditation.

     

    Oui, Marine et ses proches avaient décidé de s’en débarrasser.

     

    Oui, ce bureau exécutif du 20 août n’était qu’un simulacre.

     

    Oui, la condamnation du père sert à dissimuler la fausse innocence de sa fille.

     

    Gommer l’inconscient inavouable de Marine

     

    C’est le crime parfait, ou presque. Il donne l’illusion que le parti se normalise en mettant à l’index son symbole le plus outrancier, cette voix qui rappelait par intermittence le côté obscur du FN.

     

    Cette face noire que Marine a acceptée en héritage – y compris le négationnisme rampant qu’elle a minimisé –, si longtemps assumée, et grâce à laquelle elle a prospéré avant de le trouver encombrant, survivra à l’homme du "détail de l’histoire".

     

    La xénophobie et une forme de racisme plus ou moins soft sont des accessoires indispensables dans la panoplie avec laquelle le Front mobilise son électorat. Simplement, il ne faut plus qu’ils soient visibles.

     

    La liquidation d’hier ne veut pas seulement effacer Jean-Marie Le Pen du paysage du FN, elle cherche à gommer l’inconscient inavouable de sa fille.

     

    Un procès en diabolisation

     

    Il ne faut pas s’y tromper, loin d’offrir un gage de la nouvelle respectabilité démocratique du FN, l’exclusion de Jean-Marie Le Pen, et en particulier les conditions dans lesquelles elle s’est accomplie, signe des méthodes de l’extrême droite la plus pure et la plus brutale.

     

    Un procès en diabolisation digne des plus belles dictatures. Les termes employés par  Marine Le Pen sont particulièrement éloquents :

     

    "C’est une 'issue' logique pour quelqu’un qui a 'multiplié les fautes'.

     

    Les "fautes" donc ! Au poteau, le coupable ? La formulation en dit long sur les procédés de cette nouvelle génération mariniste extrêmement déterminée qui, derrière une apparence ordinaire, comporte de vrais durs, impitoyables et prêts à sacrifier tous ceux qui pourront lui barrer la route vers le pouvoir. Proches, famille : personne ne sera épargné.

     

    Marine va continuer à faire le ménage

     

    À la façon dont Mussolini avait sacrifié son gendre  le comte Ciano – fusillé parce qu’il avait comploté contre lui – en restant sourd aux suppliques de sa propre fille, Marine (toutes proportions gardées) tue son père sans états d’âme parce qu’il est devenu un obstacle, un contestataire qu’elle estime mortel.

     

    Les proches de Jean-Marie Le Pen craignent "une purge" dans les prochains mois. Ils ont raison. Ils vont y passer, un par un. Marine va continuer à faire le ménage pour faire disparaître les témoins gênants d’une filiation qu’elle avait accepté non par défaut mais par conviction profonde.

     

    Sans Jean-Marie Le Pen et l’effet répulsif qu’il produisait, le FN – dont les idées restent fidèles à son leader charismatique – sera encore plus dangereux.          


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