Jean-François Carenco, préfet du Rhône, a finalement choisi d'exécuter la décision de justice l'ayant condamné à reloger en urgence une dizaine de familles de Roms expulsées d'un campement de fortune de Villeurbanne, le 28 mars.
Ces familles, qui représentent près d'une cinquantaine de personnes, dont la moitié sont des enfants, se sont vu proposer des logements dans des hôtels de l'agglomération lyonnaise ainsi qu'en foyer.
"Après avoir ignoré pendant deux jours la décision de justice (...) le préfet du Rhône a enfin décidé de respecter l'injonction du juge", ont commenté le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) et l'association Enfant sans toit, dénonçant "des solutions qui sont totalement inadaptées et interdisant tout accompagnement social". Me Céline Amar, l'avocate des familles, avait accusé le préfet de préferer payer l'astreinte de 75 euros par jour par famille plutôt que de les reloger.
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HAUSSE DES EXPULSIONS
Malgré une circulaire adoptée à la fin d'août par le gouvernement socialiste et censée encadrer ces expulsions une solution alternative de relogement n'a été proposée aux Roms expulsés que quinze fois sur quarante, selon une étude de l'Association européenne pour la défense des droits de l'homme (AEDH).
Afin d'éviter des expulsions violentes "sans solution de relogement" – un engagement du texte –, les préfets de région sont désormais censés, avant toute évacuation, mandater des personnes qualifiées pour évaluer quelles familles de Roms sont susceptibles d'être prises en charge pour s'inscrire dans un processus d'"intégration". Mais la situation change drastiquement d'une préfecture à l'autre.
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Plus de quatre mille Roms ont dû quitter leur lieu de vie au premier trimestre 2013, dont un millier à la suite d'une agression contre leur campement ou d'un incendie, selon l'AEDH. Ce chiffre de 4 152 personnes déplacées depuis le 1er janvier correspond à un cinquième des vingt mille Roms vivant en France.
Il est en forte hausse par rapport au trimestre précédent (1 582 personnes), mais inférieur à l'été dernier, marqué par quarante sites démantelés (4 630 personnes). Il se répartit entre les personnes évacuées de force par les autorités (2 873), rapatriées (272) et forcées de quitter les lieux à la suite d'un incendie ou d'une agression (1 007).