• Le sauvetage de l'euro a déjà coûté 1100 milliards

    Le sauvetage de l'euro a déjà coûté 1100 milliards

     

    Par Jean-Pierre Robin Publié <time datetime="09-10-2012T23:30:00+02:00;" pubdate="">le 09/10/2012 à 23:30</time> lien

    Olivier Blanchard, chef économiste du FMI.
    Olivier Blanchard, chef économiste du FMI. Crédits photo : HANDOUT/REUTERS

    Ce chiffre a été calculé par le Fonds monétaire international. Il inclut les renflouements d'États et l'aide de la Banque centrale européenne.

    Européens, encore un effort si vous voulez garder votre monnaie. Tel est le message qu'adresse le FMI, dans son «Rapport sur la fiscalité financière dans le monde» présenté ce mercredi à Tokyo. Tout en saluant «les efforts considérables de nouveau accomplis par les dirigeants» européens, José Vinals, le conseiller financier du Fonds, leur demande «d'accélérer le rythme» pour rétablir la confiance et «renforcer la cohésion de la zone euro».

    Financièrement, ces efforts sont certes d'ores et déjà considérables. Les experts du FMI ont calculé que depuis décembre 2009 les fonds publics engagés pour porter secours aux «pays de la périphérie» (Grèce, Irlande, Italie, Portugal et Espagne) s'élèvent à plus de 1100 milliards d'euros. Il s'agit d'une part des capitaux prêtés par le Fonds de soutien européen (FESF) et surtout par la Banque centrale européenne. Cette dernière a non seulement acheté des titres d'État, pour un peu plus de 200 milliards d'euros, mais elle porte désormais à bout de bras les banques de ces cinq pays: les refinancements de la BCE ont plus que triplé, dépassant 600 milliards de dollars (466 milliards d'euros).

    La crise de la zone euro, commencée il y a près de trois ans avec la Grèce, s'analyse comme une vaste fuite de capitaux privés auxquels les institutions européennes, BCE en tête, ont dû se substituer, souligne le FMI. Les banques privées ont ainsi diminué de moitié leurs engagements sur les cinq pays de la périphérie les ramenant à environ 750 milliards.

    Les mouvements sont devenus gigantesques. Entre juin 2011 et juin 2012, l'Italie et l'Espagne ont enregistré des sorties atteignant 235 et 296 milliards d'euros respectivement (soit 15% et 27% de leur PIB). Ces chiffres recouvrent à la fois les désengagements des investisseurs non résidents, qui ont vendu leurs titres d'État, mais également des sorties de capitaux de la part des épargnants.

    Union bancaire

    La palme revient aux Grecs: ils ont réduit de 30% leurs dépôts dans les banques grecques. Même la France et la Belgique, curieusement regroupées dans un même bloc, ont subi des sorties de capitaux, certes limitées, de quelques dizaines de milliards d'euros à elles deux, signale le FMI.

    En revanche, les établissements du «cœur de la zone euro», autrement dit l'Autriche, la Finlande, l'Allemagne et les Pays-Bas, selon le classement du FMI, ont vu leurs dépôts s'envoler, de l'ordre de 350 milliards d'euros depuis l'été 2011. Ces mouvements de ­capitaux qui divisent la zone euro ­expriment les craintes d'une «redénomination de la monnaie» (sic), en clair un ­retour aux devises nationales. «La fuite des capitaux et la fragmen­tation du marché (interbancaire) qui en ont résulté ont fragilisé les ­fon­dements mêmes de l'Union, à savoir des marchés intégrés et une politique monétaire commune effective», avertissent les experts de Washington.

    Le FMI en décline toutes les ­conséquences, la tension sur les dettes souveraines, le désengagement des banques et en dernier ressort le manque de crédits pour les entreprises «de la périphérie» de l'Euroland. Il en appelle à la création d'une union bancaire européenne, avec «une mutualisation des ressources, un fonds de garantie des dépôts». Condition sine qua non pour la survie de la zone euro.

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